Quand le bruant jaune se met à chanter…

Le gouvernement britannique a dû publier, suite à l’une des dernières décisions du Parlement britannique, son rapport sur les conséquences immédiates d’un « no deal Brexit » public. Une catastrophe.

Ce petit oiseau, le "Yellowhammer" (bruant jaune) raconte actuellement aux Britanniques ce que c'est que le Brexit... Foto: Charles J Sharp / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Est-ce que les 51,89% des citoyens et citoyennes britanniques (du moins, de ceux qui étaient autorisés à participer à ce référendum qui excluait, par exemple, les 3 millions de sujets de sa Majesté vivant à l’étranger) savaient ce qui les attendait le jour « J », lorsque la sortie de l’Union Européenne deviendra effective ? Lorsqu’on lit le « Yellowhammer Report » (Yellowhammer = bruant jaune) que le gouvernement a du publier suite à l’un des derniers votes démocratiques en Grande Bretagne, on serait tenté de penser « non » : personne en possession de ses capacités mentales ne pourrait voter pour ça.

Maintenant, les Britanniques l’apprennent noir sur blanc et sans que l’on puisse reprocher à ce rapport de provenir de la plume d’un « Remainer » – là, c’est le gouvernement britannique qui publie son « Worst Case Scenario » (qui jusqu’à sa publication était intitulé « Basic Considerations ») et qui lui, est vraiment inquiétant. La lecture de ce rapport montre clairement que le gouvernement britannique n’a pas la moindre idée d’une gestion raisonnable de cette situation, à partir du 31 octobre, qu’il a lui-même générée.

Il est surprenant de lire que ce seront les classes modestes qui devront supporter le poids de cette sortie de l’Union Européenne, par exemple par des « hausses significatives du prix de l’énergie », par une pénurie et une hausse des prix pour des aliments de base, par des difficultés substantielles en ce qui concerne la vie sur un mode transfrontalier. Entre les lignes, le rapport reproche même à la France de s’être préparé pour ce jour « J » (la France a engagé 700 douaniers supplémentaires pour faire face aux contrôles entre la Grande Bretagne et la France, rendus nécessaires par le Brexit) et on comprend que contrairement à la France, le Royaume Uni est tout sauf préparé. Fini les petites excursions le week-end pour faire ses courses à Lille ou à Paris, désormais, l’Eurostar risque de se vider de plus en plus, car à la gare St Pankras à Londres, d’où partent les trains pour Lille, il faudra s’attendre à des contrôles interminables.

Le gouvernement tente maintenant de minimiser son propre rapport, qui n’était pas destiné à être publié. Ainsi, le secrétaire d’état Michael Gove, responsable pour la planification du « no deal Brexit », s’est dépêché de déclarer qu’il ne s’agissait que d’un scénario du pire des cas (Worst case) et en aucun cas d’un pronostic de ce qui se passera réellement ; et que de toute manière, ce rapport allait encore être actualisé. Un gouvernement qui contredit ses propres rapports – décidément, dans le cadre du Brexit, on aura tout vu en Grande Bretagne. Toutefois, il est intéressant de savoir qu’avant sa publication, ce rapport a été rebaptisé : de « Considérations basiques » en « Scénario du pire des cas » – donc, même en publiant ce rapport, le gouvernement ne cesse de mentir.

Les pénuries concerneront donc aliments, médicaments, marchandises de toutes sortes ; et il faut littéralement prévoir une isolation économique en plus de l’isolation politique de la Grande Bretagne. Concernant la situation en Irlande du Nord, le gouvernement n’a aucune idée comment résoudre ce casse-tête : donc, on ne le résout pas. La « stratégie » du gouvernement est simple : « On verra bien comment ça se passe ».

La situation est assez paradoxale : ceux qui ont majoritairement voté en faveur du Brexit sont issus majoritairement de la frange de la population qui souffrira le plus du Brexit. Une hausse substantielle du coût de la vie n’affectera pas personnellement Boris Johnson et sa bande, mais ceux qui se battent déjà aujourd’hui pour leur survie matérielle. En connaissant ce rapport, est-ce qu’ils voteraient encore une fois pour cette aberration historique ?

Pour comprendre l’étendue de la catastrophe qui attend les Britanniques, il convient de lire ce rapport que vous pourrez télécharger ICI. Dommage que le point 15 ait été noirci – en vue des autres points énumérés dans ce rapport, on aurait bien aimé apprendre ce qu’il fallait noircir pour que le public ne l’apprenne pas.

Pour la première fois, les Britanniques sont vraiment informés sur ce que « Brexit » veut dire. Après trois ans de mensonges et de manipulations, la seule voie envisageable serait de faire voter les Britanniques une deuxième fois en leur posant la question : « Est-ce vraiment ça que vous souhaitez » ? Si après, ils disent « oui », qu’ils prennent leurs cliques et leur claques et qu’ils partent.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste