Quand l’Europe se trouve au centre du débat

Hier, les chefs des 7 grands partis qui siègent au Bundestag ont débattu de l'Europe. En parlant réellement de l'Europe. Agréable...

Tiens, on peut discuter de la politique européenne sans gueuler et sans se couper la parole... Foto: ScS EJ

(KL) – A moins d’une semaine de l’élection européenne, les chefs des 7 partis siégeant au Bundestag, se sont livrés à un débat télévisé qui changeait des plateaux qu’on a l’habitude de voir ces temps-ci en France. Bernd Riexinger (Die Linke), Annalena Baerbock (Verts), Christian Lindner (FDP), Markus Söder (CSU), Annegret Kramp-Karrenbauer (CDU), Andrea Nahles (SPD) et Jörg Meuthen (AfD) discutaient calmement et respectueusement des grands dossiers européens.

Voilà comment on imagine un débat en amont d’une élection européenne. Les chefs des grands partis expliquaient leurs différentes positions par rapport à l’Union Européenne et proposaient ainsi, un véritable choix aux électeurs et électrices. Montée du populisme et du nationalisme, le changement climatique, la crise en Autriche, la question des minima sociaux en Europe, la justice sociale, le chômage des jeunes, la migration, la solidarité, les valeurs européennes – tous les sujets étaient sur l’ordre du jour. Et qu’est-ce que c’est agréable d’entendre des responsables politiques discuter sans hurler, sans se couper la parole, sans insultes, exposer clairement et calmement leurs positions pourtant bien différentes.

Pour les téléspectateurs, ce débat apportait certaines lumières. Concernant des mesures concrètes pour lutter contre les effets du changement climatique, les partis proposent des approches très différentes. Les partis libéraux (CDU, FDP, CSU) misent sur le commerce avec des certificats de pollution pour faire payer les grands pollueurs. Les partis de gauche, eux, souhaitent des changements plus radicaux, développer une « économie verte » qui vise la réduction de la pollution et non pas seulement sa taxation.

La montée du populisme a été définie comme un défi pour l’intégralité des partis démocratiques, sauf, bien entendu, l’AfD, dont le chef Jörg Meuthen se déclarait encore une fois solidaire avec ses amis du FPÖ autrichien dont tous les ministres avaient démissionné plus tôt dans la soirée, suite au scandale autour du vice-chancelier Heinz-Christian Strache. Mais force est de constater que si le rejet de l’extrémisme constitue un point commun à tous les partis démocratiques, ils n’ont pas non plus de recette pour combattre ces phénomènes efficacement. L’espoir ? L’Europe et la solidarité européenne.

Sur les questions sociales, les différences entre les partis sont de taille. Tandis que les partis défendant une économie libérale estiment que chaque état-membre est responsable pour ses conditions sociales, les partis de gauche prônent une Europe solidaire où effectivement, les pays plus riches soutiendraient davantage les pays qui connaissent davantage de difficultés. Là, les électeurs et électrices allemands ont le choix entre différentes conceptions de l’Europe de demain.

Le grand absent de ce débat était – la politique nationale allemande. Quel différence par rapport à un débat « européen » qui se limite en France à un simple choix « pro-Macron » ou « anti-Macron » ! Bien sûr, on peut reprocher aux chaînes nationales d’avoir invité « que » les chefs de 7 partis et non pas de toutes les 41 listes candidates. Mais il y aura cette semaine d’autres débats avec des représentants des « petites » listes qui seront également entendues.

Mais c’est là qu’on se rend compte qu’on se contente de peu. Déjà, on apprécie quand ça ne gueule pas trop lors de ces débats télévisés, déjà on est content lorsque les élus parlent d’Europe lors d’un débat portant sur l’élection européenne. Mais en regardant de plus près, on constate que les partis n’ont quand même pas de véritable vision européenne. Les grandes crises climatiques, sociales et de sécurité, tous les partis (sauf l’AfD) en conviennent, ne peuvent être maîtrisées que solidairement par des efforts au niveau européen. Reste à savoir comment cela se présentera concrètement sur le terrain.

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