Quand l’extrême-droite devient trop extrémiste même pour ses propres élus…

Une élue de l’AfD vient de quitter son parti – les propositions des extrémistes concernant la gestion des réfugiés lui rappellent « le ghetto de Varsovie »…

"Les propositions de l'AfD concernant les réfugiés font penser au Ghetto de Varsovie", et c'est une élue de l'AfD qui l'a dit. Avant de démissionner. Foto: Jürgen Stroop / United States Holocaust Museum / Wikimedia Commons / PD

(KL) – La députée régionale de l’AfD au parlement régional du Bade-Wurtemberg Claudia Martin vient de jeter l’éponge. Elle a quitté son parti après un débat sur un papier résumant des propositions concernant la gestion des réfugiés dans le land, propositions qu’elle qualifie de « méthodes nazies ». On a l’habitude que les adversaires politiques de l’AfD reprochent à l’extrême-droite des idées proches de celles des nazis, mais si maintenant même les adhérents de l’AfD commencent à trouver ces positions insupportables…

« Je ne peux plus souscrire à l’orientation du parti », a justifié Claudia Martin sa démission du parti et du groupe parlementaire à la diète de Stuttgart, « nous sommes en train de devenir ce que l’on nous reproche, un parti de l’extrême-droite populaire ». Les propositions de l’AfD concernant les réfugiés, violent la constitution allemande – entre autres, les stratèges de l’AfD voudraient interner les réfugiés en les privant de certains droits fondamentaux, tels les droits garantis dans la constitution dans l’article 2 (développement libre de l’individu), l’article 3 (égalité) et article 11 (liberté de circulation). Dans les camps d’internement (!), l’AfD souhaite former des « groupes ethniquement hémogéniques », qui y seraient préparés au retour dans leurs pays d’origine, une « intégration hâtive » n’étant pas souhaitée par les extrémistes.

Pour Claudia Martin, ces propositions ne sont pas seulement contraires à la constitution allemande (Grundgesetz), mais sont « plus grave que même les propositions du NPD », groupuscule proche des mouvements néo-nazis. L’éducatrice qui ne s’engage en politique que depuis 2013, défend une toute autre vision des choses sur son site internet où elle propose de fournir d’importants efforts dans l’intégration des réfugiés ayant obtenu un statut légal en Allemagne. « Un hébergement et un soutien dignes des demandeurs d’asile doivent être évident », écrit Claudia Martin, « tandis que des prestations d’intégration ciblées devraient être réservées à ceux qui ont une réelle perspective d’un séjour prolongé en Allemagne ». Une position qui se trouve donc diamétralement opposée aux positions de l’AfD.

La démission de Claudia Martin force le respect. Si on pourrait se demander comment une personne aux idées claires a pu atterrir dans une formation comme l’AfD, elle a le mérite de tirer la sonnette d’alarme et d’informer le public sur les objectifs de cette extrême-droite qui aimerait reconduire l’Allemagne vers un passé sombre, violent et autoritaire. A l’aube de l’année électorale 2017, il est important que les électeurs et électrices soient au courant des véritables objectifs de cette extrême-droite qui dans les sondages, s’est déjà établie comme troisième force politique en Allemagne, derrière la CDU/CSU et le SPD, mais en ayant déjà dépassé les Verts, Die Linke et le FDP.

Merci, Madame Martin, d’avoir eu le courage de dénoncer la voie de l’extrême-droite allemande qui rêve déjà de la mise en œuvre de camps d’internement en Allemagne. Wehret den Anfängen!

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