Que restera-t-il de la visite de Macron en Allemagne ?

Beaucoup de gestes symboliques, peu de résultats concrets, mais Emmanuel Macron et Olaf Scholz essayent de relancer le « moteur de l'Europe ». Qui a du mal à démarrer.

Au moins, ils se parlent. Mais cette visite ne restera pas gravée dans les mémoires. Foto: © Bundeskanzler.de

(KL) – Emmanuel Macron a passé trois jours en Allemagne qui se sont plutôt bien passés. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, dans la plupart des sujets vraiment importants, la France et l’Allemagne défendent des positions peu compatibles. « Pas grave », dit Olaf Scholz, « nous arrivons toujours à nous mettre d’accord ». Une belle phrase qui malheureusement, est souvent invalidée dans la pratique. Toutefois, chercher à rapprocher l’Allemagne et la France, ne peut pas être une mauvaise chose, même si cette visite, sur fond des élections européennes, ne laissera pas de traces dans l’Histoire.

Force est de constater que les deux, autant Emmanuel Macron qu’Olaf Scholz, qui aiment bien se présenter comme « grands Européens », ont perdu la confiance de leur populations respectives. Dans les sondages, à moins de deux semaine du scrutin européen, leurs listes se situent aux alentours des 16%, ce qui veut dire que plus de 80% des électeurs ne leur font plus confiance. Il était donc nécessaire de montrer au grand jour une volonté commune de relancer les relations franco-allemandes et européennes. Seul bémol, outre les gestes sympathiques, il n’y avait pas grande chose qui aurait pu marquer cette relance qui, à quelques jours d’un scrutin qui risque de limiter fortement leur influence sur la politique européenne, ne servira ni l’un, ni l’autre.

A une année des élections législatives en Allemagne qui mettra une fin au gouvernement d’Olaf Scholz, cette visite vient trop tard. Emmanuel Macron et Olaf Scholz n’auront plus beaucoup de temps pour mettre en œuvre de nouveaux projets franco-allemands et – quels projets aussi ?

D’accord, la France et l’Allemagne veulent développer ensemble un nouveau char. D’accord, les deux sont d’accord de verser les intérêts des avoirs russes gelés en Europe à l’Ukraine. Après, ça devient flou. Emmanuel Macron veut autoriser l’Ukraine (comme la Grande Bretagne) à attaquer des cibles sur le territoire russe. L’Allemagne (comme les Etats-Unis) s’y oppose. L’Europe de l’énergie ? On en parle pas. L’Europe de la santé ? On en parle pas. L’Europe des banques et d’un marché financier ? Les deux sont d’accord, sans toutefois expliquer comment ils comptent s’y prendre. L’élargissement de l’Union Européenne sur les Balkans ? Les deux sont d’accord, sans toutefois mentionner que les candidats ne remplissent actuellement pas les exigences de l’UE. Sortie du principe de l’unanimité dans les institutions européennes ? Les deux sont d’accord, tout en sachant que cela ne sera fera pas, car l’abolition de l’unanimité nécessite – l’unanimité et les états de Visegrad voteront contre pour garder l’instrument qui leur permet de faire ce qu’ils veulent au sein de l’Union. Donc, beaucoup de paroles pour finalement pas grande chose.

Restent donc les gestes symboliques. - La visite d’Emmanuel et de Brigitte Macron au Monument de l’Holocauste à Berlin. Bien. Des réunions publiques avec le Président allemand Frank-Walter Steinmeier. On se fait des compliments, tout le monde est beau, tout le monde est sympa. Le discours à la jeunesse d’Emmanuel Macron à Dresde, une terne copie du grand discours à la jeunesse allemande du Général De Gaulle en 1962 à Ludwigsburg. N’est pas De Gaulle qui veut… Le Prix de la Paix de Westphalie pour Emmanuel Macron à Münster. Beaucoup de slogans. Mais pourquoi un prix de la paix pour un chef d’état qui peut envisager d’envoyer des troupes à la guerre ? Quand est-ce que Emmanuel Macron aurait gagné des mérites pour la paix ? Pas grave – et Emmanuel Macron fait don des 100.000 € qui accompagnent ce prix à l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ) – probablement le résultat le plus concret de cette visite, car l’OFAJ mène réellement des projets qui visent l’amitié franco-allemande.

Les médias qui avaient accompagné cette visite étaient sympas aussi. Ainsi, personne n’a posé la question aux deux « grands Européens » pourquoi ils avaient nommé comme tête de liste dans leur pays respectifs, des candidates ternes et presque invisibles dans la campagne. Pour faire avancer l’Europe, on aurait pu imaginer qu’ils envoient des cadors de leurs partis pour au moins éviter un désastre électoral. Ils ne l’ont pas fait.

Alors, que reste-t-il de cette visite macronienne en Allemagne ? De belles images, la volonté de se parler, et quasiment rien de concret. Dommage que cette visite n’ait pas eu lieu trois ans plus tôt. Ils auraient eu l’occasion de mettre en œuvre l’un ou l’autre projet. Ainsi, tout reste flou, mais finalement, mieux vaut se parler que de faire durer le silence franco-allemand. Ce que les Français et les Allemands pensent de leur travail européen, ils l’apprendront le 9 Juin…

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