Que se passe-t-il dans les prisons du Bade-Wurtemberg ?

Le Bade-Wurtemberg est actuellement secoué par une série d’incidents dans les prisons - ce qui pose de nombreuses questions quant aux conditions de détention.

Les prisons du Bade-Wurtemberg sont actuellement des lieux dangereux. Foto: Rainer Sturm / www.pixelio.de

(KL) – Le scandale est de taille. Un détenu d’origine burkinabaise est décédé à la prison de Bruchsal près de Karlsruhe – et il est mort de faim. Plusieurs jeunes détenus se sont suicidés dans les prisons du Land ces derniers jours. Dans une autre prison, au moins six agents ont été blessés lors d’une bagarre généralisée entre des détenus d’origine russe et kurde. Pourtant, depuis 2009, le nombre de détenus en Bade-Wurtemberg a reculé de 7639 à 7128.

Le cas du Burkinabais est particulièrement sordide. Réputé comme particulièrement agressif et virulent, le détenu était confiné à l’isolement, mais dans le cadre de cet isolement, même le personnel pénitencier a refusé de pénétrer dans la cellule de l’homme, de peur de se faire agresser.

Dans cette situation, le détenu était totalement abandonné. Il refusait la nourriture que le personnel lui glissait par une petite ouverture dans la porte de sa cellule, sans toutefois acter que l’isolement dépassait les deux semaines. Or, en cas d’isolement dépassant les deux semaines, les autorités du Land doivent en être averties, ce qui visiblement, n’a pas été le cas. Finalement, l’homme meurt de faim, sous les yeux de toute une structure pénitentiaire.

Autre problème dans le Land – les tensions entre différents groupes de détenus, comme en témoigne cette bagarre généralisée – lorsque les groupes russes et kurdes s’affrontent, le personnel dans les prisons est carrément dépassé. Pour le ministre compétent du Land, Rainer Stickelberger, la situation est due à un manque de personnel dans les prisons. Mais cette analyse ne suffit pas.

Dans les prisons du Bade-Wurtemberg et ailleurs, il manque des interlocuteurs parlant déjà la langue des détenus qui sont alors laissés en groupes définis par une identité ethnique. Les Russes restent avec les Russes, les Kurdes restent avec les Kurdes, les Allemands restent avec les Allemands, créant une sorte de microcosme agressif et explosif.

Dans une situation où le nombre de détenus recule, il devrait être possible de s’occuper des cas individuels de manière plus attentive. L’idée qu’un détenu puisse mourir de faim aux yeux de tout un appareil administratif est honteux. Que cet homme ait été agressif, soit. Il semblerait qu’il ait souffert de troubles psychologiques, ce qui aurait nécessité un suivi médical et non pas l’abandon le plus total. Logiquement, l’homme n’a pas bénéficié du moindre suivi médical pendant une période prolongée – autrement, le médecin aurait pu (et du) prendre les mesures nécessaires pour sauver sa vie.

L’Allemagne n’est pas un pays comme les Etats-Unis. L’objectif du système pénitencier n’est pas la vengeance sous le leitmotiv «Œil pour œil, dent pour dent», mais la résocialisation de personnes ayant commis des crimes et délits. Ce qui implique un suivi socio-médical digne de ce nom. Laisser mourir un détenu dans sa cellule, cela constitue un scandale. Le directeur de l’établissement a été suspendu, mais cela ne ramènera pas ce détenu à la vie. Espérons que le Bade-Wurtemberg tire les conséquences de ce scandale.

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