Que signifie l’élection de Lee Jae-myung pour l’Europe ?

Ce mardi 3 juin, l’élection présidentielle en Corée du Sud s’est déroulée sous l'impression de la crise politique causée par la loi martiale, décrétée par l’ex-président déchu Yoon Suk-yeol.

Lee Jae-myung a remporté l'élection présidentielle avec 49,42 % des voix. Foto: 경기도 뉴스포털 / Wikimedia Commons / Korea OGL Type 1

(Félicia Dassonville) – C’était l’élection de la dernière chance. Mardi 3 juin, les Sud-coréens ont été appelés aux urnes pour élire leur prochain président. Pour cette occasion, deux candidats se sont révélés durant la campagne présidentielle : Kim Moon-soo, le conservateur du Parti du pouvoir du peuple (PPP, droite), l’ancienne formation de l’ex-président Yoon Suk-yeol, et Lee Jae-myung, chef de l’opposition de centre-gauche et qui avait perdu de justesse face à Yoon Suk-yeol en 2022. C’est finalement Lee Jae-myung qui a largement remporté cette élection avec plus 49,42% des voix, contre 41,15% pour son adversaire, l’ex-ministre du Travail, selon les résultats publiés par la Commission électorale. Le président, qui a pris ses fonctions mercredi matin, a promis de faire « tous son possible pour remplir la grande responsabilité et la mission qui lui ont été confiées, afin de ne pas décevoir les attentes de son peuple ».

Une participation record - Une élection présidentielle express qui a eu une saveur particulière pour les Sud-coréens, puisque le pays est frappé par un chaos politique depuis six mois, entraînant une série de manifestations. Le 3 décembre 2024, le président conservateur Yoon Suk-yeol a tenté un coup de force en instaurant la loi martiale, impliquant la suspension de la vie politique, la fermeture du Parlement ainsi que le contrôle des médias, une première depuis la fin de la dictature militaire en 1987. Le président a justifié la loi martiale comme une nécessité « pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État ». Cette instauration s’inscrit dans un contexte particulier, puisque le président Yoon Suk-yeol peinait à faire voter son budget 2025 dans une Assemblée nationale dominée par l’opposition. Le président avait alors accusé cette dernière de « paralyser le gouvernement ».

Pour oublier cet épisode tragique, les Sud-coréens ont répondu massivement à l’appel aux urnes avec un taux 80%, soit l’un des plus élevés depuis 28 ans pour une élection présidentielle. Selon Kang Joo-hyun, professeur de sciences politiques à l’université féminine Sookmyung, cette élection est « largement perçue comme un référendum sur l’administration précédente, avec Lee Jae-myung bénéficiant du soutien le plus fort parmi les électeurs centristes », a-t-elle expliqué à l’AFP. « Ce qui est particulièrement frappant, c’est la crise liée à la loi martiale et la destination a non seulement influencé les modérés, mais a aussi fracturé la base conservatrice ».

Un enjeu pour l’Europe ? - De nombreux dirigeants de l’Union européenne ont félicité l’arrivée du président Lee Jae-myung à la tête du pays, notamment Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. « Je me réjouis de pouvoir approfondir les liens étroits qui unissent l’Europe et la République de Corée. Notre partenariat repose sur des valeurs partagées et des intérêts communs, qu’il s’agisse du commerce, de l’innovation ou de la défense », a-t-elle écrit sur X (anciennement Twitter). Cette élection peut alors changer les relations entre l’Union européenne et la Corée du Sud.

« Ce président, qui est dans un parti à l’opposé de l’ancien président, peut être plus proche de l’Europe, mais ça reste à tempérer parce que c’est aussi un parti qui est un peu plus ambigu sur la question de ses relations avec la Chine. Mais cela reste une bonne nouvelle pour l’Europe », affirme Ambroise Godard, créateur du compte Tiktok Focusgeopolitique. Il rajoute : « La Corée du Sud reste un partenaire privilégié pour les États-Unis, ce qui leur permet d’avoir un ancrage en Asie et de rester pas trop loin de la Chine, aussi pour l’Europe, en particulier pour la France, où il y a plusieurs accords au niveau des technologies ou encore dans la défense ».

Le nouveau dirigeant devra également faire face à plusieurs défis, notamment celui de son voisin nord-coréen, qui progresse avec son programme nucléaire.

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