Quelle sera la couleur du printemps ?

A quatre jours du second tour des élections présidentielles françaises, le scénario de 2017 ne se rejoue pas dans les mêmes termes.

Quels fruits nous réservent ces bourgeons floraux printaniers ? Foto: Jean-Marc Claus

(Jean-Marc Claus) – « Que risque-t-on à ne pas voter Macron, ou même à ne pas voter du tout ? », telle est la question que devraient se poser celles et ceux qui, au premier tour, ne lui ont pas plus accordé leurs suffrages qu’à sa challenger du second tour. C’est là qu’intervient, comme on l’entend depuis maintenant vingt ans, la tourlitaine du barrage à l’extrême-droite, et que certains à l’esprit facétieux, clament qu’ils ne sont pas des castors. 

Quand le choix se porte entre un candidat au prénom faussement messianique, qui durant son quinquennat a fait montre d’un infini déficit d’empathie pour ses concitoyens modestes, et l’amie des dirigeants dits illibéraux, c’est-à-dire fascisants, qui a admirablement ripoliné son parti créé par une brochette de nazi-nostalgiques des années 1970, il n’y a vraiment pas de quoi rire et encore moins de s’abstenir.

En 1985, Louis Chedid chantait déjà « Anne ma sœur Anne », et trente-sept années plus tard, nous en sommes à des réflexions du genre : « Mais pourquoi ne pas essayer l’extrême-droite, car nous ne l’avons jamais eu au pouvoir et tous les autres ont démontré leur incompétence ? ». Si le boulanger ne fait plus du bon pain, se précipite-t-on chez le droguiste pour acheter de la mort-aux-rats ? Bien sûr que non, mais si, car c’est ce qu’il adviendra en cas de succès de la candidate nationaliste.

En 2017, le doute était permis. - A savoir qu’Emmanuel Macron élu au second tour, tiendrait peut-être compte du fait que son accès à la Présidence de la République, n’est pour une partie significative des électeurs, pas le résultat d’un vote d’adhésion. Que nenni, car durant son quinquennat, il s’est essentiellement appliqué à faire de l’ombre à Louis XIV et Napoléon Bonaparte ! D’où la réflexion non dénuée de sens : « Nous avons à nouveau le choix entre la peste et le choléra… ».

A ceci près que la peste est bien plus contagieuse et mortelle que le choléra. La peste brune, quand elle arrive au pouvoir, notamment par les urnes, transforme la démocratie en démon-cratie et s’accroche au pouvoir par tous les moyens licites et illicites. Le Gouvernement de Vichy et l’Occupation, c’était l’extrême-droite, donc personne ne peut dire que nous ne l’avons jamais « essayé » en France. Idem pour des officines telles que l’OAS et le SAC, qui n’étaient pas au pouvoir, mais l’ambitionnaient ou le servaient.

Et que dire de La Cagoule,  qui, dans les années 1930, était contre le monde du travail, le bras armé du patronat ? Car il ne faut surtout pas croire, que l’extrême-droite est du côté des travailleurs. Aux Amériques, comme en Europe, dans le passé comme au présent, elle s’est toujours opposée et s’opposera toujours au progrès social et à l’émancipation humaine, car elle est tout simplement antisociale et inhumaine. A moins qu’une inversion totale des valeurs aboutisse à ce que l’on tienne maintenant pour de grands humanistes des individus tels que Donald Trump, Jair Bolsonaro, Viktor Orbán et Vladimir Poutine.

Contrairement à 2017, l’ombre de deux de ces « merveilleux démocrates », plane sur le scrutin de ce dimanche en France, car nous sommes à la veille d’une possible IIIe Guerre Mondiale. Un élément à ne pas perdre de vue, car les résultats de cette votation ne seront pas à ce propos sans conséquences. Autant est-il vrai que les prétendus succès diplomatiques d’Emmanuel Macron, dans la terrible guerre livrée par la Russie à l’Ukraine, ne sont que de l’esbroufe et de la comm mackinseyienne, autant est-il certain que la création d’un axe Moscou – Budapest – Paris sera fatal pour la paix.

D’où la nécessité de réfléchir à ce que nous avons à perdre collectivement, avant de s’intéresser à ce que nous pouvons gagner individuellement. Des générations qui ont connu la guerre sur notre territoire, beaucoup sont encore là pour témoigner de l’infinie supériorité de la paix. Celles qui ne l’ont pas connu, peuvent, avec les images nous parvenant d’Ukraine, s’imaginer ce que donnerait une troisième conflagration mondiale, avec de surcroît, la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire.

Le 24 avril 2022, contrairement à ce que certains prétendent, personne n’ira voter avec un revolver braqué sur la tempe. A cette heure, chacun(e) reste libre de ses choix, mais qu’en sera-t-il demain ? Aujourd’hui plus que jamais, chaque décision individuelle a une forte incidence sur notre avenir collectif. Ainsi, que chacun vote en son âme et conscience…

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