Quid de la Section Internationale Allemande ?

La défense de la Section Internationale Allemande à Strasbourg, est-elle toujours d’actualité ?

Mme Stefanie Sharma, chargée de la communication avec Eurojournalist(e). Foto: privée

(Jean-Marc Claus) – La mobilisation citoyenne en faveur du maintien de la Section Internationale Allemand à Strasbourg, lancée par Me Alice Canet fin janvier, a connu plusieurs péripéties, et la formation d’un comité de soutien auquel se sont associés plusieurs parents, a permis de considérablement avancer dans les échanges avec les autorités. Entretien avec Stefanie Sharma, chargée de communication avec notre journal.

Etes-vous toujours sur les mêmes positions qu’au mois de janvier ?

StSh : Les différentes recherches et échanges que plusieurs d’entre nous ont menés, nous ont permis d’ajuster notre position par rapport au maintien des sections internationales allemandes. Il s’avère qu’en maternelle et en élémentaire, elles dépendent largement de la bonne volonté du Rectorat et des pays des langues concernées. Les sections internationales sont un système qui fonctionne bien et qui plaît autant aux parents qu’aux enseignants. Tant que le pays de la langue supporte le dispositif, tout va pour le mieux. Cela se gâte dès lors qu’un pays se désengage du dispositif. C’est donc un dispositif extrêmement fragile, et c’est ce que notre action nous a permis de comprendre.

Et pour la section allemande, l’Allemagne s’est donc désengagée à Strasbourg ?

StSh : Cela fut le cas au plus tard à la création du Lycée Franco-Allemand, mais à vrai dire, le processus avait déjà été entamé bien avant pour le primaire. La création du Lycée Franco-Allemand absorbe beaucoup de moyens. La volonté de l’Allemagne est visiblement d’ouvrir le dispositif au plus grand nombre, et surtout de permettre une ouverture plus large aux Français, à l’instar des sections internationales. Cela rejoint évidemment la volonté du Rectorat à Strasbourg, et nous n’y sommes pas du tout opposés. Sauf que le primaire a été un peu oublié, dans la mesure où il n’y a pas de cadre juridique bilatéral pour ce niveau. Pour la mise en place d’un nouveau dispositif ou pour le maintien de la section internationale, cela dépend donc entièrement des autorités françaises.

Vous avez alors poussé la réflexion pour envisager un éventuel remplacement de la Section Internationale Allemande ?

StSh : Nous avons en effet réfléchi à l’éventuel remplacement des sections internationales par un dispositif plus ouvert et accessible à plus d’élèves, favorisant l’immersion réciproque. C’est sur ce nouveau dispositif, souhaité par le Rectorat, que nous avons effectué des recherches, afin de voir s’il y a des chances pour nos enfants de s’y retrouver et d’en profiter pleinement. Nous avons également examiné les différents dispositifs en place et avons pris contact avec les établissements existant, principalement dans les villes qui accueillent des Lycées Franco-Allemands : Hamburg, Freiburg et Saarbrücken en Allemagne, et Buc en France (près de Versailles). Le résultat n’est pas surprenant : dans chaque ville existe un dispositif en primaire qui prépare aux Lycées Franco-Allemands, des « Ecoles Franco-Allemandes ».

Cela vous conviendrait-il ?

StSh : Ce type de dispositif serait idéal pour une ville comme Strasbourg, de par sa situation géographique et de sa démographie. Une École Franco-Allemande pourrait accueillir élèves français, allemands et bilingues et ainsi constituer un « vivier » parfait pour le Lycée Franco-Allemand. Certains parents regrettent cependant la section internationale, qui permet une mixité plus importante avec des enfants locuteurs natifs d’autres langues que l’allemand. Les sections internationales restent le meilleur moyen de vivre l’Europe et l’interculturalité au quotidien.

Quelle est la position du Rectorat, et que devient finalement la section internationale allemande ?

StSh : Lors d’une réunion qui s’est tenue le 2 mai, le rectorat a annoncé pour la rentrée de septembre 2022, d’une part le maintien de la section internationale allemande, et d’autre part la mise en place des classes à immersion réciproque, un système très proche du bilingue paritaire. Les deux systèmes coexisteront donc.

Comment les parents accueillent-ils cette décision ? C’est une victoire pour vous, en quelque sorte ?

StSh : Une grande partie des parents est très contente de voir que le rectorat a entendu notre demande. Cela permet à nos enfants une continuité de parcours pour le moment. Cependant, nous restons très vigilants, car la section internationale dépend largement de la possibilité de recruter des enseignants germanophones natifs. Or, aucun cadre juridique ou financier n’existe, et l’Allemagne n’apporte pas son soutien à ce dispositif. Nous craignons que la section meure à petit feu. Par ailleurs, la mise en place de classes à immersion réciproque va concentrer les efforts du Rectorat en ce sens. La section internationale sera-t-elle délaissée et les élèves de cette section désavantagées pour l’entrée en Lycée Franco-Allemand ?

Et l’École Franco-Allemande ?

StSh : Le Rectorat, la Mairie de Strasbourg, le Communauté Européenne d’Alsace, l’Allemagne, personne n’est défavorable à sa mise en place. Nous espérons donc vraiment qu’à moyen terme, elle verra le jour à Strasbourg !

Merci Stefanie Sharma pour cette interview !

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