«Qu’ils mangent de la brioche !»

Hier matin, "Nuit debout" a distribué gratuitement du café bio devant le Starbucks à Strasbourg - un action très appréciée par les passants. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Eh oui, il faut avouer, sur la Place de la République, c’était un peu chaotique. Déchets, senteur de cannabis, bouteilles de vin se mêlaient aux groupes de discussions qui eux, essayent de mener la réflexion vers de l’action, toujours dans une perspective citoyenne, carrément républicaine. Cet état des choses a suscité de vives critiques de la part de ceux qui ont l’habitude de parler de la «révolution sociale» devant un verre de champagne et un rail de coke dans des hôtels et restaurants huppés – à croire que les choses n’aient pas beaucoup évoluées depuis l’époque de Marie-Antoinette, car derrière les critiques, se cachait un petit «ils ne peuvent pas faire comme tout le monde et consommer leur coke dans des salons feutrés ?» Ces critiques passent à des années lumières de ce que représente ce mouvement «Nuit debout» qui met tout en œuvre pour se structurer, pour éloigner les profiteurs qui s’accrochent au train en marche et «Nuit debout» vaut franchement mieux que ces critiques peu constructives émanant de la part de gens qui depuis longtemps, se limitent à dire «qu’il faut que ça change» – maintenant que les choses changent, ils ne trouvent rien d’autre à dire qu’il fallait pas boire de l’alcool sur la place publique…

Chaque nouveau mouvement rencontre les mêmes problèmes dès qu’il prend de l’envergure et «Nuit debout» n’en fait pas une exception. La dynamique de ce mouvement attire toute sorte de personnages pour le moins étranges qui eux, risquent de discréditer l’ensemble de ce mouvement. Mais «Nuit debout» a compris cela et s’organise maintenant, du moins à Strasbourg, pour éloigner ceux qui ne participent pas aux travaux citoyens, qui abusent de ce mouvement pour faire la fête, qui pensent, à tort, que l’objectif de «Nuit debout» serait de créer des zones de non-droit. Ainsi, «Nuit debout» s’est mis à ranger et à nettoyer la Place de la République et a lancé les premières actions concrètes, comme hier matin, lorsque des militants de ce mouvements ont distribué gratuitement du café (bio, s.v.p. !) devant le «Starbucks» qui vient d’ouvrir à la Place Kléber à Strasbourg. Et là, on reconnaît ce que représente «Nuit debout» – ils ont discuté avec le gérant du «Starbucks» pour éviter toute confrontation, en gardant une distance respectueuse par rapport à l’entrée du café de cette chaîne, tout en indiquant que cette action constituait une protestation contre le «système Starbucks». Dans la bonne humeur, en menant des discussions avec les passants qui dégustaient donc un café gratuit bio.

La réaction de «Nuit debout» aux déboires des dernières soirées est tout à fait remarquable. Ce mouvement réagit et se défend contre toute forme de récupération et continue à mener ses réflexions et actions. Et il est dommage que des gens «bien-pensants» qui parlent souvent de changements nécessaires au niveau de la société, ne trouvent rien d’autre à faire que de discréditer tout un mouvement. La différence entre un congrès de parti où les délégués se saoulent le soir au champagne jusqu’à 3 heures du matin et une soirée «Nuit debout», elle est où ? Mais contrairement aux partis qui ne se remettent jamais en question, «Nuit debout» a réagi et tente d’éloigner ceux qui «abusent» de ce mouvement uniquement pour faire la fête et qui nuisent aux débats citoyens. Dommage que l’on ne puisse pas dire autant sur les partis politiques…

«Nuit debout» poursuit donc son chemin et tout le monde est conscient que rien n’est acquis pour ce mouvement. Dans quelques semaines on saura quelle direction «Nuit debout» aura pris, si ce mouvement est viable ou non. D’ici là, au lieu de se poser la question pourquoi le peuple ne mange pas de la brioche comme tout le monde, il serait peut-être plus constructif de mener ce débat citoyen avec «Nuit debout» au lieu de se limiter à leur casser du sucre sur le dos parce qu’il y a une poignée d’allumés qui se comportent de manière nocive pour ce mouvement.

L’Europe est si belle !