Réactions : les faucons veulent fermer l’Europe

Il fallait s’y attendre – au lieu de mener un débat de société, la politique internationale ne pense qu’à renforcer les moyens de contrôle et de répression aux frontières européennes.

Depuis 40 ans, nous enfermons les immigrés dans des ghettos comme à St. Denis - en nous étonnant que les gens s'y comportent comme dans des ghettos... Foto: Olivier2000 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 1.0

(KL) – Difficile de gérer la situation «après-Charlie» au niveau politique. A l’instar de ce qui s’est passé après les attentats new yorkais en 2001, la politique internationale refuse la réflexion quant aux vraies raisons du terrorisme, quant au clivage nord-sud et se réfugie dans des discours et propositions alarmantes. Pourtant, la répression ne peut pas constituer la base d’un meilleur vivre-ensemble.

Les états européens, mais aussi les Etats-Unis et d’autres, se trouvent dans une situation délicate. Après les attentats de Paris, tout le monde attend des mesures, des améliorations, des garanties et tout cela, vite et efficacement. Mais pour combattre le terrorisme et l’extrémisme, il ne suffit pas de s’occuper uniquement des symptômes, il faut aussi se pencher sur les raisons du terrorisme. Et aussi oser remettre en question notre propre comportement dans le monde.

Les réactions de la politique européenne et internationale se ressemblent – on demande plus d’argent pour les services de sécurité (comme si cela pouvait réduire le risque d’attentats), on demande une surveillance plus complète d’Internet (comme si cette surveillance n’avait pas déjà lieu), on demande plus de contrôles aux frontières continentales (comme si Frontex n’existait pas), on demande un échange de données systématiques entre l’Europe et les Etats-Unis (comme si les Américains ne disposaient pas de toutes les données qu’ils souhaitent avoir) – tout ces discours et postulats politiques n’arrivent même plus à cacher l’impuissance de la politique face aux problème global qui est le terrorisme.

Les meurtriers de Paris étaient tous sous surveillance, ils étaient tous fichés, autant en France qu’aux Etats-Unis, ce qui n’a pas pu empêcher les attentats. Idem pour les terroristes de l’attentat de Boston – les terroristes étaient connus des services américains, mais l’attentat avait lieu quand même.
La répression est une chose dangereuse. Instaurer de nouveaux outils de surveillance peut procurer un court sentiment de sécurité, mais non seulement il est trompeur, mais en plus, il est dangereux. Car tout instrument de répression a vocation à être abusé plus tôt ou plus tard par des gens qui poursuivent d’autres buts que le bien-être du peuple.

Le risque zéro n’existe pas, pas non plus dans un état de surveillance ou totalitaire. Au lieu de tomber dans la facilité, il serait important que nous fassions, partout en Europe, une introspection sur notre politique d’immigration, d’intégration et d’urbanisation des 40 dernières années. C’est le moment de nous attaquer aux racines du mal et cela passe forcement par une remise en question de ce qui s’est passé jusqu’ici. Cette introspective, il convient de la mener avec l’ensemble des communautés concernées, dans une grande ouverture et non pas comme spectacle politique médiatisé.

Les attentats de Paris doivent servir comme point de départ pour un changement profond de l’organisation de nos sociétés. Dans le cadre de ce changement, la répression ne doit pas jouer les premiers rôles – cela ne ferait qu’empirer une situation déjà dramatique.

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