Recherche Angie désespérément…

En 1985, Rosanna Arquette cherchait désespérément Susan (Madonna). Aujourd’hui, les Allemands cherchent désespérément leur chancelière. Qui a plus ou moins disparu.

Mais elle est où ? On ne l'entend plus, comme si elle avait disparu... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Elle a été « La Femme la plus puissante du monde » à plusieurs reprises. Elle a survécu 3 mandats à la chancellerie allemande et vient d’entamer le 4e. Pendant 12 longues années, elle a chassé tout concurrent.e potentiel.le avec un instinct de pouvoir acquis sous Helmut Kohl qui, lui, avait lancé sa carrière en la nommant ministre de la famille. C’était la femme forte de l’Europe, celle qui imposait l’austérité concoctée par son fidèle compagnon de route Wolfgang Schäuble. Mais depuis le soir des élections législatives du 24 septembre dernier, l’Allemagne ne retrouve plus sa chancelière. C’est comme si elle avait déjà abdiqué. Sa dauphine est dans les starting blocks, la Grande Coalition se livre aux disputes habituelles sans que la chancelière n’intervienne, l’Allemagne politique se présente actuellement comme une maison habitée par des ados le soir quand les parents partent à l’Opéra.

Déjà, pendant les négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement, « Angie » était la grande absente. Au niveau européen, plus personne ne s’intéresse à ce que pense la chancelière : tout le monde se rue sur Emmanuel Macron. Conflit en Syrie ? Guerre économique contre les Etats-Unis ? Scandale autour de l’attribution illégale d’asile à Brême ou des interdictions de rouler en véhicules diesel ? On entend tout le monde, y compris ceux qu’on n’a pas envie d’entendre, sauf – Angela Merkel.

Là où « Mutti » avait pour habitude de faire des déclarations d’autorité mettant terme à toute discussion, on entend aujourd’hui sa dauphine Annegret Kramp-Karrenbauer qui continue à faire ce qu’elle a déjà fait comme Ministre-Présidente de la Sarre : un super-boulot. « AKK » est la voix de la CDU qui s’élève clairement contre les populistes de l’extrême-droite, au contraire de certains de ses collègues qui vont à la pêche aux votes. Angela Merkel, on ne l’entend plus.

Et au niveau européen ? C’est le grand vide. Les propositions d’Emmanuel Macron prennent peu à peu de la poussière, puisque l’Allemagne n’a actuellement pas de chancelière. C’est comme si Angela Merkel s’était endormie, en endormant tout son petit monde berlinois, allemand et européen. Mais hoplà – cela ne pourra quand même pas durer pendant les trois années de mandat qui lui restent !

Face aux défis actuels, l’Allemagne et l’Europe ne pourront pas attendre que la chancelière décide dans trois ans de prendre sa retraite. Les évolutions géopolitiques, économiques et sécuritaires demandent la capacité de réagir et d’agir. Une chancelière qui passe son temps à préparer tranquillement sa retraite, c’est un luxe que l’Allemagne ne peut pas se permettre et qu’elle ne devrait pas imposer à l’Europe.

Que la chancelière se retire avec les honneurs, qu’elle laisse sa place à Annegret Kramp-Karrenbauer qui représente déjà une autre génération de responsables politiques. Aujourd’hui, il est important que l’Allemagne retrouve une dynamique politique, que Berlin s’occupe sérieusement de toutes les propositions faites par le groupe de travail parlementaire dans le « Rapport Transfrontalier » présenté par Sylvain Waserman et ce, non pas dans trois ans, mais maintenant. Trois ans, c’est long…

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