Reconfinement lisboète

Comme d'autres pays européens, mais d'une manière différente, le Portugal procède à un reconfinement partiel et localisé.

Lisboa, cidade da tolerância, abrite un peu plus d'un demi-million d'habitants, soit 5% de la population du pays. Foto: Lumley / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – L’agence de presse Lusa annonçait qu’en matière de nouveaux cas d’infections par Covid-19, pour la semaine du 14 au 20 juin 2020, le Portugal a dépassé la cote d’alerte des 20 pour 100.000 habitants. Avec un ratio de 23,2, le pays est bien loin des 62,47 de la Suède. Par ailleurs, en termes de cas confirmés, le Portugal est neuvième dans le Top Ten des pays européens touchés par la pandémie. Ce qui rend, au Portugal, l’incidence de la maladie sur 100.000 habitants plus faible qu’en Suède (378,94 / 550,52). Mais l’augmentation récente du chiffre de la contamination suscite des réactions.

Réactions internationales, comme par exemple celles des pays européens conditionnant ou interdisant l’entrée des Portugais sur leur territoire, sachant que le Portugal a annoncé l’ouverture de ses frontières aux autres pays de l’Union Européenne pour le 01 juillet 2020. Réactions au sein du pays où la ministre de la Santé Marta Temido (SE) a «  estimé que les autorités avaient du mal à rompre les chaînes de transmission » (sic). Mais le gouvernement met aussi en avant la montée en charge des tests, plaçant ainsi le Portugal, avec 100 tests pour 1.000 habitants, au plus haut niveau des pays européens. En France, dans la région Grand Est, au cours de la période allant du 05 au 15 juin 2020, 498 tests pour 100.000 habitants ont été réalisés, c’est à dire 4,98 pour 1.000 habitants. « Não há fotografia ! », traduirait-on littéralement en portugais…

La capitale et la Vallée du Taje sont particulièrement touchées par l’accroissement du taux de contaminations. Ainsi Antonio Costa, le Premier ministre, a-t-il annoncé dès le 22 juin 2020 des mesures de reconfinement partiel dans certains secteurs de la capitale. Comptant sur la coopération de ses concitoyens, le gouvernement va développer un programme nommé « Bairros Saudáveis » (Quartiers Sains) visant à renforcer la prévention dans les zones touchées. Parallèlement à cela, le Conseil des Ministres a approuvé l’institution d’un « Crime de Desobediência » (Crime de Désobéissance), visant ceux qui ne respecteraient pas les règles désormais en vigueur dans le Grand Lisbonne. A savoir : fermeture des commerces à 20h00 à l’exception des restaurants, interdiction des rassemblements supérieurs à dix personnes, interdiction de la vente de boissons alcoolisées dans les stations services, interdiction de la consommation d’alcool sur la voie publique. En somme un tandem prévention – répression qui a déjà fait ses preuves, car incitant d’abord à la responsabilisation individuelle.

Des rassemblements festifs, comme par exemple celui organisé spontanément les 10-11 juin 2020 par des jeunes au camping de Grândola au Sud-Ouest du pays, sont à l’origine de foyers de contamination maintenant clairement identifiés. Ici comme ailleurs, la baisse de la vigilance a produit les mêmes effets. C’est dans cet esprit que le président Rebelo de Sousa, le premier ministre Costa et les responsables de partis politiques ont rencontré des experts le 24 juin 2020 afin d’évaluer plus finement la situation. Le président a par ailleurs souligné, en avançant plusieurs arguments recevables, que l’analyse des chiffres doit demeurer prudente afin de ne pas se focaliser sur une région particulière. Souhaitant dédramatiser, il pointe « une perception, c’est-à-dire une compréhension par l’opinion publique d’une aggravation dans la région de Lisbonne et de Vale do Tejo, supérieure à l’aggravation réelle » (sic). Mais il appelle parallèlement, à accroître l’usage des masques dans l’espace public.

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