Référendum en Suisse – le salaire minimum rejeté

La démocratie directe, c’est bien. Même si les résultats peuvent surprendre. Comme la décision des Suisses de se passer du salaire minimum de 3300 € par mois.

La Suisse a loupé une occasion d'inventer un nouveau niveau social. Foto: www.mindestlohn-initiative.ch

(KL) – Pour la deuxième fois en l’espace de quelques mois, nos voisins helvètes ont loupé une occasion pour rendre leur pays plus intéressant. D’abord, il y avait ce vote malheureux limitant l’immigration depuis les pays de l’UE, maintenant, les Suisse ont raté l’occasion de devenir l’état le plus social au monde. La proposition d’un salaire minimun de 18,50 € / heure a été rejetée.

Les syndicats suisses avaient pris cette initiative arguant qu’un pays aussi riche que la Suisse se devait de payer des salaires corrects à tout le monde – à savoir 4000 Francs Suisses (3300 €) par mois et ce, fois 13. Surprise – 76,3% des Suisse ont voté «Non», probablement ceux qui gagnent plus que 4000 Francs Suisses par mois.

Pourtant, le calcul était simple – avec un tel salaire minimum, la Suisse aurait boosté son économie, stimulé la consommation intérieure et permis à ses citoyens de vivre décemment. Mais, comme pour les deux votations portant sur la construction des minarets en Suisse et celle sur l’immigration, c’est la peur qui a guidé la main aux Suisses. La peur que l’industrie suisse parte sous d’autres cieux, le terme «délocalisation» ayant dominé les débats.

Cette peur est assez irrationnelle. Les entreprises en Suisse savent très bien pourquoi elles se trouvent en Suisse. La qualité des infrastructures, les écoles, les conditions de travail et de vie, un environnement sain et puissant – quelle entreprise suisse voudrait perdre ces avantages ? Bien sûr – il aurait fallu partager un peu du succès économique avec ceux qui le rendent possible – mais un tel salaire minimum n’aurait pas condamné l’économie Suisse.

Tout reste donc en l’état. Ceux qui font les boulots les plus difficiles, infirmières, éboueurs, ouvriers dans tous les domaines, resteront donc au niveau social qui est le leur – la scission de la société suisse pourra donc s’accentuer. Il faut croire que la distinction entre «riches» et «pauvres» soit un phénomène de société parfaitement voulu.

Et nous ? Nous regardons avec envie la démocratie directe de nos voisins, tout en nous posons des question. Il est clair que la volonté du souverain suprême, donc celle du peuple, doit être respectée. Mais démocratie directe, cela ne veut pas dire que les résultats de ces votations soient meilleurs que les décisions politiques que prennent nos responsables. S’il en fallait encore une preuve – le sens politique du peuple n’est pas plus aiguisé que celui des politiques dans des démocraties représentatives. Dommage.

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