Réfugiés – la xénophobie divise l’Allemagne

Les incidents violents se multiplient, surtout dans les Länder de l’est de l’Allemagne. Mais les gestes de soutien pour les réfugiés s’intensifient également.

Le fait que des faibles d'esprit se baladent avec ce genre de pancarte est la traduction d'une politique irresponsable. Foto: blu-news.org / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – La violence contre les réfugiés, mais aussi contre les manifestants de soutien et même les services civils comme la Croix Rouge, augmente chaque semaine un peu plus en Allemagne. Le week-end passé était marqué par des incidents qui indiqueraient qu’un nouveau niveau de la xénophobie soit atteint en Allemagne. La «capitale de la xénophobie» est sans doute la ville de Dresde en Saxe, ville jumelée à la capitale européenne Strasbourg et il serait grand temps que la ville de Strasbourg se fasse entendre en condamnant fermement haine et violence qui sévissent à Dresde.

Etre réfugié, c’est déjà un triste sort. Personne ne quitte son chez soi par plaisir, il s’agit systématiquement de victimes de guerres, de guerres civiles, de terrorisme, de répressions politiques et religieuses. Mais être réfugié et être envoyé en Saxe, cela constitue presque la peine maximale – car si, dans le passé, des extrémistes aux crânes rasés s’étaient attaqués aux centres d’accueil pour réfugiés, ils s’attaquent maintenant aux personnes, leur faisant ainsi vivre les mêmes cauchemars que ceux qu’ils ont vécu chez eux.

A Dresde, ce week-end, des services civils installant des tentes provisoires pour accueillir 1100 réfugiés syriens, se sont fait attaquer par des xénophobes et néonazis faisant partie d’une manifestation du NPD, à coups de pierre et d’autres objets, tout comme les contre-manifestants et mêmes les forces de l’ordre. On enregistre des blessés, des arrestations et surtout, une angoisse indescriptible chez les réfugiés qui pensaient, à tort, que leur odyssée de survie s’était terminée en arrivant en Allemagne.

Maintenant, la police doit surveiller ce campement 24/24, tout comme les personnes apportant du soutien aux quelques 500 réfugiés déjà arrivés. Tout comme à Freital, également en Saxe, où la police doit en permanence surveiller un centre d’accueil, ayant fait l’objet depuis des semaines d’attaques violentes qui se dirigeaient autant contre le bâtiment que ses habitants, ses soutiens et les responsables politiques venus sur place pour calmer la situation. On ne peut plus énumérer les incidents violents, les attaques, les agressions que subissent ceux qui sont sortis de l’enfer chez eux.

En même temps, il est tout autant impossible d’énumérer les gestes de soutien, les initiatives citoyennes, les efforts déployés par les associations et des individus pour accueillir les réfugiés et pour faire contrepoids contre ces extrémistes qui opèrent souvent aux limites d’un nouveau terrorisme de rue. Les soutiens aux réfugiés sont largement plus nombreux que les xénophobes et néonazis, mais la violence déployée par ces extrémistes fait qu’ils monopolisent les informations dans le JT.

Cette violence dans la rue est la traduction d’une politique allemande et européenne en matière des réfugiés – la responsabilité incombe en premier lieu aux responsables politiques qui nous rabâchent depuis des années que «le bateau est plein» – les faibles d’esprit reprennent ces slogans et les interprètent comme une autorisation à se défouler sur ceux qu’ils estiment plus faibles qu’eux.

L’ensemble des partis traditionnels porte une grande responsabilité dans cette escalade de la violence. Que ce soient des politiques de la droite, donc de la CDU, du FDP, de l’AfD, sans parler de partis comme le NPD faisant régulièrement l’objet de procédures d’interdiction – tant que des partis disent officiellement qu’il n’est plus possible d’accueillir des réfugiés, les extrémistes se sentent en droit de faire valoir la loi de la violence.

La situation devient chaque jour un peu plus inquiétante et elle ne se limite pas aux seuls Länder de l’est, comme la Saxe, la Thuringe, le Brandebourg. Un grand nombre d’actes violents sont également relevés dans l’ouest du pays, où des xénophobes s’attaquent également à ces centres d’accueil, où on enregistre également des violences contre des réfugiés.

A un moment où de nombreux citoyens et citoyennes s’engagent dans des projets destinés à faciliter l’accueil des réfugiés, la politique continue à préparer le terrain des xénophobes. Elle n’a pas réussi à trouver une réponse européenne avec des quotas de répartition des réfugiés sur l’ensemble des pays européen, l’Europe regarde les bras croisés la Hongrie ériger un grillage géant (Victor Orbán : «L‘Europe doit appartenir aux européens»), l’Europe a abandonné l’opération «Mare Nostrum» en Méditerranée, et dans les pays européens, les partis voulant sauver l’occident d’une prétendue «islamisation» connaissent un véritable essor.

Les choses sont liées. L’éruption de la violence contre les réfugiés en Allemagne est aussi le résultat d’une politique d’austérité qui laisse 16% de la population allemande sous le seuil de la pauvreté, surtout dans les Länder de l’est. La frustration, le sentiment d’être laissé en rade, la précarité constituent la base pour cette violence de cette frange de la population qui, comme toujours, cherche des boucs-émissaires. Dans les années 30, les boucs-émissaires étaient les Juifs, aujourd’hui, ce sont les réfugiés. Si quelque part, il est rassurant de voir un grand élan de solidarité dans la population allemande, celle-ci ne suffira pas.

Un geste de la part de la ville de Strasbourg. jumelée à la ville de Dresde, pourrait envoyer un signal fort. Pourquoi ne pas prendre en charge une partie de ces réfugiés et les accueillir à Strasbourg ? Cela pourrait envoyer un signal fort, transfrontalier, européen et important qui pourrait montrer à ces xénophobes et néonazis que la solidarité humaine et internationale existe. On ne peut plus se contenter de regarder – il faut agir. Maintenant.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste