Réfugiés – l’exemple qui donne une lueur d’espoir

La petite commune d’Au aux portes de la ville de Freiburg montre l’exemple - une grande majorité des citoyens a voté en faveur de la construction d’un centre d’accueil pour réfugiés.

La Mairie et la Maison des Citoyens de la commune d'Au - un exemple d'humanisme à suivre. Foto: Rauenstein / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La petite commune d’Au présente deux particularités – d’abord, il s’agit de la commune allemande portant le nom le plus court (difficile de faire plus court que «Au»…) et deuxièmement, Au est l’exception qui confirme la règle. Pendant que les attaques xénophobes se multiplient en Allemagne, la population a voté le week-end dernier en faveur de la construction d’un centre d’accueil pour réfugiés. Ce centre sera construit au niveau de la rue principale de ce grand village et ce vote constitue une véritable lueur d’espoir.

Comme ailleurs, la question avait suscité pas mal de débats, ce qui se traduit par un taux de participation de 57% des électeurs, un chiffre assez exceptionnel pour ce type de votation. Encore plus surprenant, le résultat – 63% des électeurs se sont exprimés favorables à la construction de ce centre, tandis que 37% étaient contre. Ainsi, Au se positionne clairement contre ces imbéciles qui incendient ou inondent des centres d’accueil pour les rendre inutilisables. Voilà un exemple pour une conscience collective qui se souvient des bases de l‘humanisme rhénan – un exemple que d‘autres communes et villes devraient suivre.

Le maire d‘Au, Monsieur Jörg Kindel, s‘est montré satisfait après la publication du résultat. Ce nouveau centre qui offrira six appartements pouvant accueillir 12 réfugiés, pourra être mis en service dès le printemps 2016. Ce sont les citoyens qui ont pris la décision de créer une telle structure d’accueil digne et moderne, et cela constitue déjà la base d’un vivre-ensemble engagé et motivé. L’intégration passe aussi par là. Et le vote d’Au est un «non !» bien audible lancé à tous ces esprits faibles qui continuent à manifester devant des centres d’accueils dans d’autres villes et villages, répétant le bête et méchant «le bateau est plein».

C’est au plus petit niveau, là où les citoyens et citoyennes sont associés aux prises de décisions, que l’essor de la xénophobie pourra être stoppé. D’autres communes et villages dans la région fribourgeoise ont également fait preuve d’un civisme rassurant – ainsi, le village de Wittnau a placé deux réfugiés dans les locaux des sapeurs-pompiers, la commune de Merzhausen a loué un appartement de service de l’église protestante pour y loger des réfugiés et Au, avant le vote du week-end, avait déjà transformé la salle de réunion municipale en un appartement également mis à la disposition d’une famille de réfugiés.

Les expériences sont concluantes, car les réfugiés ne vivent pas dans une ambiance hostile, au contraire – ils sentent l’engagement de la population locale, ils sentent que les gens partagent leur sort en mettant tout en œuvre pour les accueillir de la meilleure façon possible. Au lieu d’interner les réfugiés dans ces campements de fortune composés de containeurs, souvent à la périphérie des villes, les villages de la région fribourgeoise sont en train d’inventer de nouvelles approches qui visent l’intégration et le vivre-ensemble. Dans la bonne tradition de l’humanisme rhénan qui, depuis le 16e siècle, avait toujours soutenu ceux qui devaient fuir leur pays à cause de leur croyance, leur convictions politiques ou philosophiques.

A un moment où l’Allemagne fait la «une» à cause d’une politique nationale aggressive et parfois même cynique, mettant en péril la cohésion européenne, ces exemples de proximité donnent du courage. Et, espérons-le, ils motiveront d’autres communes à imiter cette approche humaine et pragmatique. Cela change agréablement des images de xénophobes aux crânes rasés qui nous molèstent tous les jours aux Journal Télévisé. Bravo aux citoyens et citoyennes d’Au qui montrent que «les Allemands» ne sont pas forcément à confondre avec les Merkel, de Maizière et Schäuble !

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