Réfugiés, Volkswagen, Syrie, Grèce, Ukraine, Israël, MH17, attentats…

L'automne de la crise - l'Europe ne sait plus où tourner le regard. Mais au lieu de nous serrer les coudes, les états se replient sur eux-mêmes et s'éloignent des solutions.

Pour surmonter les crises actuelles, il faut non seulement "plus d'Europe", mais aussi associer la jeunesse á l'élaboration des nouvelles orientations. Foto: Deutsche Fotothek / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Actuellement, regarder le journal télévisé revient à une sorte de concours de combattant pour personnes au nerfs solides. Les crises se relayent, agrémentées par des catastrophes naturelles et il devient de plus en plus difficile de suivre l’actualité des crises nationales et internationales. Le constat que le monde et l’Europe se trouvent en situation de crise est devenu quasiment une platitude, mais au lieu de renforcer la coopération européenne, les membres de l’Union s’éloignent les uns des autres et de nombreux pays découvrent un nouveau nationalisme qui lui, peut rassurer une frange de la population, tout en aggravant les problèmes.

Car le nationalisme, le souverainisme, comme l’a exprimé si bien le président français François Hollande au Parlement Européen, est la voie qui mène vers la fin du projet européen. Il suffit de regarder les livres d’histoire, de parler avec les grand-parents, pour se rendre compte qu’une Europe composée d’états plus ou moins petits menant tous une politique individuelle et souvent, poursuivant des intérêts contraires, est une Europe de la discorde et par conséquent, de la guerre.

Pourtant, le nouveau natiuonalisme européen est en pleine croissance. Que ce soit le Front National en France, le Vlaams Belang en Belgique, Jobbik en Hongrie, la «Pegida» en Allemagne, l’Aube Dorée en Grèce et toutes les autres formations qui prêchent ce nationalisme, connaissent actuellement un succès inquiétant. Il est intéressant de noter que ceux qui prêchent le nationalisme, prêchent en même temps l’intolérance, la haine, la violence et l’exclusion – donc exactement le contraire de ce dont l’Europe a besoin aujourd’hui.

Si on peut, si on doit reprocher aux responsables européens d’avoir trop longtemps réduit l’Europe à une sorte de plate-forme pour les marchés financiers (et ils persistent en poursuivant les négociations sur le TTIP et le CETA), il faut désormais donner une autre direction aux débat européen. L’Europe doit aussi mener une réflexion de fond sur ces fameuses valeurs que conjurent les politiques dans leurs discours, sans pour autant les spécifier suffisamment. Pour survivre, l’Europe doit maintenant faire preuve de courage et de détermination ou, pour citer encore une fois le président Hollande, de «solidarité, responsabilité, fermeté». Ce qui ne peut que se traduire par le «plus d’Europe» dont tout le monde parle.

Les crises actuelles sont certes lourdes à porter, mais elles constituent en même temps une occasion pour effectuer une analyse de fond de ce que l’Europe doit être. Une discussion que l’Union a longtemps évitée, mais maintenant, il faut la mener. C’est quoi, alors, l’Europe ?

L’Europe sous son plus beau jour, c’était ce qui s’est passé en Allemagne fin août, début septembre. La population est descendu dans la rue, non pas pour manifester (si, si, il y avait de nombreuses manifestations un peu partout…), mais pour aider ! Pour apporter un soutien concret, pour accueillir les victimes des guerres meurtrières dans le monde. On pensait à ce moment là à l’Histoire du Rhin Supérieur, fief de l’humanisme rhénan, terre d’accueil au XVIe siècle pour ceux qui étaient poursuivis ailleurs pour leurs croyances, et cet humanisme rhénan, qui trouve sa transcription dans la Charte des Droits de l’Homme, doit être l’étoile qui guide l’action politique de l’Union.

Nous sommes plus puissants que nous le pensons, notre arme étant le bulletin de vote et l’engagement citoyen. Nous avons les moyens pour exercer de la pression sur le monde politique, il suffit d’investir un peu de temps, de s’impliquer et de ne pas détourner le regard.

L’étude présentée cette semaine par le groupe Shell «Shell Youth Study 2015» qui donne un excellent aperçu sur ce qui se passe dans la société actuelle, fait état d’un nouvel engagement de la jeunesse pour la «chose politique». Le débat quant aux grandes orientations doit être menés avec ceux qui doivent vivre aussi demain dans cette Europe malmenée par les intérêts financiers.

L’Europe est en crise, certes. Mais le moment est venu de retrousser les manches – si chacun contribue à une amélioration des choses à son niveau, les choses finiront par changer. Nous n’avons pas le droit de laisser cette Europe aux extrémistes et nationalistes, aux xénophobes et aux néofascistes – l’Europe l’a fait deux fois pendant le siècle dernier, elle n’a pas le droit de réitérer cette expérience catastrophique. Donc, en effet, «plus d’Europe» !

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