Rencontre à Sarajevo : la violence contre les femmes journalistes

Des faits et des menaces intolérables

Une jeune militante anti-beauf' et anti-faf à Sarajevo Foto: Peretz Partensky/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/2.0Gen

(Marc Chaudeur) – Un problème grave et aigu… Vendredi dernier, à Sarajevo, s’est tenue une Rencontre-débat sur la violence exercée (ou latente) à l’encontre des femmes journalistes en Bosnie – un débat qu’on pourrait naturellement étendre, dans une certaine mesure, à tous les pays des Balkans. Sociétés encore largement traditionnelles, sociétés musulmanes (dans le cas de la Bosnie-Herzégovine, du Kosovo et de l’Albanie), régimes largement corrompus à tendances autoritaires : les femmes journalistes écopent là bas d’une double ou d’une triple peine… Le Rencontre était organisée par l’excellent média BIRN et la mission Bosnie Herzégovine de l’OSCE (cette dernière, avouons le, n’ a que rarement brillé par son efficacité dans la région…)

La Bosnie et les Balkans n’ont certes pas le monopole des violences contre les journalistes, contre les femmes, et contre les journalistes-femmes. Mais le problème prend des aspects assez aigus pour qu’on en parle et qu’on essaie d’y changer quelque chose.

Une étude de l’OSCE (l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) montre que les femmes-journalistes sont attaqués deux fois plus souvent que leurs équivalents masculins – ce qui n’est d’ailleurs pas peu dire… Kathleen Kavaleć, la représentante de l’OSCE Bosnie-Herzégovine, insiste sur le fait que de telles violences ont considérablement augmenté ces dernières années : propos haineux, commentaires abusifs et sexistes, insultes ordurières, menaces souvent mortelles. Et ceci particulièrement sur internet. Car internet a gravement exaspéré les attaques, favorisant une inflation du langage et une relative impunité. Jusqu’à présent, du moins. Car il faut que cela change.

En Bosnie, précise Hatidza Gusić, l’organisatrice BIRN du Débat, les femmes journalistes sont constamment exposées aux violences anti-femmes, au harcèlement sexuel et et à une discrimination permanente. La législation est très insuffisante à cet égard, suivant largement (trop largement) les règles implicites de la société traditionnelle. S’ajoutent à cela les effets des activité journalistiques sur l’opacité des pratiques politiques encore fondées sur le post-titisme, les privatisations des années 1990 et les critères ethniques. C’est ainsi que Martina Mlinarević, écrivain et journaliste free lance, raconte qu’on a annoncé sur internet qu’on allait lui couper les seins, qu’on lui a souhaité d’attraper un cancer foudroyant et autres joyeusetés bienveillantes. Ce on, relate Martina, ce sont souvent des personnes qui posent pour leurs photos de profil devant une église, en compagnie de leurs familles…

Les reportages qui exposent le plus leurs auteures, ce sont les textes sur les crimes « de guerre »des années 1990 – commis à Tuzla, Srebrenica, Prijedor,… – immédiatement suivis des articles sur les atteintes aux droits de l’Homme, aux femmes et aux LGBT. Curieusement, les collègues masculins de Martina ne reçoivent pas d’insultes ordurières de même intensité que celles qu’elle reçoit sans cesse.

Les participantes au débat, Marija Arnautović, de RFE, Marina Mlinarević, Dalija Konaković, d’Al Jazeera Balkans et Biljana Radulović, avocate, s’accordent avec la représentante de l’OSCE, Kathleen Kavaleć, pour considérer que ce Débat-rencontre est assurément le premier pas d’une démarche qui doit informer clairement le public sur les violences subies, et puis s’y attaquer efficacement. L’OSCE assure ces femmes de son soutien, et toutes considèrent que la première chose à faire, c’est exercer les pressions adéquates sur le monde politique pour changer la législation en faveur de la liberté d’expression, de la protection des journalistes et… des femmes.

Mais on le sait bien, cela ne suffit pas. Les modifications juridiques et l’activité de l’OSCE sont radicalement insuffisantes, parce qu’en définitive superficielles. C’est la société qu’il faut changer et ses mœurs.Et pour cela, il faudra que l’Union Européenne songe enfin à subventionner beaucoup plus largement les ONG et les associations qui s’emploient à promouvoir la paix sociale, l’entente ente les communautés ethniques et l’engagement actif de la société civile dans le changement.

A consulter : https://balkaninsight.com/

 

 

 

 

1 Kommentar zu Rencontre à Sarajevo : la violence contre les femmes journalistes

  1. De nombreuses contraintes professionnelles concernent le métier de journaliste, d’intensité variable selon la nature du poste et de situation : Les journalistes sont soumis de plus en plus à des contraintes physiques, psychologiques et relationnelles susceptibles de générer des risques lorsque ces situations dangereuses ne font pas l’objet d’une prise de conscience et de mesures de prévention adéquates : http://officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=562

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