Rencontre au sommet (alsacien)

Pierre Kretz a présenté son nouveau livre « Je suis alsacien mais je me soigne » à la librairie Kléber. Les illustrations sont signées Yannick Lefrançois. Un livre à recommander vivement.

Pierre Kretz (à dr.) et Yannick Lefrançois (m.) lors de la présentation à la Librairie Kléber. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Quand deux « monstres » de la culture alsacienne se rencontrent dans le temple de la littérature strasbourgeoise, cela promet. Et la présentation du nouveau livre de Pierre Kretz, « Je suis alsacien mais je me soigne », a tenu toutes ses promesses. Yannick Lefrançois, génial illustrateur des DNA, a signé les superbes illustrations qui accompagnent ce récit.

Le titre pourrait laisser penser à une comédie littéraire, rédigée par ce grand auteur alsacien qui, par exemple par ses pièces de théâtre, sait aussi nous faire rire tout comme Yannick Lefrançois – mais chez les deux, on rit souvent jaune. Car en fait, « Je suis alsacien mais je me soigne », n’est pas une comédie, mais un état des lieux de l’Alsace 2020 en proie de « l’alsacondrie », de la « maladie alsacienne » et marquée par le rejet d’une identité « grandestienne » qui elle, ne pourra jamais voir le jour. Un état des lieux qui, avec une bonne portion d’humour, est finalement acerbe.

La réforme territoriale « bâclée » par François Hollande, qui avait donné lieu à la création de la « Région Grand Est » mal aimée par beaucoup d’Alsaciens (on parle d’environ 80% des Alsaciens qui voudraient ressortir de cette région qui est censée lier le destin administratif de l’Alsace à celui de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne), constitue pour Pierre Kretz un déni de la démocratie et il a les arguments pour lui – on n’a pas demandé leur avis aux Alsaciens. Ben, si, en 2013, mais 2013, c’est aujourd’hui un peu comme Alésia, on ne sait plus très bien ce qui s’y s’était passé et on ne veut plus trop savoir. Et pas non plus en parler. Pierre Kretz le reconnaît, « une occasion loupée… ». N’empêche, la façon dont cette réforme territoriale s’était déroulée, laisse songeur. Démocratie ou jacobinisme ? Est-ce que l’on peut guérir de la « maladie alsacienne » autrement qu’en devenant complètement français ?

Stop ! La culture alsacienne est tellement riche… Une culture qui s’est développée sur les rives vertes du fleuve européen qui est le Rhin, avec ses auteurs, acteurs, musiciens, peintres, sculpteurs, penseurs – tous, ils représentent non seulement la culture alsacienne, mais celle du Rhin Supérieur.

Cet état des lieux rédigé par Pierre Kretz n’est certes pas un roman, comme l’a justement remarqué la modératrice Aline Martin, mais un récit. Un récit qui formule des analyses et des revendications, sans tomber dans le piège de la complainte.

Et Yannick Lefrançois ? Les illustrations sont typiquement Yannick Lefrançois – justes, méchantes, brillantes. Un vrai enrichissement pour « Je suis alsacien mais je me soigne », un livre qui n’est donc pas un divertissement, mais une lecture indispensable pour rester dans l’actualité du débat régional. A trois mois de la naissance de la « Collectivité Européenne d’Alsace – CEA », suivre cette actualité, n’est pas un luxe.

Je suis alsacien mais je me soigne, Pierre Kretz, Editions Héliopoles, ISBN 978-2-37985-016-5, 9,90€

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