République Tchèque : les Frères Rapetou et le Nid de cigognes

Tant que Zeman sera là, Babis gardera le pouvoir

Andrej BABIS, le Premier ministre tchèque, caricaturé en septembre lors d'une manif à Prague Foto: Martin Strachon / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 4.0Int

(MC) – Depuis 2 ans, on ne s’ennuie pas, en République Tchèque… Andrej Babiš, Premier ministre depuis décembre 2017, businessman milliardaire né à Bratislava (Slovaquie), est soupçonné d’avoir détourné 2 millions d’euros de subventions provenant de l’UE. La semaine dernière, rebondissement rocambolesque : sur le site Seznam Zprávy (https://www.seznamzpravy.cz/), on peut entendre le fils de Babiš, Andrej Babiš junior, expliquer que son père l’a fait enlever pour l’ empêcher de déclarer aux enquêteurs ce qu’il sait : Andrej junior aurait ainsi passé des vacances forcées en Crimée… En Crimée ?!

Retrouvé en Suisse où il vit en ce moment, Andrej Babiš junior a déclaré, dans un entretien enregistré au moyen d’une caméra cachée, qu’il avait été conduit de force en Crimée, en 2017, par des collaborateurs de son père et la femme politique et psychiatre Dita Protopopova,très proche du Premier ministre. Cette dernière a fourni un certificat qui prétendait établir que Babiš junior était psychiquement malade…

Vendredi dernier, Babiš senior a clamé devant les journalistes : « Qu’on s’en souvienne : je ne démissionnerai jamais. Jamais ! » C’est que l’opposition est bien décidée à le faire tomber. Depuis 2 ans, le scandale appelé « l’Affaire du Nid de Cigognes » pollue l’atmosphère politique du pays. Il s’agit d’un complexe hôtelier et récréatif situé non loin de Prague, qui est le fruit bien mûr d’un détournement de fonds européens… Devinez à qui appartenait le Nid de cigognes ? Aux enfants de Babiš, Andrej et Adriana.

Les partis d‘opposition veulent donc provoquer un vote de défiance au parlement. Conjointement, le Sénat a demandé la démission de Babiš. Malheureusement, l’opposition ne dispose pas de la majorité : il ne lui sera donc pas possible, en principe, de faire passer une motion de censure…

Et surtout, le Premier ministre, fondateur et dirigeant du parti ANO (Action des Citoyens Mécontents, Akce nespokojených občanů), un mouvement de centre droit populiste et libéral, bénéficie du soutien indéfectible et inconditionnel de son cher ami Miloš Zeman, le président de la République. « Putsch », « conspiration » : ces mots ne cessent de pleuvoir, depuis 2 ans, du nuage où vivent Zeman et soin entourage. Rien à faire : tant que Zeman sera président, Babiš a toutes les chances de rester vissé sur son siège de dirigeant du gouvernement.

Les Frères Rapetou ont sans doute encore de beaux jours devant eux.

 

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