Retour vers le futur 6

Les conservateurs européens n’ont toujours pas compris que les temps sont en train de changer. Pour la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission Européenne, ils proposent un autre dinosaure.

Un espoir pour après 2019 ? Pitié, non ! Foto: MEDEF / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Jean-Claude Juncker ne sera pas candidat à sa propre succession en 2019. C’est une sage décision de ne plus se présenter, car Juncker aura déjà causé assez de dégâts à la construction européenne. Mais la candidate que le PPE (Parti Populaire Européen, conservateurs) compte présenter pour la présidence de la Commission Européenne, est la preuve vivante que les partis politiques n’aient toujours pas compris ce qu’il se passe actuellement en Europe. Au lieu de proposer un changement générationnel, le PPE proposerait, selon le quotidien allemand DIE WELT, une autre championne des casseroles politique – Christine Lagarde.

La chef du FMI (Fonds Monétaire International) dispose certes d’une grande expérience au niveau international, mais elle fait partie de cette génération d’hommes et de femmes politiques responsables pour la situation actuelle.

« Coupable, mais pas responsable » – avec cet argument plus qu’étrange, Christine Lagarde a pu éviter une peine de prison dans le cadre des environ 500 millions d’euros d’argent public qu’elle avait attribué à Bernard Tapie dans le cadre de la vente des actions d’Adidas. A l’occasion de ce verdict, les citoyens et citoyennes avaient bien compris : si vous piquez un paques de nouilles dans un supermarché, vous allez en prison, mais si vous faites disparaître 500 millions d’euros, vous n’êtes pas molesté.

En 2019, Christine Lagarde aura 63 ans et elle ne peut être présentée en aucun cas comme une « porteuse d’espoirs » – elle garantira la poursuite de la politique des Juncker, Schäuble, Cameron & Cie. – cette politique qui favorise le « big business » et qui fait souffrir des millions et millions de citoyens et citoyennes européens.

Pourquoi présenter une Christine Lagarde comme candidate à la présidence de la Commission Européenne ? Est-ce que les responsables de la politique européenne n’ont pas suivi les dernières élections un peu partout en Europe ? Ne sont-ils pas conscients que les anciens partis sont en train de s’essouffler et que les gens se mettent à voter pour n’importe qui et n’importe quoi, pourvu que ça change ? Présenter Christine Lagarde comme candidate, c’est comme un doigt d’honneur en direction de tous ceux qui voudraient que l’Europe change de direction.

Au niveau du PPE, le déni des réalités est extraordinaire. « Christine Lagarde » convaincra l’électorat féminin », cite DIE WELT ses sources au niveau du PPE. Mais le PPE se trompe. Christine Lagarde, représentante d’une caste politique qui aura réussi à conduire l’Europe institutionnelle dans sa plus profonde crise de sens depuis ses débuts, ne pourrait être la garante de la continuation d’une politique qui mène vers la fin de l’Union Européenne, mais certainement pas une force dynamique qui pourrait déclencher les réformes nécessaires pour se diriger, enfin, vers une Europe sociale et solidaire.

Fidèle supportrice du monde de la finance, Christine Lagarde représenterait tout ce qui fait en sorte à ce que les gens se détournent massivement de l’Union Européenne et de la politique en général. Il serait temps que les partis commencent à opérer une vraie introspection pour analyser leur échec collectif. La candidature de Christine Lagarde constituerait la preuve qu’ils en sont incapables – et les extrémistes et populistes s’en frotteraient les mains. Et cette candidature prouverait, si besoin en est, que les partis sont incapables de se remettre en question – ce qui justifie aussi leur disparition. Les dinosaures de la politique sont en voie de disparition. Ils s’en rendront compte lorsqu’il sera trop tard. A nous, électeurs et électrices, d’accélérer un peu le processus – en votant en 2019 pour de vraies forces réformatrices européennes, en envoyant ces dinosaures à la retraite. Avant qu’ils ne puissent causer davantage de dégâts.

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