Révolution industrielle = Révolution technologique ?

Les deux événements ont et ont eu des conséquences énormes sur nos sociétés. Les sociétés doivent s'y adapter. Toute la société ? Non, le monde politique s'agrippe à ses systèmes vétustes.

Si la Révolution Industrielle avait induit des changements sociétaux énormes, il ne sera pas différent à la sortie de la Révolution Technologique. Foto: Musée Carnavalet, Histoire de Paris / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Nous vivons à l’époque de la « Révolution technologique » qui bouleverse la vie. Ordinateurs, smartphones, réseaux sociaux, intelligence artificielle, adaptation des processus de production, adaptation des marchés financiers, changements profonds du monde de la culture – et ces changements fondamentaux ne sont en rien reflétés par le monde politique qui aujourd’hui encore, évolue dans des systèmes qui datent de l’époque d’après-guerre au milieu du siècle dernier. L’anachronisme de nos systèmes politiques devient un frein à toutes les réformes dont nous avons besoin d’urgence. Au lieu d’adapter le monde politique à ces nouvelles réalités, on essaye de squeezer un monde totalement changé dans des systèmes qui datent d’avant-hier.

La comparaison avec les changements induits par la Révolution Industrielle au 19e siècle s’impose. A l’époque, le monde a connu une mutation des sociétés rurales vers l’urbanisme, les moyens de production étaient révolutionnés par l’émergence d’usines (autour desquelles les villes se sont développées), on a inventé des réseaux de transport pour transporter les marchandises fabriquées en masse dans les nouvelles usines vers les ports, on a assisté à l’essor de phénomènes moins connus auparavant, comme le banditisme des grands chemins (avant, il n’y avait pas de grands chemins…) ou encore la prostitution, l’alcoolisme et le crime dans les nouvelles villes. Après la Révolution Industrielle, le monde n’était plus le même.

La Révolution Industrielle avait également trouvé un écho dans le monde politique. Karl Marx écrivait « Das Kapital », le fils d’un riche entrepreneur anglais, Friedrich Engels, devenait l’un des théoriciens du communisme, les pouvoirs en place étaient remis en question et dans la foulée, l’Europe a vécu des révolutions, des renversements des pouvoirs en place et une nouvelle conscience de son pouvoir, s’installait dans le monde des ouvriers.

Avec la Révolution Technologique, ce ne sera pas très différent. La numérisation des moyens de production et l’Intelligence Artificielle bousculeront et bousculent déjà nos habitudes, le monde du travail connaît des changements de fond, la vie de société se voit modifiée, la culture reprend les codes de la numérisation du monde. Les pouvoirs en place sont également remis en question.

Mais ces pouvoirs en place, au lieu de se moderniser et de se réformer, s’agrippent à leurs systèmes qui ont été mis en œuvre dans les années 1950 et même avant, donc, bien avant l’apparition des premiers ordinateurs ou téléphones portables. Avec tous les changements, il semble évident que nos systèmes politiques doivent également s’adapter au « nouveau monde », mais ceux qui auraient le pouvoir d’initier ces changements des systèmes politiques, ne veulent rien changer. Bien installés dans ces systèmes corrompus, injustes et exploitables par les puissants, axés sur des intérêts individuels et non pas sur le bien commun, ces systèmes toujours en place favorisent cette corruption, l’exploitation des moins riches par les plus riches, les guerres, l’évasion fiscale, les inégalités sociétales et aussi la destruction de notre planète pour le bénéfices de ceux qui profitent matériellement de cette destruction.

Le monde politique d’aujourd’hui commet une erreur monumentale en voulant maintenir des systèmes vétustes datant du siècle dernier, dans un monde en pleine mutation. Les partis politiques opèrent comme en 1950, les systèmes électoraux sont toujours les mêmes et ne reflètent plus le monde d’aujourd’hui, ce qui met la démocratie en grand péril, ce que l’on voit avec la montée des extrémistes. Cette montée des extrémistes est due au fait que ces systèmes politiques ne correspondent plus au monde d’aujourd’hui et ne peuvent plus apporter les réponses aux questions de notre époque.

Mais le monde politique ne devrait pas se sentir en sécurité. Plus tôt ou plus tard, le pouvoir en place aujourd’hui sera renversé par des populations qui ne supporteront plus l’appauvrissement pour que les plus riches puissent encore devenir plus riches. Comme toujours dans l’histoire de l’humanité, les puissants seront renversés dès lors que les conditions de vie des plus pauvres deviennent invivables. Il y a une logique à cette évolution.

Le seul moyen d’éviter un reversement dans la violence, seraient d’opérer des réformes profondes de tous les systèmes qui dirigent nos vies. Politique, économie, culture, santé, défense, social, environnement – tout doit être organisé différemment, car nous voyons clairement que le monde va aujourd’hui droit dans le mur. Simplement administrer la descente aux enfers de l’humanité, ne peut pas constituer une réponse, mais c’est exactement ce que font nos « responsables » aujourd’hui. Cette attitude pourra s’avérer dangereuse pour ceux qui détiennent aujourd’hui les pleins pouvoirs.

Si ce n’est pas la première fois que nous mentionnons cette idée, il convient de la répéter – les plus grandes universités du monde devraient utiliser leurs systèmes d’Intelligence Artificielle pour développer des systèmes justes, efficaces et en phase avec notre époque. Puisque les humains sont incapables d’adapter le monde aux changements qu’il vit actuellement, on peut faire appel à cette « intelligence » numérique pour faire des propositions concernant l’organisation de nos sociétés de demain. Continuer, comme le souhaitent nos actuels « responsables », se terminera dans un bain de sang. Et si on regarde bien, ce bain de sang a déjà commencé depuis un bon moment.

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