«Rhena» – une clinique strasbourgeoise pour l’Eurodistrict ?

La nouvelle clinique strasbourgeoise espère attirer aussi des patients allemands - «Rhena» pourrait constituer un grand pas en direction d'un «espace de santé transfrontalier».

Voilà "Rhena", le nouveau centre hospitalier qui verra le jour à Strasbourg - à vocation transfrontalière. Foto: www.cliniquedestrasbourg.fr

(Par Alain Howiller) – Ils sont trois mousquetaires, pas quatre comme dans le roman d’Alexandre Dumas, trois à s’inspirer du fameux cri de ralliement : «Un pour tous, tous pour Un !» et à offrir aux strasbourgeois, mais aussi aux habitants de l’Ortenau proche, un nouvel élément du «pôle de santé» dont Strasbourg se dote depuis des années. Grâce à son université multidisciplinaire, à ses centres de recherche et de formation qui ont fait de la métropole alsacienne le centre mondial de la formation en Chirurgie mini-invasive et en Chirurgie hybride mini-invasive guidée par l’image, grâce à son «Nouvel Hôpital Civil» (NHCS), son futur «Institut Régional du Cancer (IRC)», véritable campus anti-cancer dont la construction et l’aménagement vont démarrer, Strasbourg se dote, en plus d’un centre performant de soins et de chirurgie, d’un véritable Campus des Technologies Médicales.

Il n’est pas étonnant, dans ce contexte, que les seuls «Hôpitaux Universitaires de Strasbourg» soient le premier employeur de la «Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS)» avec 12.000 salariés. Il n’est pas étonnant non plus que l’Université de Strasbourg (4.900 salariés), Eli Lilly France (fabrication de médicaments, notamment insuline, occupant 1.600 salariés) et le «CNRS» (organisme de recherche avec 1.500 salariés) figurent dans la liste des dix plus importants employeurs de la CUS !

Trois cliniques pour une ! – Il est encore moins étonnant que les cliniques privées de l’agglomération strasbourgeoise aient répondu au «défi du public» grâce à une politique de modernisation et d’équipement dont le symbole-phare est incontestablement le projet qui vient d’entrer dans une phase de réalisation effective avec, en marge du Jardin des Deux Rives, la pose de la première pierre d’un chantier qui devrait s’achever à la fin de 2016 ! Trois cliniques privées à but non lucratif, sorties du XIXème et tout début du XXème siècle strasbourgeois, ont décidé, en fusionnant au sein d’un «campus médical» commun, de se projeter, d’un coup, au XXIème siècle. Ces trois mousquetaires téméraires, sont les cliniques du Diaconat (créée en 1848 par la communauté protestante), d’Adassa (créée en 1878 par la communauté israélite, la seule clinique relevant en France de la communauté) et de Sainte Odile (créée par la communauté catholique, en 1909). Enserrées en ville, avec -isolées- des capacités d’investissements qui ne pouvaient pas répondre aux besoins, sans possibilités d’extension, en manque de parkings pour l’accueil des visiteurs, les trois cliniques ont engagé des pourparlers en vue d’un rapprochement. Le rapprochement a débouché sur l’élaboration d’un projet commun, puis sur une fusion dont la clef de voûte sera la mutualisation des moyens et des compétences, au sein d’une réalisation architecturale de grande ampleur. Le tout dans un quartier émergent d’avenir situé à proximité immédiate du Rhin et de l’Allemagne, au cœur du nouveau Strasbourg, construit en liaison avec l’agglomération kehloise proche et ouvert sur… les deux rives du fleuve !

Des opportunités pour Kehl et l’Eurodistrict ! – Présenté dès 2010 sous l’appellation de «projet Tamaris», le pôle mettra quatre ans avant de se concrétiser sous un nouveau nom : «RHENA», évocateur de sa position aux bords du Rhin et expression écrite d’une appellation un peu plus compliquée : «Regroupement Hospitalier d’Excellence Né d’une Alliance». Un nom évocateur des fondements et des ambitions d’un regroupement placé d’entrée sous le signe de l’excellence et offrant à lui seul (avec 373 lits et places) 36% de l’offre chirurgicale et 21% des soins dispensés dans la zone de proximité de Strasbourg en médecine, chirurgie et obstétrique. Il est évident que cette offre est ouverte à la rive française, mais elle doit aussi l’être à la rive allemande et notamment aux habitants de l’agglomération de Kehl, privée -par exemple- d’un département obstétrique / gynécologie transféré, depuis Janvier 2013 à l’hôpital d’Achern !

Cela suppose que les discussions engagées dans le cadre de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau pour «mutualiser» l’offre médicale et chirurgicale aboutissent enfin avec la complicité des caisses d’assurance-maladie, des autorités locales, des gouvernements et des… responsables de cliniques qui raisonnent trop souvent en concurrents plutôt que d’intégrer les notions de complémentarité, de coûts et de rationalité. Il est vrai que les patients / clients doivent, eux aussi, intégrer le «transfrontalier» dans leur approche en matière de soins. Des solutions ont pu être trouvées, au cas par cas : cela laisse augurer des évolutions positives à l’avenir.

101 millions d’investissements, 1.100 emplois ! – «Rhena» en bénéficiera sans doute, elle qui investira 101 millions d’Euros, dans une réalisation qui occupera 120 personnes / jour pendant les 32 mois prévus pour la durée du chantier et qui emploiera, lorsque les premiers patients seront accueillis début 2017, 1.100 professionnels de la santé dont plus de 200 médecins et infirmiers / infirmières. Le chantier implique à 60% des entreprises locales ! Les bâtiments (dont l’un à 7 niveaux culminera à 35 mètres de hauteur) seront installés sur un terrain de près de 5 hectares, offrant 600 places de parking, à 150 mètres d’un arrêt de la ligne «D» du tram Strasbourg-Kehl. Les installations -à la pointe de la technologie- disposeront de 18 salles d’opération, de 4 salles d’endoscopie, de 8 salles d’accouchement dont une pour les urgences. Chaque unité d’hébergement sera constituée de 24 chambres simples (dont 2 chambres permettant l’accueil de personnes en situation de handicap, 3 chambres pouvant accueillir un accompagnant et 1 chambre d’isolement) et de 3 chambres doubles. La proportion des chambres individuelles est de 89%. A noter que plus de 70% des activités chirurgicales et endoscopiques seront réalisées en «ambulatoire».

Opérations immobilières en ville. – L’investissement bénéficiera, notamment, de subventions du Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, de l’Agence Régionale de la Santé, mais il reposera aussi sur les ressources propres des trois cliniques à l’origine de la réalisation. Parmi ces ressources, les recettes tirées de la vente des locaux actuels qui donneront lieu à deux opérations immobilières à proximité du centre-ville et qui permettront l’extension de composantes du «Campus des Technologies Médicales», à la lisière de l’IHU, de l’IRCAD et du CHUS (1). Deux opérations immobilières offrant des logements et l’aménagement dans la mesure des demandes, d’aires de services (bureaux, maison de retraite, commerces) seront menées à bonne fin pour le site de la clinique Sainte Odile (quartier du Neudorf) et pour celui de la clinique Adassa (proche du centre-ville, Place de Haguenau).

Bien engagé dans un chantier dont la fin devrait permettre l’accueil des premiers patients au début de 2017, les trois mousquetaires à l’origine du projet en cours, pourraient bien devenir quatre (voire davantage)… comme dans le roman d’Alexandre Dumas ! En effet, non seulement le terrain permettra des extensions ultérieures en interne, mais il a aussi été pensé pour offrir à des partenaires extérieurs, l’opportunité de s’implanter à proximité immédiate du pôle médical. Celui-ci pourrait ainsi accueillir des «Maisons Médicales» susceptibles d’héberger des acteurs de la prise en charge des patients, et dont l’activité serait liée à celle de la clinique.

Le pôle médical des Deux Rives – «Rhéna» donc, offre ainsi à Strasbourg, mais aussi à l’Ortenau, des opportunités nées de la volonté de rapprocher les deux rives du Rhin, au sein d’une agglomération qui se côtoie en attendant de s’interpénétrer, pour le plus grand bien de leurs habitants.

(1) IRCAD : Institut de Recherches contre les Cancers de l’appareil Digestif ; IHU : Institut Hospitalo-Universitaire ; CHUS : Centre Hospitalier Universitaire de Strasbourg.

1 Kommentar zu «Rhena» – une clinique strasbourgeoise pour l’Eurodistrict ?

  1. Bel article sur ce projet phare dans l’Eurométropole (officiellement en janvier 2015) et l’Eurodistrict. La ville change de dimension …

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