Rishi Sunak dirigera désormais la Grande Bretagne

Si, après Boris Johnson et Liz Truss, le nouveau premier ministre britannique semble bien moins fou, la Grande Bretagne fait quand même partie de ces pays qui se fichent pas mal de la démocratie.

Moins de 400 élus britanniques ont désigné Rishi Sunak comme nouveau chef du gouvernement. Foto: HM Treasury / Wikimedia Commons / OGL 3.0

(KL) – Finalement, tout allait vite. Après la démission de Liz Truss comme cheffe du gouvernement britannique, les autres candidats, en particulier le revenant Boris Johnson et Penny Mordaunt, se sont rapidement rangés derrière la candidature de l’ancien ministre des finances et cette fois, les Tories se sont aussi passés d’un vote, ne serait-ce que parmi les adhérents du parti conservateur. La démocratie britannique a pris un sacré coup, en Grande Bretagne, ce sont aujourd’hui moins de 400 élus qui déterminent l’avenir du pays. Mais est-ce que le propre d’une démocratie n’est pas que les dirigeants soient déterminés par le peuple et non pas dans un entre-soi de personnes riches et puissantes ?

Le nouveau chef des conservateurs et donc aussi, le nouveau Premier Ministre britannique, avait échoué lors de la désignation du successeur de Boris Johnson. Il y a deux mois, les Tories avaient fait voter leurs adhérents qui avaient le choix entre Liz Truss et Rishi Sunak, mais les environ 160.000 adhérents des conservateurs n’arrivaient pas voter pour ce fils d’immigrants et multimillionnaire de 42 ans – la xénophobie fait partie de l’ADN des conservateurs britanniques et voter pour un descendant d’une famille issue d’une minorité ethnique, allait contre les convictions des conservateurs. Pour éviter que cela se passe une deuxième fois, les Tories ont trouvé la parade – on ne fait plus voter personne, ainsi, on n’a pas à gérer un résultat de vote qui ne convient pas.

Si Rishi Sunak est le premier représentant d’une minorité ethnique à diriger la Grande Bretagne, il convient quand même de se poser des questions quant au spectacle politique que la Grande Bretagne présente au monde depuis 2016. Il fut un temps où le gouvernement britannique était désigné par des élections générales et libres, où la Grande Bretagne, pourtant une monarchie, était un pays démocratique. Aujourd’hui, le gouvernement britannique est désigné derrière des portes fermées à Westminster et on s’en fiche du souhait des Britanniques.

En Grande Bretagne, comme dans d’autres pays, l’électorat devient accessoire. En France, on utilise le 49.3 lorsque les députés ne votent pas comme le souhaite le gouvernement et le président menace de dissoudre l’Assemblée Nationale si cette dernière ne vote pas comme ça arrange le président. En Grande Bretagne, on ne fait même plus voter le peuple, on désigne le chef du gouvernement. Et nous osons donner des leçons de démocratie au monde ?!

Aujourd’hui, personne ne sait si Rishi Sunak sera un bon chef de gouvernement ou pas. En tant que multimillionnaire, on peut espérer qu’il soit moins réceptif à la corruption, mais finalement, on n’en sait encore rien. Ce que l’on sait, c’est qu’on est en train d’abolir, étape par étape, la démocratie. Le concept du peuple comme « souverain suprême » n’a plus cours, et cette évolution est très dangereuse. Souhaitons bonne chance à Rishi Sunak – il en aura besoin.

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