Rita Maestre versus le Scalextric

La conseillère municipale d’opposition, ambitionnant de conquérir la mairie de Madrid, veut mettre à terre un pont autoroutier une fois élue. Coup de comm’ ou élément d’un projet global ?

La M-30, un axe autoroutier d’un autre temps. Foto: Michiel1972 / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Le ticket Maestre que nous avions pressenti l’automne dernier, n’était pas plus une vue de l’esprit qu’un vœu pieux. La bouillante militante et conseillère Rita Maestre est bien candidate aux municipales de mai prochain, sous les couleurs de « Más Madrid », le parti de son mentor Manuela Carmena, ex-maire de la capitale espagnole.

La première mesure qu’elle prendra une fois élue, annonce-t-elle, sera une démolition ! Celle du Scalextric de Puente de Vallecas, le viaduc d’une autoroute urbaine séparant ce quartier connu pour son éco-boulevard et celui de Retiro juxtant le centre-ville. Une démolition qui, par la suppression de sa partie sur pilotis, transformerait considérablement l’autoroute M-30, comptant actuellement 20 voies de circulation (8 aériennes, 6 au niveau du sol et 6 en sous-sol). Un vestige de l’urbanisme du XXe siècle, dont de nombreux riverains demandent la démolition, car source de nuisances continues.

Mais il n‘y pas que cela, car si la partie viaduc de l’autoroute génère du bruit, elle a aussi un effet de frontière entre un quartier très vert (Retiro) situé à l’est du centre et un autre au sud-est plus urbanisé (Puente de Vallecas). Évoquée avec l’actuelle Municipalité, mais sans grands effets, la démolition de cet édifice doit aller de pair avec une réduction du trafic automobile dans la ville. Soit l’exact opposé de ce que promeut José Luis Martínez-Almeida, l’actuel maire de la ville qui, pour maintenir le statut quo, met également en avant le coût financier d’une telle opération que ses services estiment à 100 millions d’Euros. Or, l’opposition avait présenté en 2021, avec Rita Maestre, un projet de refonte intégrant des espaces verts, des installations sportives et des modes de transport durables.

Jusqu’à 170.000 véhicules empruntent quotidiennement ce viaduc et les riverains réclament sa démolition depuis plus de dix ans, car les nuisances sonores et la pollution n’ont fait qu’augmenter. Le dimanche 12 juin 2022, le collectif FRAVM a organisé une journée d’action intitulée « Fuera el Scalextric » (Dehors le Scalextric) et dont un mot d’ordre était « El sur también tiene derecho a respirar aire limpio » (Le sud a aussi le droit de respirer de l’air pur). Ce à quoi l’actuelle Municipalité répond par un projet d’enfouissement des lignes de métro, mais le compte n’y est pas, car c’est la circulation sur l’ensemble de la capitale qu’il faudrait repenser, le démantèlement du Scalextric n’étant qu’un élément parmi d’autres, mais l’un à la fois des plus symboliques et nécessaires.

Rita Maestre, si elle est élue, le mettra-t-elle à terre ? On peut dès à présent prendre les paris pour la première étape de son ambition. A savoir, permettre à la gauche de revenir au pouvoir dans la capitale qui, sous la gouvernance de Manuela Carmena, ne s’en sortait financièrement pas si mal : 54% de dettes en moins en 4 ans et un excédent comptable, alors que José Luis Martínez-Almeida a, en un seul mandat, réussi à mettre les finances de la ville pour la première fois dans le rouge depuis 12 ans.

Lorsqu’on écoute le discours de Ritra Maestre et de son parti, le projet de destruction du Scalextric n’est pas un coup de comm’, mais un élément d’une approche globale dont la première étape sont les élections municipales du 28 mai prochain. Moment important pour les 8.731 Communes espagnoles et date à laquelle seront aussi renouvelés les parlements des 14 Communautés Autonomes. Pour mémoire, la Communauté Autonome de Madrid a, depuis 2019, à sa tête Isabel Natividad Díaz Ayuso et la ville de Madrid, José Luis Martínez-Almeida, tous deux membre du Partido Popular (PP).

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