Russie-Caucase : menaces de mort pour une grande journaliste

Il faut intervenir pour sauver Elena Milachina

Il faut défendre et sauver Elena Milachina Foto: USDS/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/PD

(Marc Chaudeur) – Elena Milachina, grande journaliste russe, a reçu des menaces de mort directes du président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov : parce qu’elle ose nous informer sur le COVID-19 et son non-traitement par ce gouvernement de compradores de Poutine… Il faut sauver la vie de cette femme admirable, sur laquelle beaucoup devraient prendre exemple !

Des associations de défense des droits humains ainsi que des organismes de protection des journalistes nous informent que le 13 avril dernier, Kadyrov, qui a oublié l’histoire de son pays (celle de Chamil et de Hadji Murad) et paillasson du nouveau Tsar Poutine, a publié une vidéo sur instagram. Il y appelle le gouvernement russe et le FSB (le service de sécurité à la fois public et secret, héritier direct du KGB) à « arrêter ces sous-hommes qui écrivent des articles et provoquent mon peuple » (à quoi?). Kadyrov, main armée et verrou sûr du pouvoir colonial russe, ajoute que si le FSB n’agit pas, ce sera un Tchétchène qui, sur place, sera obligé de tuer Elena Milachina ! En clair : si vous ne vous « occupez » pas de cette citoyenne russe, nous devrons nous en « occuper » nous mêmes…

Ce qui a déjà failli être accompli le 6 février 2020 à Groznyi : Elena Milachina et une avocate qui l’accompagnait, Marina Dubrovina, ont été tabassées par un pack de caillera qui avait surgi sans crier gare dans leur hôtel, en plein centre de la « capitale » tchétchène. Elle enquêtait entre autres sur un blogueur, Islam Nukhanov, enlevé et torturé parce qu’il évoquait sur une vidéo le train de vie satrapesque de responsables régionaux… Plus tôt, à la mi-juin 2015, elle avait reçu des menaces de mort parce qu’ elle avait révélé le « mariage » d’un dirigeant de la police tchétchène qui était déjà marié : aïe aïe, c’était – de surcroît – un proche (tout proche) de Kadyrov…

Et trois ans avant, le 5 avril 2012, plus grave encore : deux hommes ont agressé Elena et une amie militante pour la liberté d’expression, Ella Asoyan, alors qu’elles traversaient une banlieue de Moscou et se dirigeaient vers un centre de journalistes. Les deux hommes ont frappé très violemment jusqu’à l’intervention de passants. Bilan pour Elena : commotion cérébrale, ecchymoses multiples, et une dent cassée.

Mais pourquoi tant de haine ? La veille du clip kadyrovien, le 12 avril, Elena Milachina a publié un article dans la Gazeta intitulé : ” Mourir du coronavirus : un moindre mal. – En Tchétchénie, quand les personnes contaminées sont assimilées à des terroristes, elles se cachent et meurent chez elles.”

Le sang de Kadyrov n’a fait qu’un tour : le COVID-19 chez moi ? Des personnes assimilées à des terroristes ?! Vite, clouons lui le bec !

Elena est menacée depuis bien longtemps. Il s’agit d’une femme d’un courage indestructible, tout comme sa « mentor » de la Novaia Gazeta assassinée début octobre 2006 , Anna Politkovskaia. Née en 1978, elle enquête depuis une dizaine d’années sur des histoires de trafics divers, de terrorisme islamiste et autres, des affaires militaires, et last but not least, de tortures et d’enlèvements dans le Nord Caucase (en Tchétchénie, mais aussi dans les républiques voisines, notamment au Daghestan).

Elena Milachina a reçu en 2013 l’International Women of Courage Award, décerné chaque année par le Département d’Etat américain, en même temps que 7 āutres femmes. Profitons en pour évoquer le souvenir ému d’une autre lauréate à la personnalité extraordinaire : la Syrienne Razan Zaitouneh, militante pacifiste des Droits de l’Homme, enlevée dans son pays début décembre 2013 et dont nul n’a eu aucune nouvelle depuis sa disparition…

Il faut que nous nous battions pour sauver Elena Milachina. Chaque fois que la vie d’un journaliste d’investigation est menacée, c’est quelque chose de la liberté du monde qui est menacé.

Amnesty International propose pour ce faire une action à trois volets : signature d’une pétition, action sur Twitter, envoi d’un courriel au Président russe.

Voici l’adresse : https://www.amnesty.fr/actions-mobilisation/3-actions-simples-pour-elena-milachina/

Et aussi : https://novayagazeta.ru/

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