S21 devient S25

Le projet pharaonique de gare souterraine à Stuttgart devient un cauchemar pour le Bade-Wurtemberg.

On attend que ce chantier pharaonique dépasse la barre des 10 milliards d'euros... Foto: Mussklprozz / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Si en France, des projets d’infrastructure comme NDDL ou le GCO font l’objet de nombreuses contestations, l’Allemagne devient de plus en plus le champion des projets d’infrastructure qui ne fonctionnent pas. Personne ne sait si le nouveau aéroport de Berlin sera jamais inauguré (ayant déjà coûté bien plus de 5 milliards d’euros), l’Elbphilharmonie à Hambourg, certes magnifique, aura coûté 10 fois plus que prévu et maintenant, le projet de la gare souterraine à Stuttgart, « S21 », risque de battre tous les records.

Si les coûts de ce projet avaient été estimés au début à 2,8 milliards d’euros, on estime aujourd’hui que l’ardoise finale s’élèvera à 8,2 milliards d’euros, et cette somme pourra encore être revue à la hausse. Et bien entendu, S21 ne sera pas achevé en 2021, mais, dans le meilleur des cas, en 2025, si toutefois il aboutit.

S’il est louable que le porte-parole de la Deutsche Bahn, Ronald Pofalla, communique ces chiffres « dans un souci de transparence », force est de constater que la population du Bade-Wurtemberg a été bernée par son propre gouvernement. Car la décision concernant S21 avait fait l’objet d’un référendum en 2011 mais, à l’instar du vote sur le « Brexit », sur la base d’informations erronées. A l’époque, le projet était évalué officiellement à 4,1 milliards d’euros et c’est sur ce budget que les habitants du Bade-Wurtemberg avaient voté. Si les électeurs avaient su que le projet allait coûter au moins le double, le « oui » l’aurait-il emporté ?

S21 est, comme de nombreux grands projets, un exemple d’amalgame malsain entre intérêts économiques et politiques. La « nécessité » du projet résulte des obligations contractuelles entre la Deutsche Bahn, le Land et de la ville de Stuttgart. Un peu comme dans la relation entre l’État français et le groupe Vinci.

La méfiance de la population vis-à-vis des grands projets s’explique en partie par le fait qu’on nous ment systématiquement. Il est évident qu’un chantier d’une telle envergure passe mieux, au départ, en minimisant les coûts. Les citoyens en retiennent qu’on leur dissimule la vérité pour favoriser les affaires des grandes entreprises. Des projets comme « S21 », le monde pourrait très bien s’en passer…

2 Kommentare zu S21 devient S25

  1. L’Allemagne a-t-elle encore les ingénieurs du génie civil qu’il faut après des années de disette dans l’investissement en infrastructures?

    • Eurojournalist(e) // 28. Januar 2018 um 18:52 // Antworten

      Bonne question. Et si jamais elle en dispose, on peut se demander ce qu’ils ont fait ces dernières années…

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