Sans N2O, la fête sera plus saine !

L’usage détourné du protoxyde d’azote est à l’origine de nombreux troubles, pouvant s’avérer rapidement invalidants et même parfois mortels.

De plus en plus de parkings et d’abords de lieux festifs sont jonchés de ces petits récipients vides facilement reconnaissables. Foto: Philafrenzy / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Connu depuis des décennies pour son usage alimentaire, notamment dans les siphons à crème chantilly, le protoxyde d’azote (N2O), appelé aussi gaz hilarant, est à l’origine de nombreux troubles neurologiques chez les jeunes l’inhalant pour ses effets euphorisants et les distorsions sensorielles qu’il provoque. Conseillés par des influenceurs qui font trop tard leur mea culpa, mais aussi portés par l’effet de groupe, ils en viennent à surconsommer ce produit en le détournant totalement de sa vocation initiale.

En France, depuis juin 2021, une loi vise à prévenir les usages dangereux du protoxyde d’azote, que les jeunes nomment « proto ». Employé en anesthésiologie, l’usage médical de ce produit classé numéro trois sur l’échelle des gaz à effet de serre, est en baisse dans les blocs opératoires. Connu sous l’appellation « Meopa », il reste en l’absence de produit de remplacement, intéressant aux urgences pédiatriques, précisait courant avril dernier le professeur Claude Escoffey du CHU de Rennes.

Comme toute substance, et notamment médicamenteuse, son emploi inapproprié et/ou abusif et/ou excessif a inévitablement de graves conséquences. Or, le protoxyde d’azote est d’autant plus dangereux, qu’il ne se délivre pas en pharmacie, mais s’achète dans les supermarchés aux rayons des ustensiles de cuisine. Conditionné dans des cartouches, il est, malgré la récente législation, facilement accessible. Preuves en sont les parkings et abords de lieux festifs, jonchés de ces petits récipients vides et aisément reconnaissables.

Il y a une dizaine d’années, une publicité affirmait que « Sans alcool, la fête est plus folle » et bien avant cela, au milieu des années quatre-vingt, la promotion de la première bière française sans alcool précisait très justement « On peut en boire jusqu’au bout de la nuit ». Pourquoi dans l’esprit de nombre de nos concitoyens, les mots festivités et toxicités sont-ils si souvent associés ? Le premier, qui est à bon droit revendiqué, cache le second susceptible de détruire des vies tout en enrichissant les investisseurs et intermédiaires de commerces licites ou illicites.

Nous ne répondrons pas ici à cette question, mais à quelques jours de la nuit de la Saint Sylvestre, rappellerons que l’inhalation de protoxyde d’azote répétée et à intervalles rapprochés et/ou à fortes doses, provoque de sévère troubles neurologiques, psychiatriques, hématologiques et cardiaques. Son association à d’autres produits toxiques tels que l’alcool ou les stupéfiants, en majore considérablement les conséquences.

Pour ceux en consommant occasionnellement, pensant qu’une fois n’est pas coutume et qu’il faut que jeunesse se passe, ils serait bien qu’ils aient connaissance des risques immédiats tels que l’asphyxie par manque d’oxygène, la fausse-route due à la perte du réflexe de toux et donc provoquant l’étouffement, la perte de connaissance, la désorientation et les vertiges susceptibles de générer des accidents. Sans oublier que ce gaz inflammable, est aussi à l’origine de brûlures par le froid.

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