São Jorge sous la menace du dragon

L’île açorienne de São Jorge est depuis bientôt un mois sous la menace d’une éruption volcanique.

São Jorge, une île 55 km de long pour 7 km de large, constituée de 200 volcans ! Foto: Unknow author / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Malgré quelques articles de presse, l’archipel des Açores étant moins connu que celui des Canaries, l’info est quelque peu passée sous les radars. La série de séismes secouant l’île de São Jorge depuis le 19 mars à 17h19, a progressivement provoqué la mise en sécurité d’une partie de ses 10.500 habitants, soit à distance de l’épicentre du phénomène sismique, soit dans une île voisine de Pico. Si le scénario et le contexte sont différents de ceux de l’éruption de la Cumbre Vieja, le risque demeure présent.

Le 12 avril, le Centro de Informação e Vigilância Sismovulcânica dos Açores (CIVISA) rapportait que depuis deux nuits consécutives, les habitants de São Jorge n’ont pas ressenti de secousses. Au total, depuis le 19 mars, 240 séismes ont été perçus par la population, avec un pic d’intensité atteignant 3,8 sur l’échelle de Richter le 29 mars, soit un « petit » séisme (3,0 à 3,9). Mais les sismomètres en ont enregistré plusieurs milliers.

La Protection Civile et les services de l’État se sont montrés efficaces et restent en alerte, car cette île compte quelques 8.400 habitants. Si les éruptions volcaniques majeures recensées à São Jorge remontent à 1580 et 1808, il n’en demeure pas moins qu’en 1964, une éruption sous-marine a bien eu lieu à 10 km de Velas. Or, des phénomènes similaires, mais de moindre importance, ont depuis été signalés au sud et sud-ouest des côtes de l’île.

Espagne et Portugal, pays, par certains aspects liées à un destin commun, collaborent en matière de recherche volcanologique. Ainsi, une équipe de l’Instituto Volcanológico de Canarias Involcan s’est récemment rendue sur place pour prêter main-forte au Centro de Informação e Vigilância Sismovulcânica dos Açores (CIVISA). La mission de ces scientifiques est de former leurs collègues à l’utilisation de capteurs optiques mobiles estimant à distance notamment les émissions de dioxyde de soufre, ainsi que des scientifiques de l’Institut de Investigação em Vulcanologia e Avaliação de Riscos (IVAR) de l’Universidade dos Açores (Uac).

En cas d’éruption volcanique à São Jorge, des experts estiment à 20 millions de m² le volume de magma pouvant remonter à la surface. Ce qui est dix fois moins que ce qu’ont expulsé les six cratères de la Cumbre Vieja en 85 jours, agrandissant ainsi l’île de 48 hectares. Or, São Jorge a une superficie trois fois moins grande que La Palma, pour une population neuf fois moins importante. Le tourisme y est moindre, en comparaison de l’île canarienne, et pour la comparer à l’une de cet archipel, on pourrait se référer à El Hierro.

Le niveau d’alerte actuel est de 4 sur 5. Selon Fátima Viveiros du CIVISA, l’hypothèse d’une éruption modérée n’a rien de surréaliste, même si jusqu’à présent, ne sont observés sur l’île que des phénomènes sismiques. Analyse que partagent d’autres scientifiques. Trois scenarii d’éruption sont possibles : à proximité de Velas comme le Vulcão da Urzelina en 1808 ou sous-marine comme en 1964 au sud-ouest de la côte ou le long des principales zones de fissure de l’île. Les militaires envoyés sur place assurent, sous la direction du Commandant Rui Costa, surveillance et escortes nécessaires et un plan d’évacuation d’urgence a été prévu dès le 23 mars.

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