« Sauver le patrimoine, c’est aussi ouvrir le regard de l’humanité »
Focus du « Micro européen » sur France Info sur la sauvegarde du patrimoine avec le WMF (World Monuments Fund), une organisation internationale privée à but non lucratif dédiée à la protection de monuments exceptionnels à travers le monde. Mathilde Augé, directrice exécutive du WMF France, explique cette mission cruciale.

(José-Manuel Lamarque / France Info) – Le WMF (World Monuments Fund) France, s’occupe de la préservation du patrimoine notamment à travers deux projets européens emblématiques. La chapelle de la Sorbonne à Paris, récemment inscrite sur la Watch 2025, va enfin connaître une restauration après plus de 25 ans de fermeture. En Espagne, le village de Belchite, témoin des atrocités de la guerre civile, fait l’objet d’une intervention urgente pour stabiliser ses ruines, afin de préserver ce site historique avant qu’il ne disparaisse. Pour Mathilde Augé, directrice exécutive du WMF France, ces projets témoignent de l’engagement du WMF à protéger des monuments partout dans le monde, pour les générations futures.
Mathilde Augé parlez-nous la chapelle de la Sorbonne à Paris.
Mathilde Augé : La chapelle de la Sorbonne est un monument qu’on vient de placer sur la Watch 2025. La Watch 2025, c’est une liste que l’on élabore tous les deux ans et qui recense 25 sites dans le monde sur lesquels on va commencer à travailler. La chapelle de la Sorbonne a été complètement fermée au public depuis 1999. Mais avant ça, depuis mai 68, elle était ouverte ponctuellement pour des expositions d’art. Donc depuis plus de 25 ans, plus personne n’y a mis les pieds.
Vous allez vous atteler à sa restauration ?
MA : Nous allons commencer à partir de maintenant à travailler à la restauration et à la réouverture de la chapelle, en partenariat avec la Ville de Paris et la Chancellerie des universités.
Autre lieu européen, là, il s’agit d’un village près de Saragosse, dans la province d’Aragon. C’est Belchite qui a été détruit durant la guerre d’Espagne. Les nationalistes et les républicains se sont affrontés là, et Belchite est jumelée avec Oradour-sur-Glane.
La cité a été complètement détruite pendant la guerre d’Espagne. Aujourd’hui, c’est vraiment un village en ruine. Le village moderne a été reconstruit à proximité, il ne reste que des ruines. Effectivement, le parallèle avec Oradour-sur-Glane est évident, c’est un petit peu une histoire similaire d’un village dont aujourd’hui on a gardé les ruines en testament de cette histoire. À Belchite, l’idée est de commencer à stabiliser ces ruines, parce qu’on a estimé avec des experts du patrimoine que si on ne faisait rien d’ici une vingtaine d’années, il n’y aurait plus rien qui rappellerait la présence de Belchite. Donc l’enjeu, c’est vraiment de stabiliser ces ruines et de travailler à la médiation, à l’interprétation autour de cette histoire pour pouvoir accueillir les visiteurs, plus de 38 000 par an aujourd’hui. Quand on protège le patrimoine, on peut raconter toute l’histoire qui est liée à ce monument particulier et les symboles qu’elle contient.
En Albanie, la vallée du Drino, c’est la sauvegarde de monastères ?
MA : De monastères médiévaux. Des lieux absolument magnifiques, aujourd’hui dans un état très mauvais pour la plupart d’entre eux, sur lesquels il va falloir que l’on travaille à la restauration et aussi à la visite de ces sites.
Ces monuments que vous restaurez sont proposés dans votre fameuse liste qu’on appelle la Watch. On vous les propose ?
MA : C’est exactement ça. Nous travaillons à partir d’un appel à candidatures à nomination. Il est ouvert à tous, particuliers, gestionnaires de sites, structures étatiques. Tout le monde peut faire une candidature pour un site. On les étudie en interne et ensuite, un comité d’externes fait la sélection finale. On ne travaille que sur des sites qui sont accessibles au public.
Combien y a-t-il de projets dans le monde ?
MA : Nous avons actuellement une soixantaine de projets dans environ une cinquantaine de pays.
Pouvez-vous nous parler du projet autour de la Lune ?
MA : Nous avons inscrit la Lune sur notre Watch 2025. Alors pour nous, c’est davantage un programme de plaidoyer pour demander la mise en place d’un cadre international de protection du patrimoine de la Lune sur le modèle du traité de l’Antarctique en 57. C’est-à-dire qu’il faut au moins la protéger, avoir conscience qu’elle est là et mettre en place toutes les conditions pour qu’elle ne soit pas abîmé au fur et à mesure de toutes les nouvelles activités à venir sur la Lune.
Un lieu sur la Lune qui est inscrit par la Californie, c’est la base de la tranquillité.
MA : La base de la tranquillité, c’est là où il y a les empreintes de pas sur la lune et c’est là où on a le gros des artefacts sur la Lune, environ 90.
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