Scandale d’écoutes – déjà dans la «République de Bonn»…

WikiLeaks a dévoilé que l’espionnage américain date déjà depuis les années de la «République de Bonn». Mais plus personne ne semble s’y intéresser.

Ah, il est beau, l'aigle américain avec son casque... Foto: http://www.eff.org/nsa / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0US

(KL) – Le scandale des écoutes américaines en Europe devient de plus en plus transparent, grâce à la plate-forme WikiLeaks. Si en 2013, la chancelière Angela Merkel s’était encore montrée étonnée d’avoir été la cible des écoutes de la NSA, il paraît que ces espionnages datent de l’époque des gouvernements de Helmut Kohl et de Gerhard Schröder. WikiLeaks vient de publier une nouvelle liste de personnalités politiques ayant fait l’objet d’une écoute américaine. Mais ni les personnes concernées, ni le grand public ne semble encore s’intéresser à ce scandale. «Que voulez-vous qu‘on fasse, ils font, de toute manière, ce qu‘ils veulent»…

Pourtant, les nouvelles révélations ne manquent pas d’intérêt – ainsi, Ronald Pofalla, ancien chef de la chancellerie, figure sur cette liste, celui qui avait déclaré depuis Washington en 2013 que le scandale était clos et que les Américains avaient accepté de ne plus espionner le gouvernement allemand. Naïveté ou incompétence ? Au moins, Pofalla avait tiré les conclusions et a quitté la politique pour capitaliser sur son réseau en tant que lobbyiste pour la Deutsche Bahn.

D’autres personnalités figurant sur cette liste qui, à coup sûr, n’est pas exhaustive – les gouvernements de Helmut Kohl (CDU) et de Gerhard Schröder (SPD), l’actuel chef de la chancellerie Peter Altmaier (CDU), l’un des faucons de la CDU, Volker Kauder, mais aussi les anciens chefs des services secrets Klaus-Dieter Fritsche et Ernst Uhrlau, mais également Ronald Pofalla (CDU), l‘actuelle ministre de l‘environnement Barbara Hendricks (SPD) et d‘autres. Cri d‘indignation dans la population ? Néant. Note de protestation remise à l‘ambassadeur américain ? Néant. La «Une» des journaux de demain ? Certainement pas.

Il y en a ceux qui disent d‘avoir toujours été au courant comme l‘ancien chancelier Gerhard Schröder (SPD, «je pensais toujours que nos frères nous écoutaient…»), les incrédules comme Ronald Pofalla ou ceux qui n‘osent pas s‘indigner ouvertement. Et ceux qui trouvent normal que la politique européenne soit espionné – ce qui enlève le besoin de négocier le traité sur les libres échanges TTIP derrière des portes fermées. De toute manière, les Américains savent toujours en avance ce que les européens vont proposer. Et après tout, pourquoi négocier un tel accord avec un état qui, malgré l’appellation «ami», se comporte comme se comporterait un ennemi ?

56 numéros de responsables politiques figurent sur cette nouvelle liste de cibles de la NSA. Les Allemands, quant à eux, ont espionné le gouvernement français et la Commission Européenne. Les Anglais ont aidé les Etats-Unis à espionner la France et l’Allemagne. Par conséquent, la France a du espionner la Grande Bretagne et l’Allemagne. Car à ce jeu, tout le monde veut participer, personne ne veut rester en rade…

Non, nous n’avons pas les moyens pour soutenir la Grèce ou pour sauver les naufragés de la Méditerranée, mais nous avons suffisamment de moyens pour nous permettre ce jeu idiot qui consiste à ce que tout le monde s’espionne mutuellement. Dommage que le gens soient déjà tellement résigné que même un tel scandale ne suffit plus pour mobiliser les gens à se rebiffer contre une conception politique qui n’est non seulement un anachronisme, mais un danger pour le concept de la démocratie en Europe.

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