« Schoooolz ! »

Le SPD vient de désigner son candidat pour l'élection législative en 2021. Le candidat, Olaf Scholz, est censé copier Angela Merkel. Mais ce sera difficile, très difficile.

Difficile d'imaginer qu'il fasse mieux que ses malheureux prédécesseurs... Foto: © Citron / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Mais quel est le problème du SPD ? Lorsque l’on regarde les 4 derniers candidats au poste de chancelier, on comprend pourquoi les socio-démocrates n’arrivent plus à décoller en restant englués dans les sondages autour de 15%. Olaf Scholz, déjà candidat malheureux pour la présidence du parti (les membres du SPD lui avaient préféré les inconnus Saskia Esken et Norbert Walter-Borjans), représente certes des valeurs de « gauche », mais doté du charisme d’un expert-comptable après une semaine caniculaire, il aura du mal à enthousiasmer les électeurs et électrices allemands. Pourtant, le SPD dispose, comme le PS en France, de nombreux jeunes talents politiques. Mais ce n’est pas le talent qui compte dans les partis politiques : seulement les réseaux.

Le SPD poursuit donc sur sa lancée : il propulse des candidats quelconques. Frank-Walter Steinmeier avait échoué, tout comme Peer Steinbrück. Suivait alors Martin Schulz, bien connu à Strasbourg depuis son époque du Parlement Européen, mais inconnu des Allemands. Et maintenant, Olaf Scholz. Le profil est toujours le même : homme, début soixantaine, ni trop à gauche, ni trop à droite – mais l’espoir que ces « messieurs tout-le-monde » puissent fédérer un large spectre de l’électorat a déjà échoué trois fois – Olaf Scholz perpétuera donc une tradition. La tradition de ceux qui, par peur d’un changement, préfèrent s’agripper au monde d’avant-hier au lieu d’oser l’innovation.

Certains de ces « jeunes talents » disposent même déjà de compétences acquises dans des postes à responsabilité, comme le ministre du Travail Hubertus Heil ou le chef des Jeunes Socialistes Kevin Kühnert, On pourrait aussi penser à la Ministre-Présidente de la Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer, ou à Manuela Schwesig, Ministre-Présidente du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale – et cette liste n’est pas exhaustive. Mais le SPD, comme toujours, préfère miser sur des hommes d’un certain âge pour ratisser un électorat au centre qui n’existe même plus.

Dans la situation actuelle marquée par des crises extraordinaires au niveau national et international, le SPD mise donc sur la « normalité » en copiant sur Angela Merkel. Mais contrairement à « l’animal politique » Angela Merkel, Scholz ne rassure pas : il représente la caste des apparatchiks et des fonctionnaires. Terne. Pas du tout enthousiasmant.

Pourtant, Scholz défend effectivement des valeurs « de gauche », comme une augmentation sensible du salaire minimum, l’engagement de l’Etat dans la construction de nouveaux logements sociaux, l’égalité femmes-hommes, mais d’autres pourraient incarner ces valeurs mieux que lui.

Si le SPD a raison de présenter déjà maintenant son candidat, au lieu de s’enliser dans un long processus de désignation comme la CDU, il aurait du choisir un ou une candidate qui représenterait un renouveau, un changement, une adaptation au monde d’aujourd’hui.

Et nous voilà devant le problème qui concerne quasiment tous les partis politiques en Allemagne, mais aussi en France. Les partis sont des structures lourdes, administratives, fonctionnant selon les réseaux des uns et des autres.Et le temps qu’un ou une jeune arrive en position d’être éligible pour une grande candidature, eh bien, les jeunes sont devenus vieux et font partie de ceux qui ne veulent pas de changement. Mais les électeurs veulent un changement. Et donc, ils auront du mal à voter pour Olaf Scholz.

Pour le SPD, cela veut dire que le nouveau départ ne pourra se faire qu’en 2025. Et d’ici là, les socio-démocrates continueront leur descente aux enfers. Dommage, encore une occasion de loupée…

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