Sécher les cours ? Il ne vaut mieux pas…

A Berlin, les autorités ne plaisantent plus face à l’absentéisme des élèves dans les écoles. Les peines peuvent aller jusqu’à l’emprisonnement.

Ce n'est pas en incarcérant les parents qu'on arrive à combattre l'absentéisme des élèves à l'école. Foto: Michael Coghlan from Adelaide, Australia / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – L’absentéisme à l’école constitue un vrai problème à Berlin, surtout dans les quartiers dits « chauds » comme Neukölln, Kreuzberg ou Marzahn. Les arrondissements berlinois sanctionnent les parents des élèves qui sèchent systématiquement les cours et ce, avec des amendes pouvant aller jusqu’à 2500 €. Mais dans les milieux défavorisés, les parents démunis rarement peuvent s’acquitter d’une telle amende occasionnée par leur progéniture – seulement un tiers des 867 amendes prononcées l’année dernière a été payé. Face à ce double désistement, les autorités envisagent maintenant des sanctions encore plus dures. Les parents qui ne peuvent pas payer pourront être envoyés en prison, pour une durée allant jusqu’à 6 semaines. Et cette contrainte par corps peut être répétée jusqu’à ce que les parents finissent par s’exécuter, à supposer qu’ils puissent y parvenir.

Etre pauvre est de plus en plus considéré comme étant un délit. Toutes les études sont claires à ce sujet – la condition sociale affecte très largement le cursus scolaire des enfants. Plus les parents sont pauvres, plus les enfants doivent se débrouiller seuls dans un contexte de précarité absolue. Peu étonnant que la majeure partie des cas d’absentéisme scolaire se situe parmi les plus démunis. Mais est-ce que la sanction financière est réellement le bon outil, sachant que les peines infligées à des parents totalement dépassés par leur rôle parental, ne pourront pas être assumées ? Donc, ces peines ne font qu’aggraver une situation que les parents, de toute manière, ne contrôlent pas. Et qu’ils ne contrôleront pas davantage sous la menace d’huissiers ou lorsqu’ils sont incarcérés.

Par conséquent, plusieurs arrondissements berlinois ont décidé de ne plus miser sur ces sanctions inutiles, mais en revanche préfèrent l’accompagnement psycho-social. Ainsi, les arrondissements Friedrichshain-Kreuzberg, Treptow-Köpenick et Charlottenburg-Wilmersdorf ne prononcent pas d’amendes à l’encontre des parents.

Toutefois, le sujet fait débat dans la capitale allemande. Ainsi, la sénatrice (ministre) de l’éducation de Berlin Sandra Scheeres (SPD) insiste sur la prononciation d’amendes et de contraintes par corps. Mais cela ressemble surtout à une sanction pour délit de pauvreté. Un parent qui se trouve dans l’impossibilité de s’acquitter d’une amende, contraint à plusieurs semaines d’emprisonnement, ne sera pas pour autant en mesure de payer cette amende en sortant de prison et donc, toute la procédure est destinée à recommencer ad eternam.

La société, que ce soit en Allemagne, en France ou ailleurs en Europe, se divise de plus en plus. Et partout, il y a une constante – on fait payer cher la précarité. Si cette évolution devait continuer, elle mènerait à des conflits sociaux importants. Qu’on se le dise à Berlin, Paris et ailleurs : être pauvre, ce n’est pas un délit qui mérite d’être puni, être pauvre est déjà une punition. Il est grand temps que les choses changent…

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