Séisme politique à Freiburg

Au deuxième tour des élections municipales à Freiburg, les électeurs et électrices ont mis fin à l’ère des Verts et du maire Dr. Dieter Salomon.

Martin Horn (33 ans, SE) et le nouveau maire de la ville de Freiburg - une sensation ! Foto: www.martin-horn.de

(KL) – C’est une sensation qui n’en est pas une. Le maire de la ville de Freiburg, Dr. Dieter Salomon, a été chassé du fauteuil de maire au deuxième tour des élections municipales de la ville de Freiburg. Jusqu’à la dernière minute, Dieter Salomon y avait cru, pourtant, le résultat est sans appel. Avec seulement 30,7% des votes, Dieter Salomon a été largement battu par le jeune (33 ans) sociologue Martin Horn (sans étiquette) qui lui, arrive à 44,3% des votes. La troisième candidate, l’écologiste Monika Stein (qui avait quitté le groupe des Verts en guise de protestation contre la gouvernance de Dieter Salomon) totalise 24,1% – exactement les votes qui manquaient à Dieter Salomon pour passer.

Cette surprise n’en est donc pas une. Car si le Souabe Martin Horn était encore inconnu des Fribourgeois en début de cette campagne municipale, il aura bénéficié du soutien de quasiment tous les partis du centre (CDU, SPD et FDP) qui n’avaient pas lancé leurs propres candidats dans la course à la mairie de Freiburg. Et du coup, le grand favori à sa propre succession, Dieter Salomon, avait toute la ville contre lui. Ajoutez à cela la défection de Monika Stein qui elle, a remporté la quasi-totalité des votes des écologistes fribourgeois, et on constate que Dieter Salomon n’avait aucune chance de remporter ces élections.

Est-ce que les Fribourgeois étaient désespérés au point de chasser leur maire pour donner les clés de la ville à un inconnu de 33 ans ? Il faut croire que oui – et après les Trudeau, Kurz ou Macron, la tendance des trentenaires dans des positions à responsabilité se confirme. Mais sur quels sujets est-ce que Martin Horn a pu doubler Dieter Salomon, en mettant quand même un écart de13,6% entre lui et son prédécesseur ?

Dieter Salomon a échoué sur trois éléments. D’abord, il a fait partie des soutiens du ministre-président écologiste du Bade-Wurtemberg Winfried Kretschmann et de ses tentatives de rapprocher les Verts à la CDU. Si ce rapprochement n’a pas abouti à la formation d’une Grande Coalition à Berlin, à Freiburg, les électeurs et électrices n’ont pas oublié cette « trahison » des racines des Verts qui, surtout à Freiburg, se situent au niveau de mouvements franchement « de gauche », comme le mouvement anti-nucléaire, le mouvement pour la paix ou encore le mouvement pour l’égalité entre les sexes. La tentative de pousser les Verts vers le centre-droite, n’était pas au goût des Fribourgeois.

Ensuite, la gouvernance de Dieter Salomon était devenue un sujet presque quotidien à Freiburg. 16 ans à la tête d’une grande ville, en tant que premier maire vert d’une ville de plus de 200000 habitants en Allemagne, Dieter Salomon devait faire face aux reproches d’être arrogant, distant, éloigné des soucis des citoyens de « sa » cité. Mais surtout au niveau de la politique locale, les gens ne veulent plus d’un « roi soleil », mais de responsables présents, abordables et proches des citoyens. Dieter Salomon, lui, faisait partie des maires qui régnaient sur leur ville et ce style un peu anachronique, aura contribué à lui coûter son poste.

Troisièmement, des dossiers comme celui de la vente de milliers d’appartements en possession de la ville à des spéculateurs (qui avait été stoppée au dernier moment suite à un référendum que Salomon avait déjà perdu, sans pour autant se rendre compte de la signification de ce vote pour son avenir personnel…), donnaient l’impression que la croissance de la ville profitait surtout aux spéculateurs immobiliers – dans une ville comme Freiburg où les sujets sociaux sont de la plus haute importance, les électeurs et électrices avaient l’impression que Salomon ne représentait plus les Verts.

Martin Horn, lui, dispose maintenant de 8 ans devant lui et du soutien d’une grande partie de la ville pour relancer le processus des réformes à Freiburg. A un moment où deux nouveaux quartiers sont en gestation et un troisième est en pleine mutation à cause du projet de construction du nouveau stade du SC Freiburg, il sait ce que les Fribourgeois attendent de lui – une politique résolument sociale, dans la poursuite de la politique de Dieter Salomon. Avec un brin d’arrogance en moins, Dieter Salomon aurait pu mener une telle politique comme il l’avait fait pendant 16 ans. Mais – le moment du changement était venu. Est-ce que Freiburg vient de se mettre « en marche » ?

1 Kommentar zu Séisme politique à Freiburg

  1. Yveline MOEGLEN // 7. Mai 2018 um 11:08 // Antworten

    Résultat logique … Les citoyens veulent du renouveau ..; des nouvelles figures … Une nouvelle génération.
    C’est dans l’air du temps !

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