Séisme politique à Sarrebruck

A la diète de Sarrebruck, le SPD dispose désormais d'une majorité absolue. Foto: AnRo0002 / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL) – Les sondages l’avaient prédit : le SPD a gagné l’élection régionale en Sarre, dans le plus petit des Länder allemands (hormis les villes-états Brême et Hambourg), mais le résultat peut quand même surprendre. Le SPD avec sa candidate Anke Rehlinger a remporté la majorité absolue et peut désormais gouverner sans partenaire de coalition. Avec 43,5% (+13,9%) des votes, le SPD obtient 29 des 51 sièges dans le parlement régional de Sarrebruck, la CDU, avec 28,5% (-12,2%) n’arrive qu’à 19 sièges et l’extrême-droite AfD (5,7%, -0,5%) en gagne 3. Les trois autres partis qui avaient espéré dépasser la barre des 5% des votes, donc les Verts (4,9%), le FDP (4,8%) et Die Linke (2,6% ; -10,2%) ne seront pas représentés lors de la prochaine mandature.

Mathématiquement, Anke Rehlinger a deux options. Soit, elle continue la « Grande Coalition » CDU/SPD, mais cette fois avec la CDU dans le rôle ingrat du « partenaire junior », soit, elle dirige le Land seule. Disposant d’une majorité de 3 sièges, il serait surprenant si elle proposait une coalition à la CDU, même si elle avait toujours dit qu’elle pouvait s’imaginer une telle constellation. Mais ça, c’était avant ce résultat spectaculaire. Ces dernières années, le SPD a connu des soirées électorales moins confortables qu’hier soir…

Si la Sarre est le plus petit Land allemand, cette élection régionale était quand même très attendue, s’agissant du premier « test électoral » pour le nouveau gouvernement à Berlin, dirigé aussi par un chancelier SPD, Olaf Scholz. Force est de constater que contrairement à la France, dont la glissade vers un autoritarisme-nationaliste inquiète l’Europe, l’Allemagne est en train de virer légèrement vers le centre-gauche : les années dans l’opposition au niveau national, ont permis au SPD de se refaire une santé, après une introspection qui elle, était nécessaire. Tant que les forces de la gauche française persistent à refuser une telle introspection, elles continueront leur descente en enfer.

Pour les relations entre la France et la Sarre, rien ne changera. Depuis longtemps, les Sarrois sont des voisins exemplaires et la coopération transfrontalière y est autant portée par les collectivités françaises. Il n’y aura aucune raison d’impacter cette coopération entre deux régions très proches et la « Stratégie France », initiée par l’ancienne ministre-présidente Annegret Kramp-Karrenbauer, qui prévoit, entre autres, l’introduction du Français comme deuxième langue officielle en Sarre à l’horizon 2043, sera poursuivie. Donc, aucune inquiétude à avoir, les relations franco-allemandes ne souffriront pas de ce changement du gouvernement à Sarrebruck.

En tout cas, les résultats sarrois confirment les résultats de l’élection législative du mois de septembre 2021 – l’Allemagne cherche son salut au centre-gauche.