Sepp Blatter pointe la France et l’Allemagne du doigt

Celui qui dirige la FIFA depuis bien trop longtemps reproche indirectement à des entreprises françaises et allemandes d’avoir exercé de la pression pour que la Coupe du Monde 2022 se joue au Quatar.

Enfin, Sepp Blatter s'est rendu compte qu'en été, il fait chaud dans le désert. Foto: International Student's Committee / CC-BY-SA 3.0 / Wikimedia Commons

(KL) – «Ce n’est pas moi, c’était les autres…» – voilà la ligne de défense du président de la FIFA. Après avoir concédé que le dossier technique de la candidature du Quatar pour organiser la Coupe du Monde de football 2022 avait montré qu’il y fait trop chaud pour jouer au football, Sepp Blatter a commenté de manière énigmatique «mais il y a des entreprises allemandes et françaises qui y construisent et non seulement des stades…». Et le pire – Blatter a annoncé vouloir se représenter à la présidence de la fédération sportive la plus puissante du monde.

Sepp Blatter, cet anachronisme ambulant qui se trouve à la tête de la fédération mondiale du football FIFA, est contesté depuis des années. Son organisation est en permanence secouée par des scandales de corruption, plusieurs membres de son puissant comité exécutif ont été limogés après qu’on ait pu leur prouver d’avoir accepté des pots-de-vin en contrepartie de leur vote pour un tel ou un tel pays. Au centre de tous ces scandales, Sepp Blatter qui a su déjouer toutes les poursuites judiciaires moyennant parfois des millions d’euros.

Maintenant, il vient de découvrir que l’attribution de la Coupe du Monde 2022 au Quatar représente éventuellement une erreur. «Le dossier technique», disait-il, «indiquait qu’il fait trop chaud en été au Quatar pour y jouer au football.» Il y en a qui n’ont pas besoin de «dossier technique» pour savoir qu’en été, il peut faire chaud dans le désert…

Mais les responsables de ce choix étrange, ce ne sont ni la FIFA, ni Sepp Blatter. Non, ce sont les entreprises allemandes et françaises. «Vous savez», ajoutait Sepp Blatter, «au Quatar, il y a des entreprises allemandes et françaises dans le secteur du bâtiment. Et ces entreprises ne construisent pas que des stades…» Alors, il veut dire quoi par là ? Que Philipp Holzmann ou Bouyges l’aient mis sous pression ? De quelle manière ? Est-ce que des entreprises l’ont menacé ? Est-ce qu’il a obtenu une grosse enveloppe contenant des pétrodollars ?

Sepp Blatter devient insupportable. Si jamais il a subi des pressions, qu’il nomme les responsables et qu’il détaille comment cela s’est passé. Autrement, on ne pourra pas s’empêcher de penser qu’il ait reçu à titre personnel des sommes colossales pour manipuler son comité exécutif de manière à ce que ce dernier vote pour le Quatar 2022.

La question n’est plus si cette attribution s’est faite sur fond de corruption, la question est plutôt qui a corrompu qui. Si Blatter estime que ce soient les entreprises allemandes et françaises, qu’il en apporte les preuves. A défaut, tout semblerait indiquer que le corrompu dans cette histoire soit Sepp Blatter lui-même. Et comme une mauvaise nouvelle arrive rarement toute seule, Blatter a aussi annoncé sa candidature à sa propre succession à la présidence de la FIFA. Pour que le mic-mac dans cette fédération puissante puisse continuer.

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