Serbie : Politics and Thieves

Pour une autre politique

Les voleurs de poule au gouvernement Foto : Gallica/Rackham/Wikimédia Commons/CC-BY-SA PD

(Marc Chaudeur) – L’Union Européenne doit absolument régler ce grave problème : celui de l’inadéquation entre le marketing politique de certains Etats membres ou qui désirent le devenir et la démocratie concrète à l’intérieur de ces pays. Cela passe par une meilleure maîtrise des agissements criminels, et plus encore, de l’étroite connexion, maintes fois constatée dans ces colonnes, entre politique et criminalité organisée. Et par une redistribution plus pertinente des fonds !

Un cas parmi d’autres : celui de la Serbie. L’ancien Chef de la police criminelle, Roboljub Milović, vient de placer sous une lumière très crue et très précise les relations entre la police serbe, certains groupes criminels et les politiciens. L’interview, reprise par OCCRP, a paru d’abord dans les excellents médias serbes KRIK (https://www.krik.rs/) et NIN (https://www.nin.co.rs/) – ce dernier appartient au groupe Springer.

Dans cette interview, Milović parle principalement du ministre de la Santé, Zlatko Lončar, du criminel de guerre et politicien Šešelj, et de l’actuel Président de la République, Aleksander Vucic. Tous trois, personnalités clés de la politique à Belgrade, entretiennent des relations… plus qu’étroites avec la pègre et les clans criminels. Surtout avec l’un des 3 groupes les plus puissants de la mafia serbe (Cosa Nostra, Naša Stvar en serbe), le Clan Zemoun (non, pas Zemmour). Ces 3 groupes portent chacun le nom d’une localité de l’agglomération de Belgrade : Voždovac, Sučin (« la Palerme de Serbie ») et Zemoun – cette branche existe depuis la fin des années 1990, les dernières années Milošević.

Zlatko Lončar, le ministre de la Santé, a eu de nombreuses fois recours aux services du Clan Zemoun. En 2002, alors médecin urgentiste, il a, selon toute vraisemblance, injecté un produit léthal dans les veines d’un malfrat monténégrin qui se remettait d’un assassinat raté commis par le Clan. Ses commanditaires l’ont récompensé avec un appartement, propriété jusqu’alors de la femme d’un membre « éminent » du clan.

Milović met l’accent, dans cette interview, sur les liens étroits entre Lončar, sa femme Vesna (juriste) et le fameux roi de la r’niflette, le baron de la cocaïne Darko Šarić : transactions suspectes, aide juridique, falsifications, facilitation des rencontres entre policiers et truands… Et Lončar, avec un truand bien connu, Pana Panić, a essayé de suborner un témoin. Comme ce dernier a refusé, le Clan Zemoun l’a assassiné.

Pour ce qui est de Vojislav Šešelj, le fameux Serbe de Sarajevo, criminel de guerre en Bosnie et en Croatie, le dossier est accablant, ici encore. Šešelj, selon l’ancien Chef de la Police, est un membre éminent du Clan Zemoun. Il est responsable, selon lui, de l’assassinat du premier ministre démocrate Zoran Đinđić, en 2003. Le policier a repéré sur le compte en banque de Šešelj des paiements provenant du clan, qui allaient jusqu’à 339 000 dollars.

Et, cerise sur le gâteau, Milović met en évidence les liens étroits entre certains criminels de guerre, malfrats et politiciens de haut niveau ; et parmi eux, Lončar, le vice-premier Ministre Nebojša Stefanović, l’ex-Président Nikolić et… l’actuel Président, Aleksandar Vučić. Ce dernier, affirme l’ancien chef de la Police, aurait interféré dans les enquêtes policières pour protéger Lončar. Plus encore, le Président ne cesserait de tenter de contrôler politiquement la police afin qu’elle se mette au service de son parti. Il serait aidé en cela par une grande partie de la classe politique au pouvoir.

Liens étroits entre la criminalité organisée et les partis politiques (du moins, presque tous), corruption, démocratie de façade… Une grande partie de la population européenne vit cette situation. Que peut faire l’Union Européenne ? Elle peut, pour commencer, distribuer les fonds avec davantage de discernement, et financer les associations de la société civile, les défenseurs des droits. Demander des comptes aux autocrates pseudo-démocratiques et resserrer les conditions d’adhésion, ce qui n’est pas exempt de risques. Faire montre de courage et développer une véritable vision de l’avenir pour une Europe intégrée !

A lire : OCCRP https://www.occrp.org/

 

 

 

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