Série (3) – Qu’attend la Tunisie de l’Union Européenne ?

Notre correspondant à Tunis, Cheker Berhima, a posé la question au Président du parti Afek Tounes et ancien ministre du développement tunisien Yassine Brahim. En exclusivité sur Eurojournalist(e).

L'ancien ministre Yassine Brahim a répondu aux questions de Cheker Berhima. Foto: Cheker Berhima

(Par Cheker Berhima) – A l’occasion de la Conférence Internationale sur l’investissement « Tunisia 2020 », nous avons rencontré Yassine Brahim, le Président du parti Afek Tounes et ancien ministre du développement, de l’investissement et de la coopération internationale dans le gouvernement d’Essid. Yassine Brahim a répondu aux questions suivantes : Comment apercevez-vous l’Union Européenne ? Qu’attendez-vous des institutions européennes et des pays occidentaux ? Comment voyez-vous les relations entre la Tunisie et l’Europe ? Voici les réponses de l’ancien ministre.

La Tunisie est un pays en voie de développement qui n’a pas pu répondre ces 20 dernières années aux attentes du grand nombre de jeunes arrivant sur le marché de l’emploi qui constituent l’essentiel de sa population puisque l’âge médian est de 31 ans.

La saturation du modèle socio-économique bureaucrate et kleptocrate a été l’une des raisons de la révolution de 2011. Depuis, l’instabilité politique suivie de l’instabilité sécuritaire a fait reculer encore plus les investissements privés et ralentir le rythme d’exécution des projets publics, repris depuis mi 2015. Les disparités sociales, le recul de l’investissement et l’inflation ont poussé les gouvernements à mener une politique budgétaire expansionniste financée par une augmentation de l’endettement.

L’Europe a réagi très positivement à la révolution tunisienne. La BCE, banque de l’UE, a financé beaucoup de projets depuis la révolution. La BERD s’est installée en Tunisie et a financé un grand nombre de projets privés et commence à financer des projets publics. L’assistance macro financière comme complément du programme du FMI a démarré avec le premier programme et va continuer avec le second. Les dons ont doublé mais en partant de très bas.

Cependant, la Tunisie a réellement besoin d’un support plus prononcé de l’UE. Pour illustrer mon propose, j’ai visité la Sicile récemment. Cette île au Sud de l’Italie a 5 millions d’habitants, elle est aidée par l’Europe car son PIB / Capita est de 16 000 euros, donc à moins de 75% de la moyenne européenne. Les dons vont principalement vers l’infrastructure et les Energies Non Renouvelables. L’Europe aide la Sicile sous forme de dons pour un montant de 180$ / habitant.

La Tunisie au Sud de la Sicile et ayant un PIB / Capita de 3 500 euros, le moins de 25% du PIB sicilien, donc si elle était en Europe elle recevrait dans les 750$ / habitant, mais elle ne reçoit que 55$….

J’espérais une augmentation de la dotation européenne sous forme de dons annoncées lors de la conférence, malheureusement les montants sont restés identiques malgré les difficultés désormais claires de la Tunisie par rapport à la capacité d’endettement.

Par ailleurs, un projet fort symboliquement aurait pu enfin voir le jour, le lien électrique entre la Tunisie et l’Europe à travers Elmed. Ce projet, l’Europe devrait le financer au moins à 50% sous forme de dons. L’Italie s’étant engagée à financer 25% et la Tunisie les derniers 25%. Plus tôt l’Europe se décide sur ce projet, mieux se portera la Tunisie qui n’aura plus autant besoin de développer des centrales à base d’énergie fossile 100%.

Pour conclure, la Tunisie n’a certes pas subi une guerre mais sa situation est difficile et nécessiterait un mini plan Marshall comme l’a appliqué l’Europe pour les pays de l’Est. Ce nom étant porté par le général américain à l’origine du plan de relance de l’Europe après la deuxième guerre mondiale, plus de 13 Milliards de dollars de l’époque, dont 85% sous forme de dons….

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