Série d’attentats sur des centres d’accueil pour réfugiés

Bâtiments incendies, inondés, attaques sur des réfugiés – la xénophobie en Allemagne devient de plus en plus violente. Il est temps de prendre des mesures.

Depuis des années, on nous dit que "le bateau est plein". Aussi pour ce jeune demandeur d'asile à Munich ? Foto: Andreas Bohnenstengel / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Toutes les semaines, les médias relatent des attaques sur des réfugiés et des centres d’accueil en Allemagne. Ce qui, il n’y a pas longtemps, avait encore suscité de l’indignation, des manifestations, des réactions, fait maintenant presque partie d’une sorte de «normalité». Le nombre de telles attaques étant devenu important, le grand public ne se sent plus concerné. Les articles relatant de tels incidents sont recalées à la page «Divers».

Bien sûr, les responsables politiques ont pris l’habitude de condamner fermement ce type d’incident, comme en début de semaine le ministre de la justice Heiko Maas (SPD, «toute attaque sur un centre d’accueil pour réfugiés constitue une attaque sur notre société, sur nous tous. Ça suffit !») ou bien le ministre-président du Bade-Wurtemberg Winfried Kretschmann (Verts, «chez nous, il n’y a pas la place pour l’exclusion»), mais les racines de ce problème sont trop profondes pour pouvoir s‘arrêter là.

Car si ces attaques violentes suscitent encore une réaction politique, force est de constater qu’un discours politique décomplexé a posé les fondements de cette attitude xénophobe qui se répand de plus en plus dans la société. «Le bateau est plein», ce slogan, même des partis traditionnels s’en servent en espérant gratter quelques voix à droite du paysage politique. Les conséquences de cette attitude est une évolution – une évolution qui justement, favorise l’exclusion, qui motive l’Autriche à ne plus traiter des demandes d’asile, qui a conduit à l’abolition de l’opération «Mare Nostrum» en Méditerranée, qui prépare le terrain à l’extrême-droite.

Les belles paroles après de tels incidents ne suffisent plus – nous avons d’urgence besoin d’un changement d’attitude face au phénomène des migrations de masse. Déjà la distinction entre des «réfugiés politiques» et «réfugiés économiques» contribue à cette montée de la violence et à la peur des populations locales en voyant arriver des réfugiés d’autres origines et cultures. Surtout dans la mesure où la politique économique menée par les nations occidentales en Afrique ait crée les circonstances qui obligent des populations à fuir la famine et l’impossibilité de subvenir aux besoins des familles. Après avoir appauvri des états entiers, il relève de la pure arrogance de qualifier des gens qui cherchent la survie matérielle chez nous, colle «réfugiés économiques», comprendre, des «parasites qui veulent se la couler douce sur le fruit de notre labeur».

L’époque où la xénophobie extrême était un phénomène limité aux Länder comme la Saxe en ex-RDA, est révolue. Même si l’est du pays est particulièrement proche de ces idées, les attaques se multiplient aussi en Bavière, dans le Bade-Wurtemberg, en Rhénanie-Palatinat, dans le Schleswig-Holstein ou encore en Hesse, donc, aussi dans les Länder de l’ouest du pays.

L’idée qu’un pays comme l’Allemagne puisse vivre une période où 50 millions de gens sont en fuite, sans que cela nécessite un effort de solidarité dans les pays les plus riches, relève à la fois d’une grande ignorance de ce qui se passe réellement et également d’un manque de courage de la part de nombreux responsables politiques.

La police doit s’efforcer à poursuivre ces crimes et d’en punir les auteurs. Tant que ces extrémistes peuvent compter sur une attitude bienveillante de la part des concitoyens et des autorités, ils ne verront aucune raison pour changer leur attitude. Si la route vers un vivre-ensemble paisible sera longue, il faut bien commencer quelque part. Pourquoi pas aujourd’hui ?

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