Série : Qu’attend la Tunisie de l’Union Européenne ? (2)
La Tunisie est le pays arabe où le « Printemps Arabe » a déclenché un processus de démocratisation. Est-ce que les Tunisiens voudraient que l’Europe soutienne cette évolution ? Cheker Berhima a posé la question.
(Par Cheker Berhima) – Deuxième article de la série sur les attentes de la Tunisie vis-à-vis de l’Europe. En exclusivité pour Eurojournalist(e), Cheker Berhima a rencontré des personnalités du monde politique, culturel, économique et aussi des citoyens et citoyennes pour leur poser quelques questions – comment apercevez-vous l’Union Européenne ? Qu’attendez-vous des institutions européennes et des pays occidentaux ? Comment voyez-vous les relations entre la Tunisie et l’Europe ?
Souhail Alouini (parlementaire) : Pour plus de souplesse de la part de l’UE
Les relations bilatérales entre la Tunisie et l’UE ont connu une évolution significative depuis plusieurs années et dépendent d’un mémorandum qui date des années 90 durant la période de Ben Ali.
La situation a complètement changé en Tunisie, le pays a choisi de faire partie de l’ensemble des pays démocrates au niveau mondial, et cela, suite à une révolution pacifique qui évolue progressivement en une véritable démocratie, qui respecte les droits et libertés des citoyens.
L’UE a pris note de cette évolution et malgré les difficultés économiques inhérentes au changement de système et de Constitution, je pense en tant que parlementaire et citoyen tunisien, que l’UE a continué à appliquer les mêmes normes et accords conclus sous l’ancien régime.
Nous pensons qu’une révision des accords entre les deux parties, avec plus de souplesse au niveau économique, permettra à notre jeune démocratie une évolution plus rapide et solide. Celle-ci permettra à la Tunisie de résister au danger terroriste qui ne cesse de menacer la stabilité et la sécurité dans le pays. Tout en gardant à l’esprit que la Tunisie est un pays proche et voisin de l’Europe et son essor tant politique qu’économique sera bénéfique pour les deux parties.
Moez Joudi (expert en économie) : Pour une stratégie Win-Win avec la Tunisie
L’Union Européenne (UE) est le premier partenaire économique de la Tunisie et je pense qu’il le restera pour longtemps. Il s’ensuit une nécessaire consolidation des relations et de la coopération entre les deux parties qui chacune a besoin de l’apport de l’autre. La Tunisie constitue en effet un partenaire important de la rive sud de la méditerranée de par sa position géographique et son histoire.
Dans un contexte mouvant où le terrorisme menace la stabilité et la sécurité au niveau international, la Tunisie pourrait jouer un rôle de premier plan pour éviter toute prolifération et toute migration du terrorisme vers l’Europe. Mais la Tunisie, un pays en pleine construction démocratique, a besoin d’être accompagnée pour un sauvetage et une relance de son économie en danger. A ce niveau, je prône plutôt le co-développement que la sous-traitance et la dépendance financière. L’UE pourrait rentrer dans une stratégie Win-Win avec la Tunisie en lançant des grands projets communs en matière d’énergie notamment l’énergie renouvelable et solaire. Il y a aussi les projets d’infrastructure et tout ce qui se rapporte à la technologie et à l’économie numérique. La Tunisie pourrait représenter une plateforme intéressante et compétitive pour des investisseurs et des entreprises européennes mais aussi une base avant et une bonne porte d’entrée au marché africain qui devient porteur et qui constitue le présent et l’avenir de l’économie mondiale.
Jihed Mtaoua (jeune ingénieur à Alva Tunisie) : L’Europe à un intérêt en une Tunisie stable
Les liens d’histoire et de géographie reliant l’Europe et la Tunisie rend la solidarité entre les deux parties une nécessité inéluctable. Dans les faits, ceci n’est pas du tout visible, du moins sur les plans économique et social : là où le besoin actuel est le plus imminent.
Ce que nous attendons de l’Europe, c’est beaucoup plus que l’argent ! Nous attendons une vraie assistance technique pour un transfert de la riche expérience et la forte expertise européennes dans la lutte contre la corruption et la bureaucratie, dans l’instauration d’un état juste qui applique la loi rigoureusement loin des restrictions et des ségrégations et enfin dans l’enracinement des notions de production, de productivité et de sens de responsabilité dans l’état d’esprit tunisien.
Tirons des leçons de la relation du Japon avec les tigres asiatiques depuis les années 50 et soyons conscients qu’une Tunisie stable et prospère est une force pour l’union européenne, et que seulement dans ce cas, l’intérêt sera partagé.
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