Services secrets / espionnage : Pour une poignée de dollars…

Les services secrets allemands se trouvent au centre de la critique - depuis 2008, ils espionnent des entreprises allemandes pour le compte de la NSA. Etrange…

L'un des centres d'écoute du BND près de Berlin - le gouvernement allemand a résilié le contrat de confiance avec ses citoyens. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Le magazine allemand DER SPIEGEL a relevé dans son numéro actuel que depuis 2008, les services secrets allemands (Bundesnachrichtendienst – BND) espionneraient la communication d‘entreprises allemandes et européennes ainsi que des responsables politiques. A titre d‘exemple, le BND aurait espionné des entreprises comme EADS ou Eurocopter ainsi que des autorités françaises.

La coopération était simple pour les Américains. Tout ce qu‘ils avaient à faire, c‘était de fournir de «sélectors», des critères selon lesquelles le BND a mis les entreprises ou responsables politiques sous écoute. Ce qui peut surprendre – pourquoi est-ce que des services européens se soumettent ainsi aux souhaits des services américains ? Surtout dans un exercice que l‘on pourrait qualifier de «haute trahison» ?

Le pire – le gouvernement allemand, semble-t-il, a été informé de ces pratiques sans pour autant intervenir ou même songer à mettre un terme à cet espionnage pour le compte des Etats-Unis. «On nous a menti», constate le député vert Christian Ströbele qui interpelle depuis des années le gouvernement sur ces questions. Pourtant, le parquet fédéral n‘a même pas ouvert une information – ce qui laisse penser que le gouvernement tire toutes les ficelles pour étouffer ce nouveau scandale de surveillance américaine en Europe.

Depuis le début du scandale de surveillance globale dévoilé par Edward Snowden, le gouvernement allemand se comporte de manière plus que suspecte. Si les responsables avaient, dans un premier temps, tenté d’étouffer le scandale en le déclarant clos, le gouvernement allemand avait ensuite refusé l’asile à Edward Snowden et on comprend de mieux en mieux, pourquoi l’Allemagne n’avait pas intérêt à accueillir Snowden en Allemagne. L’homme en sait trop – aussi sur le fait que les services allemands aient tout fait, même des choses illégales, pour être serviables vis-à-vis du «Big Brother» américain. Mais espionner des entreprises et des élus européens sur commande de services américains ? Et le parquet n’ouvre même pas une instruction du dossier ?

Pour Christian Ströbele, le scandale prend des proportions énormes. «Après les révélations d’Edward Snowden, nous avons demandé [au gouvernement] à maintes reprises si des données concernant des entreprises et des élus européens avaient été relevées, enregistrées et traitées. Et à chaque fois, on nous a répondu que cela n’avait pas été le cas. Maintenant, il s’avère qu’on nous a menti. En tant qu’élus, nous ne pourrons pas accepter cela». Mais malheureusement, Ströbele fait partie des Verts et donc, de l’opposition au Bundestag. La majorité écrasante de la «GroKo» fera son possible pour ne pas clarifier la situation, puisque les deux grands partis sont directement impliqués dans cette affaire. Il est impensable que les services secrets aient agi sans que le gouvernement ait été informé. Ce qui pose la question des responsabilités personnelles dans cette affaire. Mais depuis le début de ce scandale, la commission d’enquête du Bundestag se heurte au manque de coopération de la part des services – lors des auditions, les personnes concernées souffrent soit d’une amnésie spontanée, soit ils invoquent le secret d’état et refusent de déposer. Le gouvernement se comporte comme un criminel qui croise les doigts que le procureur ne présente pas de preuves matérielles pour échapper à la peine. Et après, ils organisent des colloques et sondages pour comprendre pourquoi les citoyens ne leur font plus confiance. La réponse est simple – parce qu’ils agissent contre nos intérêts et parce qu’ils nous mentent. C’est aussi simple que cela.

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