Seule une révolution du paysage politique pourra sauver la France de l’extrémisme nationaliste

Les partis dits «populaires» disposent maintenant d'une semaine pour sauver la France de l'extrémisme, de la xénophobie, d'une catastrophe politique. En seront-ils capables ?

Florian Philippot est en tête en ACAL - et il le restera si Richert et Masseret ne s'entendent pas. En seront-ils capables ? Foto: JÄNNICK Jérémy / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – C’est fait, le séisme politique a eu lieu. Le Front National se place en tête, autant au niveau national que dans six régions – le pays est en train de tomber entre les mains d’une extrême-droite dont le discours de haine aura suffit pour convaincre une bonne partie de l’électorat. La peur qui s’est installée en France après les attentats de Paris a certainement joué un rôle dans ce résultat, mais cette peur ne suffit pas à elle seule, pour expliquer ce résultat que l’Europe entière suit avec un regard incrédule. La France, pays des Droits de l’Homme, de la liberté d’expression, de l’illumination, en route vers l’ultra-nationalisme, la xénophobie, l’euroscepticisme, la scission de la société ? Le soir même de ce vote, seuls les Socialistes semblent avoir compris leur responsabilité dans cette catastrophe politique – les «Républicains», eux, ont visiblement du mal à se remettre en question. Pour eux, c’est la faute au terroristes, aux électeurs, aux autres et du mauvais temps.

Contrairement à 2002, il ne s’agit plus d’un «vote d’avertissement», il s’agit d’une glissade vers l’extrême-droite. La Droite et la Gauche sont sévèrement punies et seule une communion républicaine pourra sauver la France du pire. Ainsi, les Socialistes ont décidé encore hier soir de retirer leur liste dans deux des régions, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et PACA, en invitant les électeurs à voter pour empêcher la percée du FN. Pourtant, pour qu’il y ait vraiment une «communion républicaine», les «Républicains» et le PS devraient se mettre immédiatement d’accord de retirer systématiquement la liste la plus faible des deux et ce, dans l’ensemble des régions où le FN est en position de gagner. Donc, dans 6 sur les 13 nouvelles régions. Mais cette approche ne semble pas être au goût des «Républicains» qui n’ont visiblement toujours pas compris qu’ils ne fassent pas partie de la solution, mais du problème de la France.

«Le FN ne pourra pas faire pire que la Droite et la Gauche», a-t-on souvent entendu ces derniers jours, et c’est faux. Si effectivement, il est difficile d’imaginer qu’un parti puisse faire pire que les «Républicains»´et les Socialistes, force est de constater qu’un parti qui prône la haine, l’exclusion, la xénophobie et un nationalisme démésuré pourra conduire la France dans une impasse carrément dangereuse. Mais puisque cette Droite et cette Gauche ont engendré cette situation dangereuse, il incombe à ces deux partis de sauver ce qui reste à sauver – et la seule voie est celle que les ténors des «Républicains» ont exclue hier soir – celle d’une «union électorale» dont le but serait d’empêcher la prise du pouvoir par des extrémistes nationalistes.

Il reste aux partis «traditionnels» moins d’une semaine pour se réinventer, pour révolutionner le paysage politique de la France, pour former une «coalition». Ceux qui refusent d’aller en ce sens, auront amplement mérité de perdre dimanche prochain – un responsable politique qui aujourd’hui n’a pas compris le sérieux de la situation, devrait, de toute manière, exercer un autre métier que la politique, peut être un métier plus en phase avec ses compétences…

Et les électeurs français ont maintenant une semaine pour se poser la question s’ils veulent vraiment vivre dans un pays qui s’isole, qui veut réintroduire la peine de mort, qui veut organiser une société basée sur l’exclusion et la haine et si cette direction politique pourra vraiment améliorer leur vie. Une petite semaine pour retrouver la raison…

3 Kommentare zu Seule une révolution du paysage politique pourra sauver la France de l’extrémisme nationaliste

  1. Tous les partis de gouvernement doivent prendre leurs responsabilités et retirer leurs listes lorsqu’elle est en troisième position.
    Car là, on n’est plus dans le vote de protestation, mais bien dans les idées de rejet de l’Autre, la xénophobie, le racisme, le recul du droit des femmes et le nationalisme le plus suicidaire.
    Après il faudra tirer les leçons de ce grave échec politique; institutions, grands corps de l’État, rôle des médias, sclérose des deux grands partis de gouvernement.
    Nous devons abandonner le système bonapartiste de là Vème République, pour aller vers une constitution parlementariste et primo-ministérielle, proche de celles de tous nos voisins européens.

    • Kai Littmann // 7. Dezember 2015 um 0:54 // Antworten

      Entièrement d’accord, Gérard, mais en entendant certaines déclarations le soir, je n’ai pas l’impression que les différents acteurs que tu cites soient vraiment conscients de leur responsabilité dans ce séisme… que les électeurs et les partis t’entendent !

  2. Et instaurer la représentation proportionnelle, ce qui éviterait aussi à toute une partie de la population (la majorité en fait…) de ne pas être représentée dans les assemblées. Mais pour ça, il faudrait une culture du dialogue qui n’existe pas en France, pays qui a absolument besoin d’un Chef (quitte à le débiner ensuite) – pour rappel, la IV République qui était bien plus démocratique que l’actuelle, a sombré du fait de ce manque de culture de la négociation.

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