Shakespeare se serait éclaté avec le Brexit

Rarement une décision politique aussi peu sensée que le Brexit n’aura été menée avec tant de détermination. Les négociations en cours montrent que la descente aux enfers des Britanniques ne fait que commencer.

D'après les sondages, les pro-européens mènent de 10% sur les pro-Brexit... Foto: Ilovetheeu / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Quelque part, les Britanniques savent très bien que la décision de quitter l’Union Européenne constitue une bêtise historique. Les réalités économiques et politiques le montrent : le Royaume-Uni, de plus en plus isolé, se dirige vers une catastrophe totalement superflue. C’est même l’unité du royaume qui est en jeu, si l’Ecosse décidait de faire cavalier seul pour rejoindre l’Europe ou si le conflit irlandais se rallumait. Theresa May, bien que muselée par la Chambre des Communes, ira jusqu’au bout de cette erreur, à moins que les Britanniques ET les Européens ne trouvent une voie permettant de stopper ce processus néfaste sans que le Royaume-Uni perde la face.

L’économie britannique accuse déjà le coup : les prix augmentent, la croissance stagne, le marché financier se délocalise, des investissements étrangers sont annulés. Theresa May sous-estime les conséquences de cet isolement britannique. Le coût du Brexit ne se limitera pas aux quelques dizaines de milliards d’euros à régler à l’UE (qui feront déjà mal…), mais il convient de considérer les pertes à long terme. La Grande Bretagne ne peut, comme tout pays dans un monde interconnecté, se suffire à elle-même. En se mettant hors du contexte international, la Grande Bretagne doit maintenant chercher à tout prix à conclure de nouveaux traités de libre-échange, au risque de s’exclure de l’économie internationale.

La stratégie de négociation de Theresa May a totalement échoué et c’est sans doute pour cela que le parlement britannique insiste pour avoir le dernier mot sur ce que la cheffe du gouvernement britannique négocie à Bruxelles. Theresa May voulait mener les négociations sur la sortie de l’Union en parallèle aux négociations sur un nouvel accord de libre-échange, ce que l’Union a tout simplement refusé.

De quoi écrire une pièce de théâtre shakespearienne, avec Theresa May et David Cameron dans les rôles des méchants, avec des traitres comme Boris Johnson ou Nigel Farage, avec des complots, trahisons et une fin tragique. Mais au lieu d’être simple spectatrice de cette tragédie, l’Europe devrait décupler ses efforts en vue de vraies réformes européennes, à même de relancer le « rêve européen », de manière à ce que les frères et sœurs britanniques puissent adhérer comme tous les autres à une vision commune d’une Europe de demain.

Mais cessons de rêver. Dans les faits, les responsables européens ont enterré cette idée d’une Europe solidaire et sociale vendredi à Bruxelles, en déclarant que désormais, chaque pays européen allait décider quelles décisions on applique et lesquelles on ignore. A un moment où seul le fameux « plus d’Europe » pourrait assurer un avenir prospère et sûr pour notre continent, on abolit, à quelques jours de Noël, l’objectif le plus noble de cette Europe : le principe de la solidarité et l’objectif d’une Europe sociale. A pleurer.

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