«Si je devais m‘excuser, l‘Allemagne ne serait plus mon pays»

Cette phrase ne vient pas de Daniel Cohn-Bendit, mais de la chancelière allemande Angela Merkel qui s’est défendu contre les critiques émanant de son propre parti.

La chancelière Angela Merkel s'est défendu contre les critiques émanant de son propre parti, la CDU. Foto: Kleinschmidt / MSC / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Plusieurs ténors de la CDU avaient, ces derniers jours, vivement critiqué Angela Merkel pour sa politique d’accueil de réfugiés. Il est vrai que la chancelière avait insisté sur la solidarité avec les dizaines de milliers de réfugiés arrivés en ce mois de septembre en Allemagne et que d’autres conservateurs, le ministre-président de la Bavière Horst Seehofer (CSU) en première ligne, l’avaient vivement critiqué en qualifiant sa politique d’accueil «d‘erreur historique». Lors d’une conférence de presse à Berlin, la chancelière a réagi vivement et avec une émotion que l’on ne lui prête pas normalement.

Après s’être concertée avec les ministre-présidents des Länder allemands qui se plaignaient, à juste titre, d’être débordés avec la mission d’accueillir et de gérer à leur niveau l’afflux des réfugiés, Angela Merkel n’a pas seulement décidé que l’état allait intervenir avec ses moyens pour délester les Länder, mais elle a également réfuté les critiques des faucons de la CDU qui déploraient son ouverture et son attitude par rapport à l’accueil des réfugiés («Nous allons y arriver !»). Pour marteler : «Si maintenant, je devais m‘excuser pour l‘image positive que nous avons affiché, alors, l‘Allemagne ne serait plus mon pays !». Une éruption d’émotion rarissime chez la chancelière qui était visiblement affectée par les critiques qui fusaient ces derniers jours.

Si elle a fini par céder sous la pression de Horst Seehofer en acceptant la réinstauration de contrôles aux frontières allemandes (voir eurojournalist.eu d’hier), elle n’a pas dit son dernier mot. Et pour une fois, Angela Merkel se retrouve toute seule, abandonnée par son propre parti, mais elle se trouve du bon côté, celui d’un humanisme vécu, celui de la solidarité avec des gens qui souffrent. Peut être ce sont ses racines protestantes dans l’Uckermark dans le Brandebourg, qui motivent la fille d’un pasteur à se comporter de manière aussi solidaire, défendant des valeurs chrétiennes et le devoir d’aider autrui dans la misère. A vrai dire, nous ne reconnaissons pas «Mutti» qui, froidement, avait conduit la Grèce dans une misère sans pareil.

Angela Merkel s’investira à fond dans le projet de la répartition des réfugiés dans les états-membres de l’Union qui jusqu’ici, a lamentablement échoué dans cette question. Sans doute, elle attendra la fin de la Fête de la Bière à Munich (le 4 octobre) pour revenir à la charge, car les images qui arrivent depuis la Serbie, de la Hongrie et de la République Tchèque sont tout simplement insupportables. Que les pays de l’est de l’Europe soufflent un bon coup – ils peuvent être certains que dès que la Bavière se sera rempli les poches par le biais de l’Oktoberfest, la chancelière agira. Et elle ne perdra pas du temps, en structurant pendant cette période de répit les procédures et centres d’accueil un peu partout en Allemagne.

La question des réfugiés a pris une importance personnelle pour Angela Merkel qui semble être prête à en découdre avec le reste de son parti. Le fait qu’elle se fiche sur cette question, des considérations tactiques, mérite des applaudissements. Si sur Eurojournalist(e), nous n’avons pas vraiment l’habitude d’acclamer la chancelière allemande, cette fois, nous croisons les doigts qu’elle puisse s’imposer vis-à-vis des faucons de la CDU – pour que dès le 4 octobre, Angela Merkel abolira les contrôles aux frontières pour accueillir ces dizaines de milliers de réfugiés qui se trouvent coincés entre des pays de l’est où le racisme et la xénophobie font partie de la raison d’état. Allez, Angela, on va y arriver !

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste