Si le vainqueur démissionnait ? On recommence.

Eric Elkouby (PS) remporte le 2e tour des élections partielles dans la 1ère circonscription strasbourgeoise. Avec tout juste 10% des votes des inscrits.

Eric Elkouby est le vainqueur de l'élection partielle à Strasbourg. Mais il n'a pas gagné... Foto: (c) Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL/AS) – Quel désaveu ! Le taux de participation lors du 2e tour des élections partielles dans la 1ère circonscription strasbourgeoise a tourné en catastrophe démocratique – 20,31% des inscrits sont allés voter, 6469 personnes ont voté pour Eric Elkouby (PS, 53,77%) et 5560 personnes ont voté pour Jean-Emmanuel Robert (LR, 46,22%) et 691 électeurs et électrices ont mis un bulletin blanc dans les urnes. Ainsi, Eric Elkouby devient ce que de nombreux observateurs craignaient – «Monsieur 10%». Comprendre : 90% des inscrits n’ont PAS voté pour le «vainqueur» de cette élection qui pose forcément la question de la légitimité démocratique de l’élu.

En l’absence d’un quorum, imposé à la moindre association privée, cette question de la légitimité du nouveau député est inévitable et légitime. Il y a, en toute occurrence, un couac dans le sytème électoral si un candidat peut «gagner» une élection, quand 9 électeurs sur 10 n’ont pas voté pour lui. Que faire alors dans une situation où une «victoire» est en réalité une cuisante défaite et ce, pour l’ensemble des partis ayant participé à cette élection ?

En tout cas les «  verticaux » sont déclassés et les « horizontaux » impuissants. Ce vocabulaire politique s’installe, utilisons le.

Ces élections strasbourgeoises montrent surtout le malaise général qui règne actuellement en France. Les citoyens et citoyennes n’ont plus aucune confiance en ce monde politique qui lui, reste fermé sur lui-même, ne permet pas de changement vraiment démocratique en son sein. Pas de jeunes ou de nouveaux. Un élu cumulard, enfin calife. Le suppléant n’a, en principe, pas d’autre fonction que d’attendre en stand by, mais l’assistant parlementaire rétribué, laboure le terreau qui en ce jour s’est montré peu fertile.

Cette élection partielle est un mauvais signe pour l’année électorale 2017.

Grèves, manifestations violentes dans de nombreuses villes, un désaveu massif du monde politique – même Eric Elkouby et le PS strasbourgeois ne pourront pas feindre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Un taux d’abstention de 80% lors d’un 2e tour doit réveiller enfin les responsables politiques qui s’étaient encore auto-rassurés après le 1er tour en déclarant que le fort taux d’abstention était «normal» pour un 1er tour. Que nenni !

En regard de ces résultats, le «vainqueur» de cette élection devrait réfléchir à une démission immédiate et remettre ce siège de député en jeu. Car en tout occurrence, Eric Elkouby, bien qu’élu en toute légalité, ne représente en aucun cas les environ 64.000 inscrits de la 1ère circonscription strasbourgeoise.

Pire pour l’élu minuscule, son succès dérisoire ne sera-t-il pas un handicap pour les législatives de 2017, les PS +Amis lui ayant manifesté si peu d’enthousiasme. Cela promet !

3 Kommentare zu Si le vainqueur démissionnait ? On recommence.

  1. Yveline MOEGLEN // 30. Mai 2016 um 17:56 // Antworten

    A force de prêcher des scénarios catastrophes comme les curés à la messe du dimanche comme au siècle dernier , on favorise effectivement le dégout du « principe du vote » en France et ailleurs !
    Parmi les prêcheurs, les médias ne sont pas en reste !

    Ne faudrait- il pas redéfinir ce que la démocratie signifie, c’est-à-dire « permettre à tous les citoyens de s’exprimer librement » et reconnaitre que personne n’interdit à personne de se présenter démocratiquement à des élections en demandant un préalable celui « d’une reforme du système électoral » ce qu’aucun candidat du premier tour n’avait spécifié.. ???

    N’est -ce pas encore plus anti-démocratique que de demander au vainqueur de démissionner alors que des citoyens se sont déplacés pour lui apporter leur suffrage ??
    Mais c’est quoi cet irrespect d’un résultat sorti des urnes ???

    A ce mépris se rajoutent des termes : « élu minuscule… succès dérisoire …et monsieur 10 % » …taxant en outre les soutiens et militants PS de peu enthousiastes … » !C’est lamentable !!.

    Personne ne conteste le malaise général et international qui concerne tous les pays.., mais de là à prédire l’avenir comme les sorcières dans les boules de cristal et continuer à créer une psychose générale , il n’y a qu’un pas !

    Si Eric Elkouby a gagné cette élection, c’est qu’il était le meilleur !

    • Les meilleurs candidats ? Les deux n ont aucun charisme et aucune envergure. Ils ont leurs postes a l usure. La voix des urnes est claire ! A quoi bon aller voter pour des non representants du peuple alors que les decisions se prennent a Matignon ?
      Antoine Beyer

  2. Eurojournalist(e) // 1. Juni 2016 um 23:04 // Antworten

    Chère Yveline – personne n’a quoi que ce soit contre Eric Elkouby qui est un homme de terrain, mais il ne faut pas se tromper de sujet. La question de la représentativité se pose dès lors que 80% des électeurs boudent un scrutin et en voyant les réactions de l’establishment politique qui parle d’une “belle et grande victoire”, cette élection traduit avant tout un malaise profond qui règne entre gouvernants et gouvernés. Si les partis ne tiennent pas compte de cette évolution, il ne faudra pas s’étonner de se retrouver en 2017 avec une toute autre configuration politique – une qu’aucun des partis n’aurait vu venir, à force de fermer les yeux devant les réalités politiques.

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