« Si vous n’avez pas assez, il faudra faire des économies… »

Le rapport du gouvernement allemand sur la paupérisation des générations plus âgées, est inquiétant. Surtout quand la solution préconisée est d’un cynisme absolu.

L'Allemagne devra s'habituer à ce genre d'image... Foto: Eric Pouhier / Kamel15 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(KL) – « Si vous n’avez rien, n’oubliez pas de vous occuper d’une rente privée », c’est ainsi qu’on peut résumer les recommandations du gouvernement allemand à l’adresse de tous ceux qui sont menacés par la pauvreté du troisième âge en Allemagne. Le message est clair – dans le cadre du changement démographique, il faut s’attendre à ce que les rentes des plus pauvres ne suffiront plus pour survivre. D’où le conseil sympathique – occupez-vous d’une rente privée, faites des économies, débrouillez-vous, l’état ne pourra pas vous aider.

Pardon ? Faire des économies? Investir dans une rente privée ? Mais comment ça ? Une étude de la Fondation Hans Böckler vient de démontrer que les foyers disposant des 30% des salaires les plus faibles en Allemagne, sont tous endettés à hauteur de 600 à 1200 euros. Les seuls qui peuvent vraiment faire des économies, sont le 1% des salaires les plus élevés. Ceux qui ont la chance de faire partie de cette catégorie, peuvent économiser en moyenne 58000 euros par an – et bien entendu, ce petit pourcentage n’est en rien menacé par la pauvreté.

Les conséquences de la politique d’austérité allemande frappent les plus démunis de plein fouet. L’Allemagne est devenue un pays aux salaires faibles appliquant une forte rigidité vis-à-vis les plus faibles éléments de la société. Et conseiller aux plus pauvres de se payer le luxe d’une assurance-retraite privée, lorsque cette frange de la population a du mal à remplir le frigo pendant le dernier tiers du moi, cela est vraiment une mauvaise blague.

Cette recommandation traduit surtout l’impuissance de la politique face au phénomène d’une société vieillissante – et il s’agit d’un problème devant lequel la politique allemande a trop longtemps fermé les yeux. Donc, le gouvernement allemand lance un « sauve qui peut » en direction des retraités qui touchent le stricte minimum – comme si ces derniers disposaient de ressources clandestines sur lesquelles ils pourraient faire des économies.

Ce phénomène de la paupérisation d’une grande partie des vieux et des retraités, accompagnera l’Allemagne pendant des décennies. Et puisque ce phénomène touchera directement ou indirectement toutes les familles allemandes, cette évolution ne fera que renforcer le sentiment que l’état abandonne ses citoyens – un portail pour des extrémistes de toutes les couleurs.

Pendant de longues années, l’Allemagne a imposé sa vision austère à toute l’Europe, en clamant que si tout le monde suivait le « modèle allemand », l’Europe ne connaîtrait plus de problèmes. Mais ce « modèle allemand » ne profite qu’à une petite frange privilégiée de la société – les conditions de vie d’un pourcentage croissant de la population se dégradent de plus en plus. Peut-on être fier d’un modèle de société qui laisse ses enfants et ses vieux sombrer dans la pauvreté, privés de toute possibilité de s’en sortir ?

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