Si vous vous rendez à Paris, allez visiter l’exposition Ca’d’Oro !

Pour Eurojournalist(e), Valérie Zorn a visité l’exposition Ca’d’Oro qui se tient en ce moment et jusqu’au 26 mars 2023, à l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris.

Ca'd'Oro - Chefs d'œuvre de la Renaissance à Venise. Foto: © The Al Thani Collection, 2022. All rights reserved. Photograph by Marc Domage

(Valérie Zorn) – Cette expo est co-organisée par la Al Thani Collection Foundation, le Centre des Monuments Nationaux, la Direction régionale des Musées de Vénétie et la Venetian Heritage Foundation, le tout placé sur le haut patronage du Ministère de la Culture italien. Elle illustre donc parfaitement une collaboration internationale réussie entre états et fondations, entre institutions publiques et privées.

Grâce à un accord entre le Centre des Monuments Nationaux et la Collection Al Thani, une partie de l’Hôtel de la Marine accueille dorénavant non seulement de manière permanente quelques chefs d’œuvres de cette collection, mais le musée propose également deux expos temporaires par an, « Ca’d’Oro » étant l’une d’elles.

La « Ca’d’Oro » est un bâtiment vénitien, son nom signifie littéralement la « maison d’or » en raison des peintures polychromes qui ornaient sa façade. Il s’agit d’un magnifique palais bâti entre 1421 et 1440 situé à Venise sur le grand canal.

En 1894, un collectionneur, le Baron Giorgio Franchetti, rachète la bâtisse, la rénove et y installe sa collection d’art vénitien. En 1916, il en fait don à l’état italien. Par la suite, la collection est étoffée d’autres œuvres afin de raconter au public l’histoire artistique et culturelle de la ville de Venise.

Et c’est parce que la « Ca’d’Oro » est actuellement en rénovation partielle que la collection Al Thani à pu accueillir en prêt, les soixante-dix merveilles incroyables qui composent cette expo. C’est donc ainsi que le public a le privilège de pouvoir admirer ces trésors en plein Paris.

Tout cela pour notre plus grand plaisir, car il ne faut pas y aller par quatre chemins, cette exposition est absolument superbe. Pour ma part, j’ai vu un travail des plus exceptionnels tant au niveau du contenu, que de l’accueil, ou de la scénographie. A la fois sobre et somptueux.

J’étais plutôt sceptique je l’avoue, parce que transférer des œuvres caractéristiques d’un palais vénitien vers un palais français, est une prise de risque.

J’avoue avoir été bluffée, par la mise en place des pièces, le choix esthétique, les cartels explicatifs passionnants et intelligents. Une scénographie trop travaillée aurait pu nuire à l’essence même des pièces exposées comme c’est parfois le cas, mais l’expo « Ca’d’Oro » n’est pas tombée dans ce travers. Les éclairages, les couleurs, et les vitrines sont absolument superbes, spécialement étudiées pour les pièces, rien que les pièces, et intégralement au service de l’art.

J’ai été vraiment séduite par la qualité de l’accueil y compris des petits médias. Par les créneaux horaires et la limitation du nombre de personnes dans l’expo, ce qui a pour effet de ne pas supporter une file d’attente à l’entrée et de profiter d’une expo calme avec une jauge limitée. Une technologie de pointe également pour visiter l’expo, un casque autonome avec un son exceptionnel et qui évolue automatiquement en musique et en explications au fil de l’expo, sans avoir à chercher les bornes, à trimballer un appareil autour du cou, ou à changer de numéro. C’est un confort appréciable.

L’expo occupe 4 pièces, la première étant consacrée aux trésors permanents de la collection Al Thani. Sept pièces magnifiques et magnifiquement exposées éclairées par une lumière très travaillée. Des objets d’art d’une grande importance historique, mayas, indiens, ou chinois. Des civilisations différentes réunies par l’art et la beauté.

La deuxième pièce nous transporte dans la Venise du 15e, l’âge d’or de la ville de Venise. On nous montre le lion ailé, symbole de Saint Marc et de la cité. Deux tableaux de Francesco Guardi montrent le ville de l’époque, la place Saint Marc, le Palais des Doges, la ville refuge que l’on ne pouvait atteindre que par la mer. Sécurisante Venise au fond des marais et protégée par une lagune. Le commerce, les comptoirs commerciaux dans le bassin méditerranéen, les vestiges romains et le butin issu du pillages des turcs. On nous décrit la période florissante, les arts, la richesse, puis la chute de Constantinople et le déplacement des flux commerciaux notamment vers l’Amérique.

J’ai beaucoup aimé la variété des pièces proposées, peintures, médaillons, petites sculptures, bronzes, un fragment de baignoire. Une magnifique petite crucifixion de l’atelier de Van Eyck. Une très belle Vierge à l’enfant (huile sur bois) de Giambono. Et les six magnifiques pièces en terre cuite de Giacomo Piazzetta, hérésiarque en atlantes, des esquisses superbes pour la bibliothèque du couvent des dominicains.

La troisième salle rassemble les pièces de la « Ca’d’Oro », sublimes, magnifiquement exposées. J’ai particulièrement aimé la peinture la Fille au chien de Michele Tosini, dit Michele di Ridolfo, une très belle huile sur bois remarquablement bien conservée.

Et bien sûr, le très beau Saint Sébastien de Mantegna, sa dernière œuvre. Poignant. Une tempera sur toile de 2,13 m de haut, très bien préservée, avec des couleurs pastel douces et mates. La technique de la tempéra est compliquée, il s’agit d’une détrempe à l’eau, le plus souvent additionnée d’un jaune d’œuf qui fait office de liant pour les pigments qui doivent être broyés très finement. La peinture à l’eau sèche vite, donc il faut peindre rapidement, ce qui nécessite une technique rapide et sûre. Il faut aussi trouver les bonnes doses différentes en fonction de la nature de chaque pigment. Il s’agit d’un exercice complexe, tout comme la conservation de l’œuf. Les couleurs magnifiques sont alors fixées, mais restent très fragiles.

On imagine donc la complexité et les précautions que le transport d’un tel chef d’œuvre à dû nécessiter, qui plus est, peut-être sur le grand canal en bateau.

La peinture de Mantégna est superbe et impressionnante, un contraste saisissant entre une anatomie magnifiquement travaillée, mais transpercée de flèches. L’expression de souffrance indicible et désespérée du visage est un chef d’œuvre qui a lui seul vaut la visite de cette exposition.

La dernière pièce, toute en longueur comme un déambulatoire, expose des bustes vénitiens en marbre blanc. La pièce est sombre, on découvre ces sculptures somptueuses, entre des tentures noires qui rappellent des colonnes. On a réellement l’impression de croiser des personnes pétrifiées et on ne peut qu’être ému par le magnifique buste de jeune garçon, tranquille et fragile à la fois. Un buste de cardinal, du Bernin. Un ecclésiastique aussi.

Voilà donc une superbe exposition qu’à mon sens il ne faut surtout surtout pas rater cette année.

Ca’d'Oro, chefs-d’oeuvre de la Renaissance à Venise
Hôtel de la Marine, Paris
Jusqu’au 26 mars 2023
Pour plus d’informations, CLIQUEZ ICI !

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