Sigmar Gabriel (SPD) se fait fort pour le TTIP

Le vice-chancelier SPD rêve d’un marché américo-européen et soutient le TTIP. On a du mal à croire qu’il l’ait vraiment lu...

L'économie, personne n'est contre. L'économie européenne contrôlée par les Etats-Unis, c'est la fin de l'Europe sociale. Foto: Rico Shen / Wikimedia Commons

(KL) – Après le retour d’Angela Merkel des Etats-Unis (voyage ayant donné comme résultat – rien), le vice-chancelier a tenu à montrer aux Allemands que lui aussi, il assure dans le dossier «transatlantique». Malgré quelques critiques apportés au TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership), il se positionne en fervent supporteur de ce traité qui dans les faits, accorde le contrôle de l’économie europénne aux Etats-Unis. Même dans son parti, le SPD, on se frotte les yeux.

Pour un social-démocrate, il est osé de souligner que l’Europe et les Etats-Unis réalisent ensemble environ la moitié du commerce mondial. Le rêve d’une super-super-puissance économique fera de nombreuses victimes – citoyens, petites et moyennes entreprises et la liberté d’action des Européens.

On ne croit pas ses oreilles – l’Allemagne se prosterne une nouvelle fois devant les Etats-Unis, malgré le fait que la chancelière ait été traitée une nouvelle fois comme un écolière mal élevée aux Etats-Unis. Lorsqu’elle a évoqué le sujet de la surveillance globale effectuée par les services de la NSA, on lui a clairement signalé qu’elle n’obtiendrait aucune information supplémentaire et qu’on avait pas envie d’en parler. Et Merkel a tout gobé.

La confiance des Européens est ébranlée, en ce qui concerne les relations avec les Etats-Unis. Pourquoi alors pousser le bouchon vers un giga-libéralisme des marchés sous le contrôle absolu des Américains ? Est-ce que les Européens sont conscients que si le TTIP avait déjà été signé, Alstom n’aurait même pas le choix, mais serait obligé de laisser entrer General Electric dans son capital, sous peine d’une pénalité à la discrétion d’un arbitrage intransparent et n’offrant même pas de recours devant un tribunal régulier ? Quelle idée que de faire cadeau de l’économie européenne aux Etats-Unis !

Mais, encore plus surprenant, Sigmar Gabriel devrait savoir que dans l’économie, les noces des géants sont toujours payées par les plus faibles de la société. Licenciements, conditions de travail revues à la baisse, climat social encore plus froid qu’aujourd’hui et dans quel but ? De pouvoir vendre des produits aux Etats-Unis ? On le fait déjà aujourd’hui. Mais les Américains ne veulent pas une part du gateau, mais ils veulent, pour reprendre une vieille phrase anarchiste des années 80, «th whole fucking bakery». Au prix d’un petit pain…

Malgré ses petits soucis, Sigmar Gabriel insiste à ce que les négociations (qui se passent dans une opacité totale) reprennent rapidement. Lors de sa conférence de presse en présence des deux chefs des groupes de négociateurs, le commissaire européen Karel Van Gucht et l’Américain Michael Froman, les trois ont phantasmé sur «un système commercial où nous pourrions fixer les règles». Les espions à Washington et les marionettes des lobbys bruxellois qui détermineraient les règles pour la moitié du commerce mondial ? Un cauchemar !

Les «standards» dont parlent Van Gucht, Froman et Gabriel seront lesquels ? Les «standards américains», sans couverture sociale et médicale ? Les ghettos de chômeurs que l’on enlève des statistiques et qui végètent dans des blocs en béton où fleurissent la misère et la criminalité ? Ou bien les «standards» allemands ? Comprendre : le financement de la reprise économique sur le dos des plus pauvres (rappellons que la bonne tenue de l’économie allemande n’est acquise qu’au prix de 15,6% de la population qui vit en-dessous du seuil de la pauvreté défini par l’UNESCO) ? Ou est-ce qu’on parle des «standards» bruxellois qui causent un chômage de masse dans les pays du Sud de l’Europe ?

Personne n’est dupe. En cas de doute, on appliquera les «standards» qui favorisent le «Big Business» et qui laissent en rade les plus faibles éléments de la société. Il faut à tout prix éviter la signature de ce TTIP. Les citoyens européens l’ont compris. Personne n’est dupe. Sauf peut-être Sigmar Gabriel.

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