Sinwar, si noir…

Le Boucher de Khan Younès n’avait vraiment rien à envier au Boucher de Lyon, qui pourrait par certains côtés, sembler petit joueur, en comparaison du premier.

Commanditer un pogrom puis se terrer dans un dédale, quelle belle mentalité de « héros » et de « résistant » ! Foto: Y S IDF Spokesperson’s Unit photographer / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Présenté comme un résistant par la gauche mélenchoniste se disant laïque, mais courtisant les suffrages des fondamentalistes musulmans, de la même façon que l’extrême-droite courtise les fondamentalistes chrétiens toutes chapelles confondues, Yahya Sinwar, définitivement neutralisé mercredi dernier, était en réalité un tortionnaire à la mode « Totenkopf ». Pourtant, à en croire les tenants de « La Palestine du fleuve à la mer », ce prétendu héros et réel organisateur du carnage du 7 octobre 2023, serait un martyr…

La guerre n’est ni propre ni juste, mais la paix, même fragile, restera toujours préférable au conflit armé. La politique de Benyamin Nétanyahu visant à opposer Hamas et Fatah en soutenant indirectement un mouvement terroriste, a une fois de plus démontré que n’est pas Machiavel qui veut. La population gazaouie vit actuellement un drame, comme elle n’en a jamais connu auparavant, et il faudrait être stupidement militant pour le nier. Mais cela ne doit pas faire passer à la trappe que le « résistant » Sinwar liquidait ses opposants en leur faisant préalablement connaître d’atroces souffrances.

Le Boucher de Khan Younès n’avait vraiment rien à envier au Boucher de Lyon, qui pourrait par certains côtés, sembler petit joueur, en comparaison du premier. Arrêté pour activités islamiques en 1982, Yahya Sinwarfut incarcéré à trois reprises, pour sortir de prison en 2011 après avoir connu au total vingt-deux ans d’incarcération, au cours desquelles il s’est non seulement radicalisé, mais aussi construit une stature de caïd. Ce qui lui a permis de faire son chemin au sein du Hamas, mouvement islamo-nationaliste dans lequel il était devenu quasiment suicidaire de le contredire.

Les Palestiniens lambda, comme tous les peuples otages de guerres menées en leur nom par ceux qui les gouvernent, aspirent à vivre en paix et il en va de même pour les Israéliens lambda. Cette guerre n’est pas tant un conflit géopolitique israélo-palestinien remontant à 1948 et même avant, que la confrontation de deux incommensurables égocentrismes doctrinaux, conduisant certains êtres humains à renoncer à toute humanité. La doctrine de la préservation et l’expansion du « Lebensraum » n’est pas nouvelle, et elle décrit bien les menées de (trop) nombreux décideurs des deux camps.

Selon Jean-Luc Mélenchon, Yahya Sinwar était un personnage clef dans le processus de libération des otages du 7 octobre, alors que la torture psychologique de leurs familles est un moyen délibérément choisi par le Hamas pour les instrumentaliser. Tout comme la manipulation de la communauté internationale, afin de transformer les agresseurs en victimes et les agressés en bourreaux. Ce qui du reste, au regard des mobilisations étudiantes en Occident, marche très bien. S’il devrait y avoir un copycat de Machiavel, dans cette confrontation de deux incommensurables égocentrismes doctrinaux, ce serait plutôt Sinwar que Nétanyahu.

Faut-il encore écrire que l’architecte du pogrom du 7 octobre 2023 était, selon ce que rapportent certaines sources, connu pour enterrer vivant ses opposants, leur verser de l’huile chaude sur la tête, leur couler du ciment dans la gorge, les décapiter avec un couteau de boucher, notamment les Palestiniens souhaitant un rapprochement avec Israël ? Oui, il faut l’écrire, car cela le différencie d’un Machiavel et d’un Sun Tzu, qui avaient plus pour habitude de faire fonctionner leurs cellules grises pour avancer leurs pions sur l’échiquier d’un conflit, que de jouer du couteau de boucher. Qualifier ce bourreau sanguinaire de cerveau, revient à lui accorder bien trop de valeur.

En 2004, alors quadragénaire et détenu à Beer Sheva, il avait été sauvé d’un accident vasculaire cérébral (AVC) débutant, qui sans la réactivité du médecin dirigeant la clinique dentaire de la prison, lui aurait été fatal. Le détenu Sinwar avait par la suite remercié le docteur Bitton, affirmant aujourd’hui que confronté à une situation identique, il n’hésiterait pas un instant à sauver la vie du prisonnier. Elle est là l’humanité, pour ne pas dire la civilisation. Non, en cela que la civilisation serait l’apanage exclusif d’Israël et de l’Occident, pour reprendre la dialectique de Nétanyahu, mais par ce que dans cette terrible confrontation de deux incommensurables égocentrismes doctrinaux, certains individus savent rester humains, alors que d’autres renoncent à toute humanité.

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