SLOVENIE : et encore un !

Encore une brique pour le mur de la xénophobie institutionnelle européenne.

Une église SLovène bien connue Foto: Ales Gruden / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 3.0int

(MC) – La Slovénie, petit pays entre Autriche et Croatie d’une population à peu près équivalente à celle de l’Alsace, est membre de l‘UE depuis le 1er mai 2004. Elle a rejoint la zone euro et l‘espace Schengen en 2007 ; et elle est membre de l OTAN depuis le 29 mars 2004.

Cette république presque modèle, à l’économie prospère et à la Constitution presque suisse, avec de belles tendances à la démocratie directe facilitant la tenue de référendums, connaît cependant de nombreuses secousses politiques, surtout de 2010 à 2014 : 3 gouvernements renversés en 4 ans. En février 2014, le Parlement vote une motion de défiance contre le premier ministre (le «président du gouvernement») de centre droit, Janez Janša. La présidente par intérim du parti Slovénie positive, de centre gauche, Alenka Bratušek a alors été élue. Mais ici comme ailleurs naît une douloureuse contradiction entre les tendances idéologiques du parti et la nécessité supposée d’une politique de rigueur : lors de primaires anticipées, la même année, Alenka Bratušek démissionne à la suite de désaccords avec son parti.

C’est alors que le 13 juillet 2014, le parti de Miro Cerar, un juriste de centre gauche, remporte 36 sièges sur les 90 que compte l’Assemblée nationale. Le SMC (Parti du centre moderne) appuie beaucoup les efforts vers la compétitivité et l’économie, avec un certain succès. Mais Miro Cerar démissionne le 14 mars 2018, parce que la Cour constitutionnelle annule le résultat d’un référendum sur la construction d’une voie ferrée importante de l’Adriatique vers l’intérieur ; il s’agit en effet d’un projet essentiel pour le gouvernement.

Et voilà qu’en ce début juin 2018, Janez Janša arrive en tête des législatives avec 25 % des voix… Une brique de plus sur la muraille populiste et xénophobe qui continue à se dresser… Jusqu’où ? Dans le groupe de Visegrád, sorte de famille Simmons de l’Europe centrale, la Slovénie est le plus modéré de ces pays eurotrophes et eurosceptiques. Mais Janez Janša est un ami assez proche de Victor Orban, le grand méchant loup de la puszta. Né en 1959, Janša tient un discours assez violemment xénophobe et anti-migrants, à l’exemple de son maître spirituel hongrois. Pour Orban, Janša est « le garant de la survie du peuple slovène ». A la tête de son parti, le SDS, c’est bien ainsi que Janša se voit lui-même, en tout cas.

Dissident à l’époque socialiste, Janša pratique intensément la politique depuis l’indépendance de la Slovénie, cette indépendance qui a été la première de toutes les républiques yougoslaves, acquise au prix d’une dizaine de jours de combats contre l’armée yougoslave (et par conséquent serbe, à cette époque là où toutes les républiques ont commencé à rompre les liens qui ficelaient tant bien que mal la vénérable république fédérale de Tito).

Mais Janez Janša est aussi un revenant. Président des ministres (c’est-à-dire Premier ministre) de 2004 à 2008, puis en 2012 et 2013, il a été condamné pour corruption (d’où la brièveté de son second mandat…). En 2014, il a dû honorer de sa présence la prison de Ljubljana, et cela, pendant plusieurs mois. Voilà un motif compréhensible de la surenchère anti-migration que pratique ce vieux renard depuis lors : sortir du gnouf.

Ah, l’utilité inappréciable du bouc émissaire étranger-migrant !

Mais Janez Janša et son SDS ne gouvernent pas encore. En effet, il leur manque un nombre important de voix face aux sociaux-démocrates et leurs alliés, le parti des retraités (DeSUS). Janša ne peut espérer qu’en l’apport du parti Nouvelle Slovénie, environ 7 % des voix. Un parti beaucoup plus important électoralement (environ 31%), celui de l’indépendant Marjan Sarec, refuse de s’allier au très droitier SDS.

Reste donc un sérieux espoir que l’élan des populistes européens vers le Ciel des beaufs populistes souffre une panne de moteur et s’enraie.

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