Slovénie : Violeta Tomic mènera la Gauche européenne

Les gauches et le Parti de la Gauche européenne

Violeta Tomic à Ljubljana Foto: MZaplotnik / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Le Parti de la Gauche européenne a choisi pour tête de liste, avec le syndicaliste belge Nicolas Cué, la députée slovène Violeta Tomič. Une candidature intéressante à plus d’un titre.

La Slovénie, c’est un pays de 2 millions d’habitants plus petit que la Bretagne et plus grand que l’Alsace ; c’est la partie la plus septentrionale de l’ex-Yougoslavie. Elle a fait partie de l’Empire des Habsbourg durant 5 siècles, jusqu’en 1918. Ce qui explique la grande proximité de la mentalité collective de ce peuple avec celle des Autrichiens. La Slovénie est devenue indépendante avec la dissolution de la Fédération de Yougoslavie après dix jours de conflit armé, en 1991. Elle a fait son entrée dans l’Union européenne et dans l’OTAN au printemps 2004.

La gauche est relativement nombreuses et puissante à Ljubljana et dans l’ensemble du pays. C’est que la Slovénie, de 1991 à 2008, a fait figure de modèle de transition d’une économie « socialiste » à un libéralisme tempéré. Mais la crise de 2008 a balayé une bonne partie des espoirs (des illusions?) de prospérité capitaliste de la population, en un premier temps du moins. Le gouvernement prend alors des mesures d’austérité, très impopulaires ; et en novembre 2012, Boris Pahor, social-démocrate, devient président de la République. A cette époque, quelques scandales secouent le pays : le premier Ministre SDS (centre droit), Janez Janša, est pressé de démissionner pour avoir « omis » de déclarer, le gredin, la somme de quelque 280 000 euros, et le maire de Ljubljana, ex ministre de l’Intérieur, est soupçonné de blanchiment d’argent. Pas très grave au regard de ce qui se passe à cette époque au Sud, en Serbie…

Sans doute le ressentiment à l’égard de 45 années de « communisme » est-il moins grand que dans les autres parties de l’ex-Fédération, et par conséquent, le mouvement vers une gauche protestataire, plus rapide, à cause précisément de la réussite relative de la transition et des méconvenues qui s’en sont suivies.

En tout cas, le parti auquel appartient Violeta Tomič se positionne de façon assez dogmatique, quelque part entre les Insoumis et les anciens partis communistes quasi-orthodoxes, et plutôt à l’extrême-gauche qu’à gauche : les sites de ses membres portent les marques de soutiens au Vénézuela famélique de Chavez ou à la sainte mémoire de Che Guevara, notamment. Ce positionnement marque l’ensemble du Parti de la gauche européenne auquel appartient Levica, d’ailleurs ; rappelons que le président en est Gregor Gysi, admirable orateur et ancien apparatchik de la SED qui gouvernait la RDA – et dépositaire de quelques-uns de ses secrets les plus troublants.

Violeta Tomič, comédienne, est âgée de 56 ans, fille d’un artiste bosnien et d’une mère slovène . Elle a travaillé au Théâtre de Ljubljana, puis pour la télévision slovène ; ensuite, elle a fondé son propre théâtre en 2004. Les années suivantes la voient fonder une coalition de partis de gauche, l’Alliance de la Gauche Unie, puis intégrer la fusion des partis de cette Alliance, qui deviendra Levica (“La Gauche”) en juin 2017. C’est Luka Mesec qui dirige ce nouveau parti.

Par la suite, Violeta Tomič devient rapporteure pour la communauté LGBT au Conseil de l’Europe. Quoiqu’on puisse penser de ce Parti de la gauche européenne et de son idéologie à la fois orthodoxe et utopiste qui est exposée en détail dans son Manifeste, on peut se féliciter de voir, outre un syndicaliste comme Nicolas Cué, une femme issue d’un pays d’Europe de l’Est à sa tête. Comme le déclare le parti : « Une autre Europe est possible. C’est une Europe démocratique, une Europe de la solidarité et de la coopération pour laquelle nous nous battons. Une Europe des citoyens, et non du capital ! ». Le groupe auquel appartient le parti la Gauche européenne, c’est-à-dire la Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) représente moins de 8% de l’ensemble des 751 députés du Parlement européen.

Certes, on peut cependant regretter un fractionnement et une surenchère des gauches aux prochaines élections européennes des 23 au 26 mai prochains. Pourtant, il serait insincère de balayer sous le tapis les différences réelles qui apparaissent assez clairement entre les gauches du continent européen. L’essentiel reste pourtant de voter contre l’injustice sociale et pour une Europe nouvelle et plus démocratique, non ? Si.

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